Echo Bruit - Hors-série - NOV2014 - page 42

Au 1
er
 février 2014, on dénombre :
88 Chartes écoquartiers signées (la signature de la charte est
la première étape de labellisation ; la collectivité entre alors
dans le « Club national EcoQuartiers », le projet est en phase
de conception)
32 projets engagés dans la labellisation (il s’agit de la deuxième
étape de labellisation, le projet est en phase de chantier)
13 projets labellisés écoquartier (dernière étape, le projet est
livré et correspond aux exigences du label)
Le bruit dans la démarche écoquartier
« Assurer un cadre de vie sain et sûr», « Mettre en œuvre une
qualité architecturale et urbaine qui concilie intensité et qualité
de vie », tels sont les termes des « engagements » 8 et 9 de la
Charte des écoquartiers en matière de nuisances sonores, olfac-
tives, lumineuses, électromagnétiques, etc. La qualité acoustique
d’un environnement ne se définit donc plus seulement en termes
de nuisances potentielles mais plutôt comme l’une des conditions
du « bien vivre ensemble ». Car le sonore implique l’humain dans
sa dimension corporelle (corps récepteur et émetteur de sons),
émotionnelle (accès à la part la plus intime et profonde de l’être)
et sociale (altérité et phénomènes de groupes). En conséquence,
la place de l’acoustique dans une ville ne peut se réduire à un rôle
de lutte contre les nuisances sonores mais devrait viser la qualité
environnementale d’un lieu de vie.
Pour parvenir à ce niveau de qualité, il est nécessaire d’intégrer la
problématique du bruit en amont des études. Car le coût engendré
par la réduction des nuisances sonores est bien supérieur au coût
d’aménagement urbain intégrant le bruit dès la conception des
projets.
De plus, si l’on intègre à ce coût financier les effets sanitaires et
sociaux qu’engendre une mauvaise prise en compte des nuisances
sonores, le bilan est loin d’être positif. Pour Laurent Droin, ingé-
nieur spécialiste de l’acoustique de l’environnement, le problème
réside principalement dans un manque d’information du public et
des collectivités locales. En effet, pour la majorité de la popula-
tion, le bruit est un problème intrinsèque à la vie collective ur-
baine. Une fatalité, une nuisance à laquelle on doit se soumettre,
faute de mieux. De plus, la plupart des gens entretiennent l’idée
qu’ils trouveront des solutions curatives quand cela sera néces-
saire. Ils ne voient donc pas l’importance de se préoccuper en
amont d’un problème qui ne s’est pas encore posé.
Même si l’acoustique est mieux appréhendée aujourd’hui qu’elle
ne l’était il y a vingt ans, un grand travail d’information et de
communication reste à faire auprès des collectivités locales pour
que la qualité acoustique soit prise en compte de manière sys-
tématique lors de la création d’écoquartiers ou à l’occasion de
l’aménagement de quartiers existants.
Zoom sur un écoquartier à Rennes
L’écoquartier de la Courrouze à Rennes est un projet urbain et en-
vironnemental particulièrement ambitieux. Construit sur une an-
cienne friche industrielle de 115 hectares dans une ZAC au sud-
ouest de Rennes, il a pour objectif d’accueillir 10 000 habitants
à l’horizon 2020. Le projet, conçu par Bernardo Secchi et Paola
Vigano, ainsi que par Charles Dard, a reçu le titre « Nature en ville»
du palmarès Écoquartiers 2011 du Ministère de l’Écologie et a été
retenu en 2013 par le Ministère du Logement et de l’Égalité des ter-
ritoires pour participer à la démarche de label national Écoquartier.
Dans le cadre du Club Décibel Villes, le CIDB a organisé en juin
2012 la visite de l’écoquartier de la Courrouze à Rennes. Des
professionnels issus d’horizons variés (urbanistes, acousticiens,
représentants des villes, universitaires, etc.) ont ainsi pu appré-
hender les défis acoustiques à relever dans ce type de nouveaux
quartiers durables.
À chaque écoquartier, ses défis acoustiques à relever. Afin de ré-
duire les nuisances sonores liées à la rocade et à la voie ferrée qui
longent ce nouveau quartier, les gestionnaires du projet ont opté
pour la construction d’espaces tampons tels des silos de parking,
le prolongement des murs antibruit existants et la réalisation d’un
belvédère végétalisé de 12 mètres de hauteur servant d’écran
acoustique. Faisant d’une pierre deux coups, ce belvédère a été
érigé à partir d’un résidu de 10 000 tonnes de terres polluées aux
métaux lourds dont on ne savait que faire. L’implantation du bâti
(emplacement, hauteur) a également été étudiée afin de minimi-
ser l’impact sonore des réseaux routier et ferroviaire existants. Un
exemple qui témoigne de l’importance de prendre en compte la
dimension acoustique d’un site dès la conception d’un projet. Il
en va de la qualité de vie des habitants et, par suite, du succès de
l’opération d’aménagement urbain.
40
La Courrouze en chiffres
> 115 ha de friches en reconversion dont 89 ha aménagés
et 40 ha d’espaces verts
> 10 000 habitants à terme pour environ 4 800 logements
créés, soit 495 000 m² de surfaces de plancher (SP)
>  3 000 emplois créés pour 100 000 m² de surface de
bureaux
 > Des commerces et services de proximité répartis dans
les différents secteurs ; soit environ 20 000 m² SP de
surfaces commerciales.
> Des équipements publics : écoles, métro, bus en site
propre, soit environ 30 000 m² SP.
 Echo Bruit
Mieux vivre en ville
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014
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