Echo Bruit n°134 - page 40

Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
38
le magazine de l’environnement sonore
Les espaces paysagers, souvent appelés aujourd’hui
« espaces partagés » ou « espaces décloisonnés », peuvent
être utilisés à de nombreuses fins, allant de la simple activité
de bureau à des activités plus complexes de laboratoire ou
de centre de commandement. Le déroulement de ces activités
peut tout aussi bien impliquer de fréquentes interactions
entre les occupants des lieux que des travaux nécessitant
une concentration intellectuelle sans échanges entre les
occupants. Dans ces conditions, comment caractériser
l’acoustique des lieux?
Au fil des ans, les espaces paysagers se sont souvent avérés
populaires chez les gestionnaires immobiliers et directeurs
d’entreprises. Ils permettent de limiter la surface nécessaire
par poste de travail, et de stimuler l’esprit d’équipe
1
.
Néanmoins, les espaces paysagers ont la réputation d’être
bruyants et fatigants, et souvent les usagers se plaignent
du bruit autour d’eux (par exemple les collègues parlant au
téléphone ou entre eux, les imprimantes et autres traceurs
ronronnant, les portes claquant), souvent en insistant sur la
compréhension des conversations tenues par des collègues
provoquant un réel dérangement
2
.
Mais, alors que certains utilisateurs se plaignent du bruit
des conversations et souhaitent la présence d’un bruit de
masquage, ou à tout le moins l’obtention d’une meilleure
discrétion, certains usagers notent qu’ils éprouvent des
difficultés de compréhension de leurs collègues et souhaitent
une meilleure intelligibilité des conversations de leurs voisins
immédiats! C’est là l’un des nombreux paradoxes des espaces
paysagers.
Une question se pose donc : à quoi est destiné un espace
paysager ? On trouve des espaces à destination d’activités
de bureaux ordinaires (ne nécessitant pas d’échanges entre
travailleurs) mais aussi des centres de commandement et
régulation (dans lesquels se produisent souvent des échanges
animés) voire des centres d’appels.
Du coup, il faut se demander si l’on recherche plutôt
l’intelligibilité, ou au contraire la discrétion, puis il faut
chercher comment satisfaire ces objectifs.
Les espaces paysagers : pour quelle
utilisation?
Autant être clair : le motif premier de l’aménagement en
espace paysager est bien souvent économique : un travailleur
en espace paysager nécessite typiquement 8 à 10 m² de
surface de plancher, alors qu’un travailleur en bureau
cloisonné dispose d’au moins 15 m²
1
. C’est un bon argument
pour la direction de l’immobilier, sans se préoccuper des
activités poursuivies dans ces espaces.
De plus, un espace paysager permet une vision globale des
travailleurs s’y trouvant, ce qui peut s’avérer utile pour la
direction. Ce genre d’espace permet également une bonne
vision d’un tableau de visualisation central, ainsi qu’une
bonne conscience des actions des collègues travaillant
alentour.
Cela dit, de nombreuses activités peuvent théoriquement
être hébergées dans des espaces paysagers, pouvant aller
d’un groupe de travailleurs individuels (ne nécessitant
pas d’échanger verbalement des informations) à un centre
de décisions bourdonnant en permanence (dans lequel
les opérateurs doivent pouvoir écourter leurs collègues
et aussi être compris par eux). Le premier cas est souvent
la conséquence d’un regroupement de travailleurs qui
bénéficiaient auparavant du confort de leur petit bureau
L’acoustique des espaces
paysagers : quelques éléments
Marc ASSELINEAU,
Peutz & Associés*
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