Cette politique bienveillante vis-à-vis des établissements qui pro-
gramment de la musique vivante va même plus loin : dans le cas
d’un bar qui organiserait des concerts jusqu’à 22h00 ou 23h00, la
ville fait preuve de tolérance et n’intervient que si des plaintes
pour nuisances sonores sont enregistrées. Si les nuisances sont
avérées, la ville peut en revanche demander la cessation des
concerts.
PARIS
L’art au service de la médiation nocturne
En 2010, la Mairie de Paris a convoqué ses premiers États Géné-
raux de la Nuit qui ont réuni plus de 1000 participants (citoyens,
associations de riverains, professionnels de la nuit, élus, etc.).
Lieu d’échanges et de partage de compétences et de connais-
sances, il en est sorti un ensemble de propositions pour construire
un « mieux vivre ensemble la nuit ».
Parmi ces propositions a figuré la création en 2011 d’un dispositif
de médiation : Les Pierrots de la Nuit.
Initiative innovante et originale, les Pierrot de la Nuit se dis-
tinguent des autres dispositifs de médiation nocturne par le
travail singulier des intervenants. Les Pierrot de la Nuit sont en
effet recrutés pour leurs compétences artistiques autant que pour
leurs qualités relationnelles. Mimes, danseurs, comédiens, clowns,
magiciens, marionnettistes, ils partent la nuit à la rencontre des
noctambules pour leur rappeler les règles de civilité dans l’espace
public. Une façon ludique de concilier le besoin de silence des
riverains et la dimension festive de Paris la nuit qui représente un
chiffre d’affaires consolidé de 1,4 milliard d’euros par an.
ANGERS
À la recherche de solutions consensuelles
En janvier 2013, la ville d’Angers a organisé une conférence de
la vie nocturne visant à impliquer les différents acteurs – élus,
préfecture, police nationale, établissements d’enseignement su-
périeur, bars et discothèques, conseils de quartier – afin d’ima-
giner de nouvelles initiatives pour mieux vivre ensemble la nuit.
Huitième ville universitaire avec 33 000 étudiants, la ville avait
pourtant mis en place différents dispositifs tels que la charte des
organisateurs de soirée, celle des bars et établissements de nuit,
le déploiement d’équipes de médiateurs dans les rues du centre-
ville, les Noxambules (à l’image des Noz’ambules de Rennes) ou
encore la réglementation de la vente et de la consommation d’al-
cool dans les espaces publics.
Face aux incivilités qui perduraient, la ville a mené la réflexion en-
core plus loin. C’est ainsi que la commune a invité ses partenaires à
signer une convention responsabilisant notamment les associations
étudiantes pour apaiser la vie nocturne. La ville réfléchit également
à l’ouverture de nouveaux lieux alternatifs pour les jeunes.
STRASBOURG
Une campagne de communication visuelle
À Strasbourg, la mairie, en partenariat avec les établissements
signataires de la Charte pour la Qualité de la Vie Nocturne (82
sur 86 établissements existants), a fait le choix de la sensibilisa-
tion du public à travers une campagne de communication visuelle.
Ainsi, trois campagnes d’affichage sur mobilier urbain ont eu lieu
au printemps, en été et à l’automne 2011. Des affiches ont été
également posées à l’entrée des établissements et 20000 sous-
bocks imprimés ont été utilisés par les exploitants tout au long
de l’année. En plus de la campagne visuelle, la mairie fait appel
à des médiateurs nocturnes qui ont circulé à travers la ville entre
0h00 et 4h00 pour demander aux noctambules les plus bruyants
de respecter le voisinage.
ORLÉANS
Une action radicale pour enrayer le rodéo à deux-roues
Que ce soit en banlieue parisienne, à Lyon, Orléans, Toulouse ou
au Havre, le rodéo à deux-roues – quads, motos ou scooters –
prend des allures de sport national. L’activité consiste à rouler à
grande vitesse, souvent sans casque, sur la roue arrière ou debout
en équilibre sur la selle. Au-delà du danger que cela représente
pour le conducteur et ses passagers (parfois trois sur un scooter)
comme pour les piétons et les voitures, les nuisances sonores sont
pour les riverains d’autant plus insoutenables que les rencontres
entre jeunes ont lieu souvent tous les week-ends.
Si la pratique n’est pas récente, elle participe à un sentiment d’exas-
pération de la part de la population qui reproche aux autorités de
ne pas intervenir. Car il faut bien avouer que la police est bien en
peine d’enrayer le phénomène. Ce n’est pourtant pas faute de ten-
tatives comme en témoigne la mairie d’Orléans, qui a carrément fait
détruire à la fourrière une dizaine de ces véhicules indésirables en
juillet 2014. Une solution peut-être radicale mais plus raisonnable
que le coup de fusil à plombs tiré sur un motard par un sexagénaire
du Havre au bord de la crise de nerfs en juin 2014.
Des propositions de lois au niveau national sont déposées réguliè-
rement à la demande de maires excédés. Elles proposent de saisir
les motos et, en cas de récidive, de les confisquer de manière
définitive.
35
Echo Bruit
Mieux vivre en ville
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014