Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
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le magazine de l’environnement sonore
bénéficiaires de formations d’ingénieurs pures et dures ont du
mal à comprendre. De façon plus grave, en tant que praticiens
souvent responsables de conduites de projets immobiliers, ils
peuvent avoir tendance à l’ignorer et à passer ainsi à côté de
l’essentiel en matière de gestion des ressources humaines et
de performance au travail.
État des « lieux » des salariés au bureau
Un premier résultat de l’enquête, aussi important qu’inattendu
et contraire à la représentation qu’on pourrait s’en faire en
raison de l’importance qui est accordée au sujet dans la vie
courante, est que le travail dans des bureaux ouverts - les
open space -, est très fortement minoritaire quel que soit
le statut – salarié de droit privé, fonctionnaire, travailleur
indépendant-, le secteur d’activité ou la taille de l’institution
employeuse. Qualifiés dans l’enquête de « bureau paysager
ou d’espace ouvert » et regroupant dans un même espace de
travail plus de quatre personnes, ils ne représentent, en effet,
que 14 % des espaces de travail des répondants contre 40 %
constitués par des bureaux individuels et 41 % par des petits
bureaux collectifs abritant deux à quatre personnes.
Les « bureaux paysagers » ne
représentent que 14 % des espaces de
travail.
Les open space dominent le marché de
l’aménagement des espaces de travail
que depuis la fin des années 2000.
5 % des répondants déclarent ne pas
disposer d’un « bureau dédié ».
Cet écart s’explique aisément par les âges des immeubles de
bureaux, lesquels sont relativement élevés et correspondent
à un type d’aménagement où dominait le bureau fermé, tandis
que la recherche d’économies ou plus simplement le manque
de place au regard d’une croissance d’effectifs, a souvent
conduit à entasser plusieurs personnes dans un « grand
bureau » initialement dédié à une seule. Le phénomène de
l’open space, tel qu’il est conçu aujourd’hui, est en effet
relativement récent et on peut considérer qu’il ne domine le
marché de l’aménagement des espaces de bureau que depuis
la fin des années 2000
2
.
Un autre résultat surprenant en la matière est que 5 %
des répondants ont déclaré qu’ils ne disposaient pas
d’un « bureau dédié », traduisant ainsi une présence déjà
2 On retrouve ici le problème des raisonnements qui confondent les
stocks et les flux : si en stock, les bureaux individuels et les bureaux à
quelques uns dominent, en flux, ce sont incontestablement les bureaux
ouverts associés à des bureaux collectifs à quelques uns, qui dominent
aujourd’hui, ce qui explique le fait qu’ils focalisent l’attention.
significative d’aménagements liés au nomadisme. Il renvoie,
en effet, à l’idée d’un travail « multilocalisé » ne justifiant
plus l’existence d’un espace de travail dédié en permanence
et justifiant des postes de travail partagés. Cette idée est
renforcée par le fait que les répondants déclarent à raison de
33 % que parmi les espaces collectifs figurent des bureaux en
libre-service.
Enfin, il est à noter, que toujours parmi ces espaces collectifs,
si l’existence de salles de réunions plus ou moins grandes
est classiquement mentionnée dans la plupart des cas,
la présence « d’espaces de détente, espaces lounge » est
indiquée dans 45 % des cas, ce qui paraît très élevé au regard
des sentiments habituels.
L’espace de travail comme élément du
bien-être au travail
Trois domaines de réflexion sont à prendre en considération
à ce stade : l’importance de la qualité de vie au travail ; ses
éléments constitutifs; et la place de l’espace de travail dans
ce qui constitue le quotidien des salariés.
• L’importance de la qualité de vie au travail
À la question de savoir ce qui est le plus important dans son
travail, plus de la moitié des répondants (53 %) a classé en
premier lieu l’intérêt de leur travail, loin devant la qualité
de vie au travail qui avec 38 % des répondants devance de
très peu le niveau de rémunération (37 %), tandis que la
localisation géographique et les responsabilités ne viennent
qu’aux quatrième et cinquième rangs, citées par un quart des
répondants.
Une comparaison suivant les catégories professionnelles et
les genres fait apparaître tout à fait logiquement, compte tenu
des caractéristiques sociétales françaises, une survalorisation
de l’intérêt du travail dans les catégories professionnelles
« supérieures » par rapport aux autres et une survalorisation
de la qualité de vie au travail, chez les femmes par rapport
aux hommes (45 % contre 31 %) et surtout chez les personnes
seules, au foyer (49 %). De tels résultats montrent combien les
Français, alors qu’on les accuse souvent avec les 35 heures de
privilégier le loisir, sont attachés à leur travail et en attendent
beaucoup. L’intérêt au travail est d’autant plus grand que le
contenu de celui-ci est riche et offre du sens. Ces résultats
permettent de comprendre, a contrario, pourquoi les Français
expriment leur mécontentement face aux évolutions actuelles
de leur travail qu’ils jugent de plus en plus stressant et vide
de sens
3
.
3 Sur ces points on pourra se reporter aux enquêtes d’opinion
régulièrement réalisées auprès des salariés, par exemple par Opinion
Way pour : En ligne pour l’emploi 20 minutes.