Réduire les nuisances sonores
liées aux transports
Dans le but d’améliorer la qualité sonore urbaine, rien de tel que de
réduire l’usage de la voiture en ville. Pour y parvenir, les solutions
sont simples : limiter la vitesse de circulation, limiter les aires de
stationnement, interdire la voiture dans certains quartiers, etc.
Déjà dans les années 1970, les villes travaillaient sur le concept
de rues commerçantes réservées aux piétons, comme en témoigne
la ville de Sceaux qui a été la première à mettre en place une rue
piétonne. Cependant, en dépit des zones piétonnes qui ont fleuri
partout en France au cours des 40 dernières années, la voiture en
ville reste une source majeure de nuisances pour les citadins, tant
à cause du bruit que de la pollution et des risques d’accidents.
Multiplier les zones apaisées
En réponse à une demande croissante de la part des habitants qui
aspirent à une meilleure qualité de vie en ville et à une mobilité
soutenable, les communes sont de plus en plus nombreuses à ré-
fléchir à l’aménagement de zones « apaisées », selon la terminolo-
gie utilisée par l’État. Celles-ci comprennent les zones 30 (vitesse
limitée à 30 km/h), les zones de rencontres (vitesse limitée à
20 km/h) dans lesquelles le piéton est prioritaire, et les zones
piétonnes, où les voitures roulent au pas, quand elles ne sont pas
interdites.
Parmi les villes les plus audacieuses en matière de réduction de
vitesse en France, citons Lorient qui a été une ville pionnière dans
ce domaine, Sceaux, Fontenay-aux-Roses ou Fontainebleau, ville
qui a imposé le passage de 50 à 30 km/h sans transition.
Parmi les pays européens, c’est aux Pays-Bas et en Allemagne
qu’on trouve le plus de zones apaisées. En effet, grâce à des sub-
ventions de l’État, 80% des rues urbaines au Pays-Bas sont limi-
tées à une vitesse de 30 km/h. Quant à l’Allemagne où est né le
concept de « zono30 », le pays bénéficie d’une antériorité favo-
rable. Berlin a pris une initiative intéressante, réduire la vitesse à
30 km/h la nuit afin de réduire les nuisances sonores au moment
où la population a le plus besoin de calme et de tranquillité. Deux
exemples difficiles à suivre dans notre pays où la culture de la
voiture reste forte malgré le déclin de l’industrie de l’automobile.
Les habitudes et les stéréotypes ont la vie dure !
Redonner vie aux villes à travers
les zones apaisées.
Interview d’Anne Faure, présidente de l’association
Rue de l’Avenir.
«
Il est urgent de replacer les habitants au centre des réflexions
sur l’espace public afin de vivre dans des villes plus sûres et
plus agréables. Promouvoir la qualité de vie urbaine via l’espace
public, au niveau de l’urbanisme et du débat citoyen, est donc
la mission de l’association. Même si nous ne pouvons les
quantifier – ce travail serait à faire à l’avenir – les bénéfices des
zones apaisées pour les riverains sont incontestables : le bruit
généré par la circulation est moindre du fait de la réduction
de vitesse, les véhicules sont moins nombreux en centre-ville,
les déplacements en transport en commun et en vélo sont plus
faciles, les espaces réservés aux piétons sont mieux organisés,
aménagés en fonction de leurs besoins, les accidents de la route
diminuent, les enfants et les personnes âgées sont davantage
en sécurité, le climat social est meilleur, etc.
Selon moi, le frein principal au développement des zones
apaisées dans les villes en France ne relève pas tant de
problèmes techniques, voire de moyens financiers, mais de
volonté politique. Les élus n’ayant pas toujours une idée juste
de la demande de l’ensemble des citoyens dans leur commune,
ils peuvent en effet remettre à plus tard les aménagements
d’espaces publics dont les électeurs ont pourtant besoin. Enfin,
on a beau aménager des zones apaisées, en l’absence d’une
règlementation permettant aux communes de limiter
indépendamment de l’État la vitesse à 30 km/h, quel que soit le
statut de la voirie, les nuisances sonores risquent de perdurer.
C’est à cette fin que notre association se mobilise actuellement.
Mais encore faut-il que les conducteurs de voitures et de deux-
roues respectent ces limitations
».
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Aix-en-Provence :
des oreilles à l’écoute de la ville
Dans le cadre de la mise en place de son observatoire
du bruit, la communauté du pays d’Aix a souhaité mieux
appréhender la perception des bruits de la ville par les
habitants. Soixante volontaires appelés sentinelles du bruit
ont été recrutés. Leur travail consiste à remplir tous les
mois un questionnaire permettant une identification des
sons de leur environnement : bruits des transports, bruits
humains, bruits naturels, activités de la ville. L’analyse
des données permet de suivre l’évolution des niveaux
sonores perçus, de la gêne ressentie et de l’utilisation des
espaces extérieurs. On constate ainsi que le bruit routier
limite bien souvent l’usage des espaces publics.
Echo Bruit
Mieux vivre en ville
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014