Echo Bruit
n° 132
03.2011
g
Dossier :
6
e
assises nationales de
la qualité de l’environnement sonore
29
le magazine de l’environnement sonore
De prime abord, tout indique que depuis une trentaine
d’années le métier d’acousticien a le vent en poupe (si l’on
peut s’autoriser cette métaphore). Toutefois, au-delà des
apparences, la situation est nettement plus incertaine.
D’autant qu’il faut distinguer l’essor de la profession
d’acousticien en tant que telle et, plus généralement, la place
de l’acoustique, notamment dans l’acte de construction. Il faut
aussi faire la part des choses entre l’état des connaissances
techniques, en constante évolution, et l’utilisation qui en est
faite. Telle est en tout cas l’analyse de Jean-Baptiste Chéné,
chef de division au laboratoire acoustique du CSTB.
« Toutes
les évolutions qu’il y a eu ces trente dernières années ont fait
faire un bond important notamment dans le bâtiment avec
des acteurs qui ont fait avancer les choses, à la fois sur les
aspects scientifiques et méthodologiques »,
observe-t-il.
« Ainsi, poursuit-il, les connaissances des acousticiens ont
grandement progressé. […] En même temps, nous constatons
un décalage entre nos connaissances acoustiques actuelles
et ce qui se pratique dans la réalité. La première raison, c’est
qu’il n’y a peut-être pas assez d’acousticiens impliqués dans
les projets, même s’il est certain que nous n’aurons pas les
moyens d’en mettre un derrière chaque pose de fenêtre. »
Autre faille relevée par Jean-Baptiste Chéné,
« l’acoustique
est assez peu prise en compte dans les textes. Et quand on
regarde les approches méthodologiques sur le suivi de
chantier, nous voyons qu’il n’y a pas grand-chose pour
garantir les performances acoustiques ou au moins pour se
mettre dans de bonnes conditions pour atteindre les objectifs
acoustiques. »
Obligation de résultats
Il ne faut pas attendre des effets du Grenelle de
l’Environnement qu’ils modifient fondamentalement cette
situation que l’on peut qualifier de relativement bancale.
C’est ce qu’explique Dominique Bidou, le président du CIDB.
« Une des marques du Grenelle est que nous évoluons d’une
manière très générale vers l’obligation de résultat »
, indique-
t-il.
Il est normal de bien faire son travail, encore faut-il que
cela donne un résultat convenable. Le consommateur attend
que les performances annoncées soient atteintes. Cette
démarche n’est pas partie de nos problèmes d’acoustique,
c’est l’effet de serre qui est encore dominant dans cette affaire.
Il ne s’agit pas uniquement de dire que tout va être fait pour
émettre moins de gaz à effet de serre, faut-il encore que l’on
obtienne des résultats. Cela provoque évidemment toute une
série de mesures et comme l’État n’a pas les moyens d’exercer
tous les contrôles qu’il faudrait, la solution naturelle est de
demander aux opérateurs de les exercer eux-mêmes. »
Éclairage de René Gamba, le président de la commission
technique du Conseil national du bruit (CNB) :
« Si vous
voulez vérifier que la réglementation est appliquée, il faut
demander aux gens qui construisent de vérifier la conformité.
En acoustique, c’est relativement simple. La conformité est un
résultat mesurable, non pas un calcul conventionnel. »
Les acousticiens ne peuvent tout
contrôler
La question du contrôle, devant porter au premier chef sur
le respect de la réglementation, implique évidemment
l’acoustique mais ne devrait pas changer fondamentalement
la situation des acousticiens. Question de moyens autant que
de pratiques.
S’agissant des moyens, force est de constater que l’acoustique
est encore réduite à la portion congrue. On le reconnaît
volontiers à l’ADEME, à l’instar de Patrice André qui y est
chargé des financements pour la lutte contre le bruit.
« Sur
le bruit, nous avons des moyens financiers pour contribuer à
résorber, chaque année, 3 à 4000 logements points noirs du
bruit. Si on compare aux 3 à 400 000 rénovations thermiques,
c’est la partie congrue. Une des pistes est d’essayer d’associer
Les métiers et la formation
Des compétences à partager