Echo Bruit n°134 - page 38

Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
36
le magazine de l’environnement sonore
Mise en œuvre des stratégies
Faire face à la malentendance a un coût que le guichet médical
prend mal en charge : après remboursement de la sécurité
sociale et d’une complémentaire santé moyenne, 50 à 80 %
du coût des prothèses restent à charge, et 100 % des aides
techniques.
Pour les personnes en activité professionnelle, une prise en
charge quasi totale est possible, en s’adressant au guichet
social du handicap, sans critère de revenu.
Toute personne rencontrant des difficultés dans son travail
(ou pour en trouver un) du fait de problèmes d’audition doit
demander la reconnaissance de la qualité de travailleur
handicapé (RQTH) à la Maison Départementale des Personnes
Handicapées (MDPH). Quel que soit le niveau de la baisse
d’audition, c’est parfaitement légitime à partir du moment où
la malentendance menace la vie professionnelle et engendre
fatigue, stress et risque d’inaptitude. Il vaut mieux accepter la
reconnaissance administrative que de risquer de se retrouver
réellement handicapé en refusant la prise en charge que la
société nous doit pour rester en activité professionnelle et
sociale !
Témoignages de deux salariés d’ESSILOR
La mission Handicap d’ESSILOR a mené fin 2010 une
opération de sensibilisation sur les problèmes d’audition
avec « Vie Quotidienne et Audition » : journée de formation
pour le service santé au travail, le service social et les
correspondants handicap. Cette journée a été suivie par des
journées de sensibilisation destinées à tous les salariés de
quatre sites franciliens : écoute d’un simulateur d’audition,
présentation de dispositif de communication, exposition,
conseils personnalisés…
Début 2011, sept salariés (appareillés ou non) ont bénéficié
d’entretiens individuels. En particulier, cela a aidé deux
d’entre eux à se faire équiper.
Mme. X, cadre de 45 ans, a une baisse d’audition considérée
comme « légère », avec une perte moyenne de 32,5 dB,
principalement dans les fréquences aiguës. Travaillant à
l’international, elle ressentait une gêne grandissante dans
les réunions et communications téléphoniques, surtout en
anglais. Elle a d’ailleurs repris des cours d’anglais pensant
que son niveau avait baissé. De plus en plus stressée, elle
s’inquiétait sur son avenir professionnel. Ce stress se
répercutait sur sa vie familiale. Les échanges ont abouti à
l’achat d’un appareillage bilatéral avec contour d’oreille à
écouteurs déportés. Cela lui permet d’utiliser un casque
binaural pour son travail au téléphone. En quelques
semaines, elle a retrouvé la sérénité professionnelle grâce
à ses équipements… mais aussi parce qu’en parlant de son
problème auditif, elle l’assume mieux et ne se bloque plus.
M. Y a une malentenance plus accentuée d’un coté. Il avait
la hantise des réunions où une gymnastique permanente de
sa moins mauvaise oreille ne suffisait pas à lui assurer une
bonne intelligibilité. Trois mois après l’appareillage d’une
oreille, alors qu’il sortait d’une réunion, il arrive détendu
au rendez-vous. Lui demandant comment s’était passé la
réunion, il répond : « Je n’y ai même pas pensé avant ». Il va
aussi utiliser un casque téléphonique.
Tous deux ont vu l’ensemble de leurs équipements pris en
charge grâce une reconnaissance de la qualité de travailleur
handicapé (obtenue en 3 semaines).
Ces deux personnes démontrent qu’il faut dépister
précocement et agir rapidement. Cela permet la meilleure
compensation.
30 ans de galère…
M. Z, 57 ans, est VRP. Il a été appareillé en 1981 avec des
prothèses intra auriculaire sans aucune information ni sur les
aides techniques, ni sur les possibilités de financement, ni
sur la lecture labiale !
Pour son métier de représentant, la communication est vitale:
- en contact individuel avec les clients en magasin dans des
ambiances sonores aléatoires,
- au téléphone avec les clients et le siège de la société
pendant les déplacements,
- en réunions avec les clients ou l’entreprise.
Son audition a continué à baisser pour atteindre en 2010 un
niveau sévère (63 à 73 dB de perte). Sa situation relevait du
funambulisme aggravé : fatigue permanente, stress lié à une
attention mobilisée de manière excessive et permanente.
Il a enfin décidé de revoir complètement sa situation :
- demande de RQTH pour bénéficier des financements MDPH
et AGEFIPH
- analyse de ses situations de communication et préconisation
des outils de compensation : prothèses en contour d’oreille
avec programme T, raccord boucle magnétique pour portable,
micro HF pour réunions/télévision et enfin téléphone fixe
composé d’un combiné 2 postes avec capsule magnétique
(base filaire et combiné sans fil).
Son dossier a été traité en moins de 3 mois. Grâce à ses
nouveaux équipements, il a retrouvé de bien meilleures
conditions de communication. Toute sa famille profite d’une
personne moins fatiguée et moins stressée. Le financement a
été quasiment total.
n
1...,28,29,30,31,32,33,34,35,36,37 39,40,41,42,43,44,45,46,47,48,...68
Powered by FlippingBook