Les matériaux à double compétence thermique
et acoustique
Les matériaux à double compétence thermique et acoustique sont
un sujet d’étude important depuis plusieurs années. Un rapport a
d’ailleurs été publié en 2009 par le CSTB afin de sensibiliser les
professionnels de la construction à ce sujet.
Il existe de nombreuses solutions constructives efficaces en
termes de performances acoustiques et thermiques mais elles sont
peu connues des architectes ou des bureaux d’études thermiques
qui, préoccupations énergétiques obligent, ont la charge des pro-
jets de rénovation. Malgré la réglementation qui impose de res-
pecter des normes acoustiques, les acousticiens sont encore trop
peu présents sur les projets d’habitation et par manque d‘informa-
tion et de compétences, de très mauvais choix peuvent être faits.
Par exemple, dans le cas de l’isolation thermique entre logements,
le polystyrène standard est communément utilisé alors qu’il dé-
grade la qualité de l’isolation acoustique. Dans la même famille, le
polystyrène élastifié répond, lui, aux deux exigences. Cette erreur
fréquente est d’autant plus regrettable que les systèmes construc-
tifs qui tiennent compte conjointement de l’acoustique et de la
thermique ne sont pas plus onéreux.
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Matériaux biosourcés et acoustique :
un marché marginal, mais appelé à se développer
Interview de Jean-Louis Beaumier, conseiller en acoustique dans
l’éco-construction
«
Certains matériaux biosourcés sont arrivés à maturité en termes
de tests, de connaissances et d’utilisation. C’est le cas de la paille
et surtout des produits à base de bois et de cellulose que l’on
connait depuis 30 ou 40 ans. Même s’il existe encore une grande
variabilité régionale, ces produits biosourcés sont de plus en
plus utilisés dans la construction non seulement dans l’habitat
individuel mais aussi au niveau du tertiaire et du logement
collectif. En témoignent la construction d’une habitation HLM de
huit étages en bois et paille dans les Vosges en 2013 ou le siège
de l’entreprise Ecocert à l’Isle-Jourdain dont le nouveau bâtiment
construit à partir de matériaux naturels (paille, bois et terre
essentiellement) sera l’un des plus grands bâtiments en paille
d’Europe.
Parallèlement au développement de ces matériaux aujourd’hui
bien connus, on assiste à l’émergence de produits complètement
nouveaux liés à l’auto-construction. Citons en guise d’exemples
la paille de lavande, les balles de riz, les copeaux de bois, les
roseaux ou encore le miscanthus. Tous ces produits, soumis
quelquefois à des effets de mode, sont actuellement utilisés de
manière individuelle et ne font l’objet ni d’études ni de mesures
thermiques et acoustiques, leur usage reste donc marginal et
expérimental.
Afin de remédier au manque de références techniques dans le
domaine des matériaux biosourcés et pour pouvoir répondre à
une demande croissante de la part des architectes et des bureaux
d’études, nous avons créé en 2013 un groupe de recherche sur les
systèmes performants de séparation d’étages en collaboration
avec l’association le Gabion, les Matériaux Verts et le bureau
d’études acoustiques LASA. Le collectif de recherche a ainsi réalisé
des tests acoustiques sur plus de 70 configurations de plafond et
plancher dont les résultats sont en libre accès sur le site du projet
de recherche
S’il est communément admis que les matériaux biosourcés sont
voués à un marc
hé restreint du fait de leur production limitée
ou de l’approvisionnement encore insuffisant par les filières de
récupération, leur utilisation dans le bâtiment pourrait donc
croître de manière significative. En effet, afin de satisfaire une
demande croissante en solutions constructives pérennes et
écologiques, un groupe industriel tel que Isover pourrait s’engager
davantage dans le développement de produits alternatifs
combinant à la fois des matériaux conventionnels et biosourcés
comme il l’a fait pour Isoduo, un matériau composé de 60% de
fibres de bois et de 40% de laine de verre. Grâce à une production
massive, le coût de fabrication pourrait alors atteindre des niveaux
équivalents à ceux des matériaux conventionnels.
Le surcoût généralement associé à l’utilisation des res
sources
écologiques pourrait donc disparaître. Sachant que la part de ce
type de matériaux est en France plus faible que dans d’autres pays
européens, le potentiel de croissance est donc intéressant. »
Echo Bruit
Innovations technologiques
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014