Echo Bruit
n° 134
g
Dossier :
Colloque qualité sonore 2011
confort auditif pour tous dans le secteur tertiaire
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le magazine de l’environnement sonore
Au
début de ce colloque, j’aimerais
partager avec vous le rappel de cette
idée fondamentale que le son, c’est
d’abord une vibration. L’on peut vibrer
en assonance, ou en dissonance. Le son est une propagation
d’énergie. Et le son, la voix, peuvent être générateurs
d’énergie positive, mais aussi d’énergie négative, de
perturbation.
J’aimerais rappeler aussi le lien oublié entre le bruit et la
santé, ou plutôt entre le non-bruit et la santé : Hippocrate
(
v
e
siècle avant notre ère), dans ses directives éthiques aux
médecins recommandait: « Il faut garder le malade du bruit ».
C’est aussi ce que dit le sens populaire.
Dans l’antiquité, le bruit excessif des hommes méritait,
dit-on, le châtiment des dieux. A tel point qu’une inscription
égyptienne d’il y a 4000 ans raconte qu’en représailles d’une
cacophonie excessive, les dieux ont envoyé le déluge.
« La nuit, tout Rome passe a côté de mon lit » se plaignait
aussi un poète romain. C’est que sans doute le premier bruit
qui irrite, c’est le bruit des autres, et notamment le bruit du
travail des autres: dans la Rome antique, forgerons, tailleurs
de pierre étaient bannis des enceintes des cités
L’activité professionnelle de nos jours est essentiellement
tertiaire. Plus de 80 % des emplois en France et dans les
pays dit avancés sont des emplois tertiaires, de services. Et
près des deux tiers des emplois de services – encore qu’une
recension précise reste à faire – s’exercent totalement ou
partiellement dans des « bureaux ».
Cette évolution a été la grande révolution (silencieuse…) de la
fin du
xx
e
siècle, et pourtant nos réflexes, nos réactions et nos
modes de mesure de la relation « bruit/son et travail » sont
hérités de nos habitudes et de nos références industrielles.
C’est pourquoi il faut féliciter le CIDB et sa qualité d’innovation
et de prospective d’avoir choisi ce thème de la qualité sonore
et du confort acoustique dans l’univers tertiaire, l’univers des
bureaux.
Une forme de terre inconnue, encore insuffisamment analysée
sans doute par les experts et ‘scientifiques du management’,
alors même qu’une majorité de nos contemporains travaillent
et vivent dans cet espace, qui a aussi donné matière à
portraits et caricatures, depuis Daumier et Courteline, au
récent « L’open space m’a tuer », terreur des DRH.
Le « travail de bureau » : un univers encore
bien inconnu où la qualité sonore et le confort
acoustique semblent des critères essentiels
Nous avons peu de modèles pour le « travail de bureau » :
il nous semble que les anciens ne le connaissaient pas. Et
pourtant, on trouve des antériorités intéressantes celles
du scribe, celles des moines copistes, ces transmetteurs
d’informations, de générations en générations. Ce que nous
connaissons des règles de leur environnement de travail, est
d’abord la règle du silence, cette règle du respect du travail
collectif des autres.
Bruit et confort acoustique :
composantes et indicateurs de la
qualité de vie et de l’efficacité dans
l’univers tertiaire ?
Jacques BOUVET, Président d’Association AINF et du Cercle Entreprises et Santé,
Anne-Marie DE VAIVRE, co fondatrice du Cercle Entreprises et Santé