Diminuer la vitesse sur les rocades en ville
Autre alternative pour réduire les nuisances sonores en ville (en
plus de réduire la pollution et les risques d’accidents), la réduc-
tion de la vitesse sur les rocades est une solution efficace. Durant
la nuit et le jour, aux heures où la circulation est fluide, la limita-
tion de la vitesse offre des gains acoustiques substantiels.
Citons l’exemple du boulevard Périphérique de Paris où la vitesse
maximale autorisée est passée de 80km/h à 70 km/h en janvier
2014. Grâce à cette réduction de la vitesse, le bruit devait dimi-
nuer de 1,7 décibel pour les véhicules légers et 1,2 décibel pour
les poids lourds, ce qui équivaut à une réduction du trafic de 15%
à 20%. De plus, le traitement d’un tronçon de la rocade (10% du
périphérique) par un nouveau type de revêtement routier a permis
de réduire le bruit de 7 décibels, pour le plus grand soulagement
de 10 000 riverains.
Tous à vélo ou à pied
À vélo !
Méthode plus radicale pour lutter contre les nuisances sonores
liées aux voitures en ville, inciter les automobilistes à délaisser
leurs véhicules au profit d’un vélo ou de la marche à pied.
À Aix les Bains, la mairie subventionne depuis 2007 l’achat de
vélos électriques. Ainsi, en 2013, 300 vélos ont été ainsi sub-
ventionnés. Une initiative suivie par de très nombreuses villes
dont Paris qui offre 400 euros par vélo à assistance électrique
aux particuliers et à certains professionnels (coursiers, livreurs,
commerçants, etc.).
Autre exemple : à Arcachon, la ville offre un vélo par foyer aux
riverains. Alternative moins chère (128 euros par vélo de fabrica-
tion française) que les vélos en libre circulation qui ont essaimé
dans nombre de villes françaises.
Ces initiatives offrent non seulement une solution durable aux
problèmes de nuisances sonores mais sont aussi très avantageuses
en termes de santé et de création d’emplois. En effet, d’après une
étude de l’OMS, un million de chiffre d’affaires génère 10 emplois
dans le secteur du vélo, contre 2,5 emplois dans le secteur auto-
mobile.
Ainsi, si les villes européennes investissaient dans l’industrie du
vélo pour atteindre la part modale du vélo à Copenhague (plus de
la moitié des habitants s’y déplacent à vélo pour se rendre à leur
travail contre seulement 4% pour les Français), près de 80 000
emplois pourraient être ainsi créés.
À pédibus !
Initiative encore plus radicale, la ville de Bordeaux invite les usa-
gers à découvrir les bénéfices de la marche à pied pour des petits
déplacements quotidiens afin de désengorger certaines stations de
la ligne de tramway aux heures de pointe.
Lancée pour une durée d’un mois à partir de la mi-septembre 2014
dans le centre-ville de Bordeaux et sur la commune d’Eysines,
l’opération « Marche à suivre » devrait démontrer qu’un trajet à
pied est souvent plus rapide qu’en tram. C’est ce qu’ont montré
deux chercheurs urbanistes et paysagistes dans le cadre du pro-
jet mené par Forum Vies mobiles, en partenariat avec l’exploitant
Keolis et l’agence d’urbanisme de Bordeaux. Délivrer une infor-
mation claire et visible sur les temps de parcours à pied et en
tram incite les usagers à marcher lorsque le trajet est plus rapide
à pied. Selon les résultats de cette expérimentation, Forum Vies
mobiles fera dès la fin de l’année 2014 des propositions pour gé-
néraliser la marche à pied en lien avec les transports en commun.
Ces différentes initiatives dans le domaine de la mobilité per-
mettent de répondre, non seulement aux problèmes de nuisances
sonores, mais aussi aux problèmes d’embouteillage, de congestion
dans les transports en commun, de pollution atmosphérique et de
risques sanitaires dus au mode de vie sédentaire de nos sociétés
occidentalisées.
Livrer la nuit, un défi pour les villes
L’approvisionnement des centres-villes en marchandises est un
autre défi de taille : comment livrer sans nuire à la population
tout en limitant les coûts et l’empreinte écologique, en particulier
les gaz à effet de serre ?
À Paris par exemple, avec 360 000 livraisons quotidiennes, le bilan
écologique du secteur du transport de marchandises est alarmant :
50% de la consommation du diesel en ville, 30% des émissions de
C02, nuisances sonores, insécurité routière, accidentologie, pro-
blèmes de congestion en centre-ville, etc.
La solution ? Livrer la nuit ! Depuis une décennie, les livraisons
nocturnes ont montré leurs avantages sur les livraisons diurnes.
Elles permettent plus d’efficacité, une optimisation des flux et
une meilleure circulation le jour. Mais quid des nuisances sonores
liées aux livraisons nocturnes ?
Le label Certibruit
Le label Certibruit « Livraisons de nuit respectueuses des riverains
et de l’environnement » est né en 2012 de la collaboration entre
les professionnels de la livraison, des représentants de riverains,
des municipalités, ainsi que du CIDB. Il s’adresse autant aux en-
treprises de transport qu’aux entreprises gérant des restaurants
ou des magasins. À travers la charte « Livraisons de nuit res-
pectueuses des riverains et de l’environnement », les entreprises
labélisées Certibruit s’engagent à :
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Echo Bruit
Mieux vivre en ville
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014