Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
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le magazine de l’environnement sonore
• Les éléments constitutifs de la qualité de vie au
bureau
Si on se focalise sur cette qualité de vie au bureau pour mieux
en cerner ses composantes fondamentales, on peut constater
que la relation avec les collègues est largement plébiscitée.
Avec 84 %, cette relation est celle qui contribue le plus à la
qualité de vie au bureau, loin devant l’espace disponible
pour travailler qui est mentionné par 48 % des répondants
4
.
Elle arrive également très loin devant l’absence de bruit et la
qualité de l’aménagement de son bureau qui ne recueillent
respectivement que 28 % et 27 % des suffrages.
Un tel résultat montrer l’importance de la qualité des relations
sociales dans la qualité de vie au bureau. Cette qualité est
d’autant plus importante que les formes « modernes »
d’organisation du travail, délaissant les organisations
bureaucratiques jugées pas assez performantes, tendent
à privilégier des organisations en équipes où prédominent
des exigences de coopération. Il montre, également, la
dépendance des espaces ouverts de travail à la qualité des
ambiances sociales de travail. Il révèle, enfin, la pertinence
des démarches gestionnaires qui s’appuient sur des
interdépendances entre des formes d’organisation du travail,
des modes de gestion des ressources humaines et des
aménagements des espaces de travail, pris dans un tout perçu
de façon ontologique.
L’absence de bruit arrive très largement
en tête de la qualité du cadre physique
de travail
Si on revient à la place que tient le bruit dans les éléments
constitutifs de la qualité du cadre physique de travail, on
constate que son absence, avec les 28 % déjà signalés, arrive
très largement au premier rang de ces éléments, loin devant
la qualité de l’éclairage (14 %), l’état du mobilier de bureau
(13 %) et la climatisation (11 %). C’est dire son importance
relative, tandis que la prise en compte de cette importance
est d’autant plus nécessaire que les espaces de travail
sont ouverts, les sources de bruit pouvant y être multiples,
autant sociales, liées aux comportements des occupants que
physiques, liés aux équipements ou aux aménagements,
comme par exemple la configuration des espaces de
circulation et leurs modalités d’usage.
Par rapport à ces résultats globaux, les salariés des
entreprises de moins de 10 salariés (les TPE) se déclarent
moins préoccupés par leur qualité de vie au travail ainsi
que par les relations qu’ils ont avec leurs collègues (69 %
4 On notera que ces espaces de travail sont survalorisés par ceux qui
travaillent dans des bureaux individuels et, encore plus, par ceux qui
travaillent dans les toutes petites entreprises, ces TPE qui font moins de
10 salariés
pour 84 % en moyenne), et bien plus par les espaces dont
ils disposent pour travailler (63 % pour 28 % en moyenne).
Ces résultats laissent penser qu’il y règne de meilleures
ambiances de travail que dans les entreprises les plus
grandes, mais que, par contre, les m
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y sont rares. De même,
avec 55 % de réponses favorables, ceux qui travaillent dans
des bureaux individuels mettent plus en avant que la moyenne
(48 %), l’espace dont ils disposent pour travailler
• L’espace de travail comme déterminant du quotidien
des salariés
De nombreux débats tournent autour de la question de
savoir si la qualité de l’espace de travail et donc les niveaux
d’attention et d’investissements consacrés à cette qualité,
ont une influence sur l’efficacité et la motivation des salariés,
les deux étant généralement liées. On sait combien ces
débats sont animés et contradictoires dans la mesure où la
« preuve scientifique » d’une corrélation forte entre qualité
des espaces de travail, bien être au travail et influence sur
l’efficacité et la motivation - donc les résultats économiques -,
est difficile à établir
5
. Il était donc particulièrement intéressant
de recueillir l’opinion des intéressés sur ces sujets. Or, il
ressort de l’enquête que ces derniers jugent massivement
important (pratiquement trois quarts d’entre eux et plus) non
seulement l’influence de la qualité de l’espace de travail sur
leur bien être, mais aussi, sur leur efficacité et leur motivation
Un résultat complémentaire de l’enquête est que les
impacts des espaces de travail sur ces trois dimensions
sont jugés d’autant plus forts que les rémunérations
de ceux qui travaillent dans des bureaux sont faibles et
leurs responsabilités plus limitées, ce qui montre leur
survalorisation chez les catégories professionnelles les plus
proches de la « base ».
• La prise en compte de la qualité des espaces de
travail par les entreprises
Un tel résultat est d’autant plus inquiétant pour les
gestionnaires de nos entreprises que, même si près des deux
tiers des répondants estiment que cette importance est prise
en compte « juste ce qu’il faut » par leur entreprise, un nombre
significatif d’entre eux (un tiers), a déclaré qu’elle ne l’était
pas suffisamment. De ce point de vue, tout à fait logiquement,
un clivage très net apparaît entre ceux qui sont satisfaits
des postes de travail et les autres puisque seulement 26 %
d’entre eux trouvent que cette prise en compte n’est pas assez
importante, contre 76 % chez les autres.
47 % des personnes travaillant dans des bureaux paysagers
estiment que la qualité des espaces de travail est
insuffisamment prise en compte par leur entreprise.
5 On rappellera que si l’administration d’une preuve positive est difficile,
par contre l’établissement d’une preuve inverse est relativement facile
dans la mesure où les coûts d’une desimplication au travail, mesurée par
exemple par des taux d’absentéisme sont facile à montrer