Echo Bruit n°134 - page 46

Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
44
le magazine de l’environnement sonore
au comportement bruyant de certains travailleurs provenaient
d’un membre d’une autre équipe. En effet, quand il était
observé une absence de plainte, l’espace était généralement
occupé par une équipe unique et la porte de la cafétéria était
alors munie d’une affichette « merci de fermer doucement la
porte ». En ce qui concerne le claquement de la porte d’entrée,
ces portes étaient destinées à un compartimentage incendie
et pas à des fins de contrôle d’accès. Enfin, une large part des
équipes de travailleurs provenait de bureaux cloisonnés, et
nécessitait une éducation de base aux principes de la vie en
espace paysager.
D’une manière générale, le concept de bâtiment à haute
qualité environnementale avait conduit à des niveaux de bruit
de fond relativement bas. Si de tels niveaux sont agréables
dans un environnement cloisonné, ils ne permettent pas
de bénéficier d’un effet de bruit de masque permettant de
s’affranchir d’une éventuelle gêne due à des conversations
à l’intérieur de l’espace paysager. De plus, la quête
d’éclairement naturel n’avait pas permis d’introduire des
panneaux absorbants jouant aussi un rôle d’écran acoustique
à proximité des postes de travail.
Société d’ingénierie
Une grosse société d’ingénierie a pu regrouper ses services,
auparavant éparpillés sur plusieurs sites, dans un unique
bâtiment. Chaque étage était organisé sous forme d’espaces
paysagers comportant chacun 6 à 8 postes de travail, avec une
distance de 5 m entre postes. Une zone technique, délimitée
par des cloisons demi-hauteur, était située entre deux espaces
paysagers et abritait les imprimantes et traceurs communs à
deux équipes. Les plaintes relatives au bruit commencèrent
rapidement, et un diagnostic acoustique fut lancé.
Il s’est avéré que les niveaux de bruit de fond atteignaient
à peine 30 dB (A) dans les espaces, et les niveaux de bruit
ambiant sur 30 minutes n’étaient que de 45 dB (A).
Un questionnement du personnel a conduit aux constatations
suivantes : un premier travailleur trouvait l’espace agaçant
car il pouvait comprendre toute parole prononcée sur le
plateau, de plus il avait le sentiment que chacun de ses
mots d’une conversation téléphonique pouvait être compris
par tous les présents, enfin il sursautait à tout départ de
traceur ou d’imprimante. Peu de temps après le début de
l’entretien, ce travailleur remarqua qu’il avait longtemps été
en bureau cloisonné, de plus il ne pouvait plus supporter
de voir chaque jour un de ses collègues. Dans l’autre moitié
du plateau, les niveaux de bruit ambiant et de bruit de fond
étaient identiques mais les travailleurs étaient clairement
souriants. Questionnés sur leurs impressions, ils ont indiqué
que lorsqu’ils travaillaient en bureau cloisonné ils avaient
besoin d’au moins deux réunions quotidiennes pour se
tenir informés des derniers développements, alors que
maintenant il suffisait de faire signe aux autres collègues
pour se coordonner. Concernant le bruit provenant de la zone
technique, l’un d’entre eux indiqua au milieu des rires qu’il
n’avait plus besoin de se lever pour savoir si l’impression se
déroulait normalement!
Conclusions
Il y a tout autant de cas d’exposition au bruit dans les espaces
paysagers qu’il y a de type d’espaces paysagers. De fortes
différences existent entre chaque cas, et la problématique de
réduction du bruit correspondante est toujours spécifique,
du traitement acoustique de l’espace aux relations humaines
pour ce qui est des aspects liés à l’émission sonore.
En l’absence d’analyse du travail, il n’est pas raisonnable
d’espérer obtenir une réduction des niveaux sonores, et
surtout une amélioration des conditions de travail telles
que perçues par les travailleurs concernés. Il convient de se
souvenir que les espaces paysagers sont avant tout destinés
à accueillir des équipes, travaillant comme telles, et ne
constituent pas la meilleure des réponses à la problématique
de l’accueil des travailleurs individuels. En tout état de cause,
la vie en espace paysager s’apprend, et cet apprentissage
nécessite une maîtrise du comportement.
RÉFÉRENCES
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bureaux en espaces fonctionnels rentables » Conseil National de
Recherches Canada, NRCC-47311 (2004).
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3. AFNOR, « Acoustique – Bureaux et espaces associés – Niveaux et
critères de performances acoustiques par type d’espace », Norme NF
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4. Peutz & Associates: assessment reports, 2007-2010
5. J. Bradley, « Designing and Assessing Speech Privacy in Open-
Plan Offices », ICA2007, RBA-10-007-IP, Madrid 2007.
6. J.A. Veitch, K.E. Charles, G.R. Newsham, C.J.G. Marquardt,
J. Geerts: « Workstation characteristics and environmental
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8. C. Leviel, J.-L. Birembaux, « Diverse realities pertaining
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work conditions. The example of three small businesses,
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9. M. Asselineau, « Noise levels inside open space facilities – case
studies » ICSV18, paper 1541, Rio de Janeiro 2011
10. Ecophon’s International Acousticians Seminar 2011 – Workshop
Open Plan Office Acoustics, Bastad September 2011
* Contact :
Marc ASSLINEAU
Peutz & Associés
10 B rue des Messageries
75010 Paris
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