Echo Bruit n°134 - page 20

Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
18
le magazine de l’environnement sonore
Avant que n’existent les mesures « scientifiques », —
mesure des décibels — la seule appréciation du bruit
était son « non-agrément », son caractère désagréable et
nuisant, l’irritation (subjective) qu’il suscitait. La création
des premiers sonomètres, puis leur calibrage en décibels,
a permis de mesurer et d’objectiver les niveaux sonores et
surtout de corréler expositions aux bruits (intenses) et pertes
de l’audition, avec des affinements continus. Grand progrès
objectif dans la mesure du bruit et de ses impacts.
Mais corrélativement aussi, avec cette centration sur le
décibel, on a perdu un peu ou beaucoup des dimensions
subjectives et subtiles des appréciations en qualité du
confort sonore.
Il me semble qu’on a aujourd’hui une appréciation
insuffisante des différentes dimensions de la qualité d’une
ambiance sonore et de l’impact du bruit à la fois sur les
capacités de cognition, d’intellection, de travail intellectuel,
et sur l’ambiance en qualité de vie. Cette qualité de vie au
travail que nous devons porter haut, certes par souci de
la performance du capital humain, mais peut-être surtout
par visée éthique, et du devoir que notre responsabilité de
pilote d’entreprises doit au corps social des collaborateurs
de nos organisations.
C’est une piste de travail que j’aimerai vous suggérer pour la
recherche dans la mesure de la qualité d’ambiance sonore
dans les bureaux : aller au-delà du décibel, ré-ouvrir les
spectres de mesure, avec d’autres critères que l’intensité
sonore : les dimensions qui entrent dans l’appréciation
de la voix humaine, les harmoniques, la convergence des
vibrations, en dépassant les appréciations de perceptions
pour l’instant encore simplistes : gênants/pas gênants ;
tolérables/pas tolérables…
Quelques pistes pour l’avenir
En support de l’action à mener, et pour relayer approfondir
les pistes ouvertes par ce colloque, je vous propose quelques
éléments de réflexion :
n
Le contexte tertiaire met davantage en lumière les
aspects psychosociaux de la vie au travail et parmi eux,
la modération ou l’excitant que va être le confort auditif.
Le son, le confort auditif sont certainement des
indicateurs de résultats autant que des facteurs en
causalité d’une qualité de vie au travail dans un bureau.
Ce sont très certainement aussi des indicateurs de
la qualité, de l’efficience, voire de l’efficacité d’une
organisation. Ne parle-t-on pas de « bruit », lorsqu’une
information n’est pas claire, inaudible ? de cacophonie,
quand une organisation de moyens n’arrive pas à ses
fins ? C’est d’ailleurs l’un des leit-motiv de nos travaux
du Cercle Entreprises et Santé que de redire que les
« risques psychosociaux » sont bien mal dénommés.
C’est confondre l’impact et la cause. Si l’impact est
psychosocial, le risque est socio-organisationnel, et si le
bruit est un « fauteur psychosocial », le confort sonore est
aussi un vecteur/indicateur d’efficacité organisationnelle.
n
La diversité du tertiaire appelle une diversité de bonnes
solutions.
Nous vivons encore avec une ancienne appellation qui
opposait fin XIX
e
début XX
e
« le château »/les bureaux
et « les écuries », les ateliers. Le lieu de la production,
et le lieu de la direction, et la gestion administrative. À
l’époque il s’agissait essentiellement des lieux de travail
administratif ; maintenant le « bureau » recouvre tous
lieux de « travail immatériel ». L’appellation n’a pas
vraiment changé, — les lieux n’ont pas tellement changé
non plus, on parle toujours, et c’est symptomatique
d’immobilier de bureau, alors que la réalité du travail,
les réalités de ce travail immatériel sont de tous ordres…
extrêmement divers. La nécessité du bureau de poste et
du cabinet d’avocat me privent du plaisir d’une critique
facile des openspaces car open spaces, pour quel usage,
dans quelle conditions,… mais pourquoi pas ? Pourquoi
pas aussi des plateaux et espaces transformables? Nous
assimilons tertiaire à bâtiment de bureau carcasse dure
comme du béton à durée de 50 ans et plus. Alors que les
usines passent en moins de 30 ans, les vies actives et la
façon de les exercer se succèdent plus vite encore…
n
Dernier élément de réflexion : le confort acoustique
est plurifactoriel, il se conjugue aux autres éléments
du confort au travail : les circulations, l’éclairage, le
thermique, les collègues (règles de vie de la collectivité)
sont tous des éléments contributeurs.
Cela ne réduit en rien la portée de l’objectif sonore car
un seul élément manquant dans le confort compromet
l’ensemble de la qualité de vie. La qualité sonore ne doit
jamais être le maillon faible et ne doit non plus jamais
s’ériger en critère monovalent.
Deux points en conclusion, qui découlent de la sensibilité et
de l’expérience des entreprises
n
il faut créer de bons espaces et la qualité de vie est aussi
faite des comportements ; pensons à la charte que fait
respecter le bibliothécaire.
n
il faut que les bonnes conditions de vie au travail, pour
prospérer, soient demandées – avis aux utilisateurs d’espaces
de travail — et soient offertes, — avis aux offreurs d’espaces.
A nous tous de stimuler cette offre et cette demande.
n
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