Echo Bruit n°132 - page 30

Echo Bruit
n° 132
03.2011
g
Dossier :
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assises nationales de
la qualité de l’environnement sonore
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le magazine de l’environnement sonore
pour exiger ou choisir un matériel plus performant. Il faut donc
développer une information « simplifiée », compréhensible
par tous qui permette de comparer facilement les produits de
même type et de choisir, si on le souhaite, le plus performant.
Ceci poussera progressivement les constructeurs à développer
et mettre sur le marché des produits plus silencieux, faisant
ainsi du citoyen un « acteur » essentiel de la politique de
réduction du bruit. »
Rien d’étonnant à ce que l’appréhension des enjeux du bruit
ne puisse être l’apanage d’une seule compétence, d’un seul
métier.
« Tous les métiers du son sont nécessaires pour faire
face à la complexité des problèmes, dans la perspective,
bien évidemment, d’intervenir en amont, parce que nous
avons vu la difficulté d’intervenir sur les situations complexes
nouées par l’histoire, par des traditions, des habitudes et
des pratiques,
affirme d’ailleurs Henry Torgue.
En fait, c’est
l’axe central, le sonore est toujours un témoin et un enjeu de
l’altérité ; le sonore ou le bruit est souvent considéré comme
autre. C’est le témoin de l’extériorité. Il est ressenti comme
provenant d’un champ externe à sa propre sphère. Il envahit,
il agresse. Il incarne ce qui bouscule une identité. »
Eduquer, mais qui et comment ?
Si la question de l’éducation au bruit a été présente lors
des débats des 6
es
Assises nationales de la qualité de
l’environnement sonore, c’est donc surtout de manière
transversale. Doit-elle s’adresser plus particulièrement aux
enfants, au risque de les priver de leur capacité spontanée
d’écoute ? La question a été posée. Dans ce cas, faut-il
continuer à favoriser l’éclosion de multiples initiatives ou
préférer un engagement plus déterministe de l’institution
Éducation Nationale ? En tout cas, selon Nicolas Frize, il faut
« mettre en route une réflexion qui ne soit pas une somme de
réflexions individuelles et personnelles, mais un projet collectif
afin de participer avec le ministère à une réflexion globale sur
la politique culturelle de l’environnement sonore. »
Ce qui ne
saurait diminuer l’intérêt d’initiatives comme celle présentée
par Christian Hugonnet (La Semaine du Son) :
« Un projet
d’installation d’une borne audiométrique dans des collèges
et des lycées afin de permettre aux jeunes de se faire d’abord
une idée de leur propre écoute individuelle. »
Les deux points de vue ont leurs adeptes. Si la cible n’est
autre que l’ensemble de la population, la perspective et les
possibilités d’intervention sont encore plus vastes.
Une piste, par exemple, proposée par Guy-Noël Ollivier, du
Centre de découverte du son de Cavan :
« Il faut essayer de
mettre les différents publics en situation d’écoute, notamment
lorsque les gens sont réceptifs, c’est-à-dire pendant leurs
loisirs. Tout ce qui touche au tourisme pourrait être un axe à
travailler pour l’éducation sonore, pour l’éducation à l’écoute.
Sur les cartes routières, une signalétique indique bien les
belvédères. Alors, pourquoi, comme nous essayons de le
faire en Bretagne, ne pas avoir une signalétique sur les points
d’ouïe ? »
Une idée parmi tant d’autres qui s’inscrit dans le droit fil
de la démarche à la fois exploratoire et exemplaire que
mène Nicolas Frize, qui se définit comme « expert auditif »
ou encore « écouteur public » et qui, à ce titre, a mené un
travail d’écoute en profondeur et d’analyse, à Arras. Parce
qu’entendre une ville, c’est encore le meilleur moyen de la
connaître, au-delà des apparences.
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