Ce rapport révèle également que 1,8% des crises cardiaques dans
les pays d’Europe de l’Ouest seraient attribuables au bruit routier
lorsque son niveau sonore dépasse 60 dB.
L’impact du bruit lié aux transports routiers, ferroviaires et aériens
sur les risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) a fait par
ailleurs l’objet d’une vaste étude prospective danoise dont les ré-
sultats ont été publiés en 2011. Celle-ci s’est appuyée sur l’étude
Diet, Cancer and Health Study à laquelle 51485 personnes âgées
de 50 à 64 ans avaient participé (étude menée de 1993-1997 à
2006). En croisant différents paramètres dont le lieu de résidence
(et par déduction, le niveau d’exposition au bruit), les chercheurs
ont montré que le risque d’AVC augmente chez les personnes âgées
de plus de 65 ans à un niveau d’exposition au bruit supérieur à 60
dB. Un risque accru d’AVC de 14% par palier de 10 dB a été établi.
De la même manière que le stress engendre toutes sortes de ma-
nifestations physiques, on sait aujourd’hui que les perturbations
du sommeil ont un impact indéniable sur la santé. De nombreuses
études ont montré en effet que les perturbations du sommeil pro-
voquent des troubles psychiques et physiques tels que l’irritabi-
lité, l’anxiété, la perte de vigilance, une hausse du risque d’acci-
dents, de la fatigue chronique, une réduction de la motivation et
des performances.
Selon un rapport de 2012 de l’Académie de médecine piloté par le
Professeur François Legent, certaines études sur l’usage des psy-
chotropes ou sur les taux d’hospitalisation suggèrent que le bruit
pourrait avoir des effets négatifs sur la santé mentale, notamment
par le biais des perturbations du sommeil. Dans ce même rapport,
les auteurs mentionnent que le bruit a aussi des effets négatifs
sur le système cardiovasculaire, qu’il est susceptible de faciliter
l’installation d’une hypertension artérielle, qu’il est responsable
de modifications de sécrétions hormonales liées au stress, et par
suite d’une baisse du système immunitaire.
L’exposition au bruit passe également pour être responsable d’une
augmentation des accidents du travail et d’une surconsommation
de somnifères et de sédatifs selon une étude de W. Babisch.
Enfin, d’après une étude de l’Institut suédois Karolinska publiée
en mai 2014, il existerait un lien de corrélation entre le bruit des
avions que l’on subit en vivant à proximité d’un aéroport et le taux
d’obésité dans la population : le périmètre abdominal augmente
en effet de 1,5 cm pour chaque hausse de 5 décibels. Les auteurs
rappellent, de plus, que l’obésité abdominale est un facteur de
risques aussi bien pour les maladies cardiovasculaires que pour
le diabète.
Du fait qu’une part importante de la population est exposée quo-
tidiennement à des niveaux sonores élevés liés aux transports, le
bruit pourrait donc avoir des effets sur la santé plus importants
qu’on ne le pensait jusque-là. Selon l’OMS, le bruit lié à la circu-
lation provoque une charge de morbidité qui, en importance, est
seulement dépassée par celle de la pollution atmosphérique.
Fort de ce constat, il est dès lors pertinent de considérer l’exposition
au bruit de transport comme un indice majeur de la qualité de vie
et, a fortiori, un facteur prépondérant de détérioration de la santé.
Trop de bruit pour les petits
Du côté des enfants, le bruit a des répercussions également im-
portantes sur leurs performances d’apprentissage. Des études
récentes ont, en effet, montré que des niveaux sonores élevés
à l’école peuvent entraîner un retard dans l’acquisition du lan-
gage écrit et oral, engendrer des troubles de l’attention et de
la mémorisation à long terme, et même participer dans certains
cas à l’échec scolaire. À la maison, le bruit peut aussi nuire au
développement des enfants. L’exposition à des bruits élevés (té-
lévision, téléphone, appareils ménagers, etc.) a un impact avéré
sur la compréhension de la parole dans la vie quotidienne et plus
largement sur la qualité des communications. À un âge encore
plus précoce, les enfants peuvent souffrir de troubles de dévelop-
pement lorsqu’ils sont exposés à des niveaux sonores excessifs, ce
qui est souvent le cas dans les crèches.
Même dans les services de néonatalité des hôpitaux, les nour-
rissons sont exposés à des niveaux sonores très supérieurs aux
valeurs guides de l’OMS. C’est ce qu’ont montré les Agences Régio-
nales de Santé du Centre et du Limousin dans une étude portant
sur l’environnement sonore de trois services de néonatalogie. Leurs
résultats indiquent que le niveau sonore moyen atteint 49 dB(A)
dans un incubateur en veille, 52 dB(A) dans un incubateur en
fonctionnement et 66 dB(A) en cas d’assistance respiratoire, avec
des pics supérieurs à 100 dB(C), soit des niveaux qui dépassent
largement les valeurs guides internationales.
Au CIDB, les plaignants expriment leurs souffrances
Les maux dont se plaignent les personnes qui contactent le CIDB
corroborent les résultats des études menées à grande échelle. En
effet, la perturbation du sommeil, le stress, la fatigue et la dé-
pression sont les principaux effets du bruit mentionnés au cours
des entretiens, comme l’indique le schéma ci-dessous.
14
Source : CIDB.
3%
7%
Divers
Dépression
Fatigue
Tension nerveuse,
stress
Perturbation
du sommeil
10%
37%
43%
Effets
déclarés du bruit
sur la santé
du plaignant
en 2013
Echo Bruit
Coût du bruit
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014