Echo Bruit
n° 132
03.2011
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Dossier :
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assises nationales de
la qualité de l’environnement sonore
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le magazine de l’environnement sonore
Dromer, de la direction Vie associative et jeunesse.
« Avec
une délégation municipale et le Centre régional d’information
jeunesse Bretagne (CRIJB), les élus sont allés entre autre en
Espagne, à Gijon et Oviedo, voir ce qui s’y faisait pour régler
ce genre de situation. Chez eux, finalement, c’est beaucoup
plus festif, avec des regroupements de jeunes beaucoup plus
massifs, mais aussi beaucoup mieux acceptés. L’idée de la
nuit des 4 jeudis consiste à proposer sur 4 jeudis d’un même
mois des soirées gratuites et sans alcool, organisées par les
jeunes eux-mêmes autant que possible, sur des horaires qui
vont de 22 heures à 3 heures du matin. […] La première année,
20000 jeunes ont été présents sur une vingtaine de ces nuits.
Nous proposons aux jeunes d’y faire autre chose que d’être
sur l’espace public. Toutefois, compte tenu du turnover des
étudiants, nous sommes obligés de communiquer tous les
ans sur ce dispositif qu’il nous faut aussi renouveler. Du coup,
nous avons maintenant des « nuits des 4 jeudis », dans les
quartiers, dans les équipements sportifs et culturels, sur les
campus des universités, ce qui contribue à déconcentrer le
centre-ville.
L’initiative des Noz’ambules est beaucoup plus récente. Prise
en charge par les pairs et la mutuelle d’étudiants, c’est une
équipe pluridisciplinaire de santé, avec des infirmiers, des
chargés de prévention et des psychologues, qui vont au
contact des jeunes. Cette écoute amène à discuter de sujets
divers, entre autre du bien vivre ensemble, et la question du
bruit y est souvent traitée. »
Les conséquences imprévues du
décret anti-tabac
Conclusion en demie teinte d’Yvan Dromer :
« L’impact des
dispositifs a vraiment permis de déconcentrer l’espace public,
mais depuis l’application du décret antitabac, nous avons
des nuisances sonores qui se sont amplifiées et une logique
des collectivités territoriales qui va de plus en plus vers la
coercition et la répression. »
À Strasbourg, le ton est encore à la prévention, puisqu’une
charte vient d’être signée entre le maire et le président du
Syndicats des hôteliers, cafetiers et restaurateurs.
« C’est
un vrai engagement entre la ville et les exploitants »
,
insiste Elisabeth Ramel, de la CUS (Communauté Urbaine
de Strasbourg).
« Nous leur demandons le respect de la
réglementation, notamment l’aspect sur les nuisances
sonores. »
Ce respect de la réglementation, c’est justement ce sur quoi
veillent Catherine Foisil et le Service de l’Écologie Urbaine de
Lyon.
« Nous effectuons des contrôles en journée, en prenant
rendez-vous avec les gérants des établissements »
, raconte-
t-elle.
« Nous partons avec nos documents pour vérifier si la
sonorisation a changé. Nous regardons s’il y a un micro, s’il y
a un limiteur de pression acoustique. […] Il nous arrive aussi
de sortir la nuit, à raison de 5 à 15 visites par nuit. Nous le
faisons toujours à deux, au minimum, et accompagnés par
la police nationale. Nous essayons d’arriver très rapidement
vers la sonorisation pour nous assurer qu’il n’y a pas de
« bidouille ». Nous demandons également à l’exploitant s’il
a son étude d’impact. Nous vérifions aussi si le limitateur
existe, s’il n’y a pas de clé dessus et s’il est bien scellé. Nous
vérifions si le micro n’est pas limité : il n’est pas rare de voir
du scotch devant le micro ou de la laine de verre. Nous faisons
ensuite des fiches de visites. Quand des dysfonctionnements
sont constatés, nous disons ce qu’il faut faire, dans quel délai
et, quand ça ne va vraiment pas, nous indiquons que l’affaire
peut être portée à la connaissance du procureur. »
Comme le constate Philippe Ritter, le directeur du Service de
l’Écologie Urbaine de Lyon, la bonne volonté des exploitants
peut parfois se retourner contre eux.
« Lorsque le décret
portant obligation de réaliser des études d’impact a été mis en
application, les responsables des établissements concernés
ont eu en face d’eux des propositions dont les prix variaient
dans un facteur dix, avec des interlocuteurs qui arrivaient sur
le marché et n’étaient donc pas connus […]. Nous avons donc
assuré un travail de vérification des études produites auprès
des établissements. Ce marché est maintenant assaini. »
Au-delà d’une indiscutable prise de conscience collective,
qui s’est effectivement traduite dans la réglementation mais
aussi par des dispositifs relativement divers, la lutte contre
les excès du bruit en ville, n’en ressemble pas moins à un
tonneau des Danaïdes.
« A chaque fois que l’on diminue le bruit, il y en a d’autres
qui arrivent »,
résume Jean-Claude Antonini.
« Et surtout,
quand on s’occupe du bruit, c’est le seuil de tolérance qui
diminue. »
Ce qui n’est pas une raison pour se décourager
et renoncer, bien au contraire. Sur ce point, le consensus a
été très largement établi lors des 6
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Assises nationales de
la qualité de l’environnement sonore. La bonne approche
consistant sans doute à mettre en valeur les collectivités qui
savent montrer le bon exemple. C’est le sens de l’idée émise
par Dominique Bidou, le président du CIDB.
« Il n’existe pas
encore de distinction pour toutes les communes ou les villes
qui s’engagent dans des politiques très volontaristes. Aussi
avons-nous pensé à quelque chose de spécifique au travers
d’un label « Paysage sonore des villes », le nom définitif étant
encore à trouver. Une forme de reconnaissance à l’étude et qui
devrait sortir prochainement. »
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