Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
32
le magazine de l’environnement sonore
Les entretiens
Les entretiens ont été menés, après les mesures du bruit
et l’enquête par questionnaires, auprès de 11 salariés
volontaires, répartis entre les 3 espaces. Ils ont fait suite à la
proposition de port de casque binaural téléphonique. Il est à
noter que 4 volontaires n’avaient pas utilisé de casque.
Les enseignements des questionnaires
et des entretiens
Si le partage de l’espace est perçu positivement par un certain
nombre de salariés, presque tous soulignent l’importance des
perturbations liées au partage de l’espace, aux mouvements
et aux bruits induits. Sont en particulier visées les discussions
et interpellations à distance des personnes qui se voient.
Les fonctions professionnelles dans ces open space
nécessitent attention, concentration, réflexion. Il s’agit
souvent de tâches complexes demandant une réflexion
personnelle approfondie, ce qui peut inclure les appels
téléphoniques lorsqu’il s’agit d’échanger à propos d’éléments
techniques, les prises de décisions à responsabilités.
Les salariés évoquent des effets négatifs : effets du bruit
sur leur personne, ceux-ci se traduisant par des maux de
tête, une fatigue plus importante que d’ordinaire en fin de
journée et de l’irritabilité. Ces effets s’accompagnent d’un
accroissement du stress (pouvant quelques fois aller jusqu’à
la décompensation), et à une perte d’intérêt pour son travail.
Ces réactions rendent compte des efforts et de la fatigue
induite pour maintenir les performances.
La perturbation sonore intervient à plusieurs niveaux dans
l’audition et la compréhension :
• brouillage des paroles par les bruits environnants,
• rapport signal sur bruit à la limite de l’intelligibilité,
• cas spécial du téléphone en écoute monaurale où le
bruit entrant dans une oreille entraîne un travail mental
supplémentaire dû au déséquilibre des sons transmis par les
2 oreilles,
• distraction par l’émergence de mots qui viennent couper la
concentration et dévier l’attention
Certains salariés ont déclaré chercher à se couper du bruit à
l’aide de casques, ou d’écouteurs…
L’apport des casques téléphoniques
Plusieurs personnes ont remarqué une baisse significative
de la voix des collègues parlant fort lorsqu’ils utilisaient le
casque binaural.
Pour la personne téléphonant avec le casque binaural, il y a
deux effets positifs:
• auditif, par une meilleure intelligibilité de l’interlocuteur et
un amoindrissement de l’environnement sonore,
• extra auditif, en libérant les deux bras et en limitant ainsi les
effets musculo-squelettiques négatifs tout en augmentant la
mobilité par rapport à l’écriture et au clavier.
La mise en place pérenne de ce dispositif nécessitera un
accompagnement. Le principal point négatif évoqué étant le
lien du casque avec un poste filaire entravant la mobilité.
Les solutions proposées par les salariés
La principale proposition concerne le cloisonnement pour
assurer deux effets : coupure du bruit mais aussi coupure
visuelle pour limiter les interpellations à distance.
Ont été proposés également:
• la création de boxes pour s’isoler,
• l’amélioration du dispositif de casque en performance et en
simplicité d’utilisation,
• au-delà des solutions techniques, la pédagogie par la
création d’une charte du bien-vivre ensemble.
Cette démarche n’en est qu’à son démarrage. Elle a
volontairement été modeste et lente pour être portée par les
équipes. Elle a été bien accueillie par les salariés qui y voient
une reconnaissance et se sentent ainsi concernés.
* Travail co-animé par James Huchon et Jean Luc Mottais
(correspondant Sécurité et Correspondant Handicap de la Branche
Infrastructure).
n