Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
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le magazine de l’environnement sonore
• Expression de certains occupants des lieux en présence
de certains événements sonores, traduisant bien leur
état d’esprit par rapport à certaines situations (sonnerie
prolongée du téléphone, conversations de certains collègues,
en particulier sur un téléphone portable).
• Expression de certains occupants des lieux face à certains
collègues : à ce stade ce n’est plus de l’acoustique mais des
relations humaines, et il est illusoire de vouloir résoudre les
problèmes du premier volet sans s’attaquer au second… ce
que l’acousticien ne peut pas faire tout seul.
Quelques questions…
L’intelligibilité des conversations peut également constituer
un paramètre intéressant, dans la mesure où la gêne
ressentie par les occupants dépend fortement de leur
compréhension des conversations et messages sonores qui
ne leur sont pas destinés. L’intelligibilité des conversations
dépendant essentiellement du rapport signal (de parole) sur
bruit (de fond), se pose une question de fond : le niveau de
bruit de fond à prendre en compte est-il celui du local vide,
ou celui du local occupé (les conversations lointaines non
intelligibles contribuant alors au bruit de fond) ? À ce stade,
les spécialistes sont quelque peu divisés sur la question
10
.
Réduction du bruit dans les espaces
paysagers
La première question à se poser est bien évidemment: y a t-il
lieu de réduire les niveaux sonores (et inévitablement: quels
niveaux sonores?). Les niveaux de bruit de fond jouent un rôle
de bruit de masque pour les conversations non nécessaires au
déroulement de la tâche
3
. Cependant, plusieurs guides sur la
haute qualité environnementale proposent des objectifs de
bruit de fond assez bas, ce qui peut ultérieurement conduire
à des problèmes d’utilisation
4
.
Les niveaux de bruit de fond dans un espace paysager
proviennent des contributions sonores suivantes:
• Bruit généré dans l’environnement extérieur et transmis à
travers les façades dans l’espace du bâtiment considéré.
• Bruit généré dans les espaces voisins à l’intérieur du
bâtiment et transmis à travers l’enveloppe de l’espace
considéré.
• Bruit généré à l’intérieur de l’espace considéré par les
équipements techniques du bâtiment.
• Bruit généré dans l’espace considéré par les équipements
de travail s’y trouvant (par exemple ventilateurs de
refroidissement des équipements, imprimantes et
traceurs, etc.).
• Bruit généré dans l’espace considéré par ses occupants.
Toutes ces contributions doivent évidemment être bien
équilibrées, faute de quoi des plaints sont susceptibles
d’apparaître. Une valeur globale comprise entre 38 et
45 dB (A) est fréquemment considérée
5
. De plus, certains
bruits peuvent être interprétés de diverses manières et plus
facilement donner lieu à une gêne spécifique (par exemple le
chien aboyant à l’extérieur ou un certain collègue s’esclaffant
bruyamment). Il n’est pas rare que les opérateurs supportent
mieux leur propre bruit (par exemple le bruit de l’imprimante
lorsque ce sont eux qui ont lancé l’impression) que celui
des autres (par exemple le bruit de la même imprimante
lorsque c’est un collègue qui a lancé une impression). Cette
divergence d’interprétation est particulièrement marquée en
présence d’individualités qui ne sont pas identifiées comme
appartenant au même groupe.
Il convient d’être conscient que l’acoustique ne constitue
qu’une partie du problème. Il est nécessaire de prendre en
compte la circulation à l’intérieur de l’espace, l’éclairement
naturel et artificiel, et une ventilation adaptée. Enfin, il
ne faut pas sous-estimer le facteur humain, et ce tout
particulièrement avec des personnels ayant récemment
migrés depuis des bureaux cloisonnés vers des espaces
partagés. Certains chercheurs utilisent le vocable « perte du
cocon personnel » pour décrire les situations de personnes
perdues dans un espace paysager
6
.
Quelques exemples de cas
Dans ce chapitre, sont présentés quelques cas illustrant la
diversité des situations du bruit en espace paysager. Ce n’est
qu’un petit échantillon de situations couramment rencontrées
dans la vie quotidienne d’un ingénieur conseil en acoustique !
Centre de secours
Les secours peuvent nécessiter l’intervention des pompiers
pour un incendie ou celle de personnel médical pour un
accident. De plus, il n’est pas rare que les personnes
présentes appellent plusieurs fois les secours, au risque de
monopoliser les ressources disponibles.
Pour faire le tri dans les demandes d’intervention et organiser
au mieux les secours, il est aujourd’hui courant de traiter ces
appels au niveau d’un « centre de secours ». Un tel centre
est typiquement organisé sous forme d’un espace paysager
comportant plusieurs bureaux spécialisés : un « frontal »
occupé par un pompier et un médecin prend en charge les
appels entrants et, en fonction du problème, oriente l’appelant
vers l’hôpital ou le médecin le plus proche, ou transfère
l’appel au bureau spécialisé du service (pompiers pour les
incendies et situations dangereuses, infirmiers pour les
empoisonnements ou les blessures légères, médecins pour
les dommages humains sérieux). Ces bureaux questionnent
l’appelant pour déterminer l’étendue du problème tout en
localisant l’équipe d’intervention adaptée la plus proche.