Dans ce contexte de redéfinition des espaces-temps urbains, offrir
aux citoyens un cadre de vie pérenne et écologique au sens le
plus large du terme (recherche de qualité de vie au niveau sonore,
environnemental, social, économique, etc.) est un défi de taille.
À travers des exemples marquants, nous présentons certaines ten-
dances d’évolution des pratiques sociales et les réponses que les
villes y apportent. Preuve en est que les villes ont conscience de
l’impact de la pollution sonore et qu’elles œuvrent, à leur niveau,
pour améliorer la qualité de vie des citadins.
Gérer les bruits de voisinage
De nouvelles pratiques sociales
Les temps ont changé. On ne fume plus dans les cafés ni dans les
bureaux mais dehors au pied des immeubles ; on ne sirote plus
un verre au comptoir mais on boit dans la rue ou dans les parcs
jusqu’à tomber d’ivresse ; on ne sort plus à une seule soirée mais
on passe la nuit de lieux en lieux, de fêtes en fêtes, jusqu’au petit
matin ; on ne fait plus de virées à deux ou trois dans la voiture
de papa mais on se déplace en bande et on joue au rodéo à deux-
roues ; on ne gratte plus sa guitare entre amis mais on branche
son smartphone sur des enceintes miniatures et on met les basses
à fond. À croire qu’au fur et à mesure que la société impose des
réglementations, les ados et les jeunes adultes développent des
conduites dangereuses et bruyantes.
La population de plus en plus intolérante au bruit ?
Et parallèlement, la population vieillissante de nos sociétés occi-
dentalisées est plus exigeante en termes de santé, de sécurité et
d’environnement urbain, notamment sonore.
Cas paroxystique de réaction au bruit, le Japon où les jeunes sont
minoritaires (13,2% seulement de la population est âgée de moins
de 14 ans) est un cas d’école. En effet, au pays du soleil levant,
les enfants exaspèrent les adultes à tel point que les crèches,
haltes-garderies et centres sportifs finissent par devoir ériger des
murs anti-bruit pour ne pas déranger le voisinage.
Même tendance en Allemagne où les plaintes contre des crèches
se sont multipliées au cours de ces dernières années et où certains
lieux d’accueil de la petite enfance ont dû fermer leurs portes pour
cause d’enfants trop bruyants. Pour contrer cette escalade de l’in-
tolérance aux bruits des enfants, le Parlement allemand a adopté
en 2011 une loi visant à autoriser l’installation de crèches dans
les zones résidentielles. Réaction semblable en Suisse alémanique
où certains responsables communaux ont dû revendiquer en 2012
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Des initiatives
pour mieux vivre en ville
Avec la densification des villes, l’usage croissant des outils de communication
ainsi que la culture du web dans laquelle chaque citoyen est invité à prendre
part à son environnement, les schémas classiques d’aménagement des villes ont
volé en éclat. Les sphères de vie collective et de vie privée ne sont plus dissociées,
les commerces et services de proximité reprennent une place centrale, la mobilité
devient un enjeu crucial et le modèle du « tout automobile » est obsolète.
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Echo Bruit
Mieux vivre en ville
État de l’environnement sonore 2014
Numéro spécial