Dans le domaine
des travaux publics
Les revêtements routiers :
Le développement des BBTM (bétons bitumineux très minces) est
en accroissement sur le marché du renouvellement des revête-
ments de chaussée. Les BBTM sont des revêtements en formula-
tion discontinue (des granulats enrobés par un liant bitumineux
modifié) mis en place en couche mince d’une épaisseur moyenne
d’environ 2 cm à 3 cm. Grâce au positionnement « à plat » des
cailloux (granulats présentant une excellente microtexture pour
assurer une bonne adhérence et une excellente dureté pour ré-
duire les effets d’abrasion) et grâce à la porosité de la couche de
roulement, les nuisances sonores sont réduites.
Les recherches ont montré que plus le diamètre des granulats est
élevé, plus le bruit du contact entre le pneumatique et la chaussée
est important. C’est la raison pour laquelle on utilise aujourd’hui
des formulations de plus en plus petites, en moyenne 0/6 mm,
voire 0/4 mm, alors qu’on utilisait il y a encore quelques années
des formulations 0/10 mm.
L’usage des BBTM avec des granulats de 0/6 mm est aujourd’hui
bien maîtrisé en milieu périurbain comme en témoignent certains
tronçons de nombreux périphériques de grandes villes (Paris et
Nantes par ex.). Les BBTM de 0/4 mm sont encore en phase ex-
périmentale.
L’avantage acoustique des BBTM est incontestable : par rapport à
un revêtement classique (béton bitumineux dense), le gain acous-
tique varie de 2 à 4 décibels selon la taille des granulats. Sachant
qu’un gain de 3dB(A) revient à diminuer le trafic par deux.
À l’heure actuelle, les entreprises continuent à mener des re-
cherches sur la pérennité des performances des BBTM dans le
temps, en particulier sous l’effet du trafic des poids lourds, princi-
paux responsables de la dégradation des chaussées, ainsi que dans
leur usage en milieu urbain.
La végétation au secours des ambiances sonores
urbaines
Parmi les solutions environnementales durables pour réduire les
nuisances sonores, les murs antibruit végétalisés sont une alter-
native intéressante : ils combinent en effet la quête d’esthétique,
l’intégration du végétal dans l’environnement urbain et le besoin
d’isolation acoustique. Ils présentent aussi un avantage sécuritaire
car leur surface végétalisée protège des feux éblouissants lorsque
le mur est placé le long de routes à grande vitesse. Enfin, autre
avantage, les problèmes de graffitis sont définitivement écartés.
Les murs antibruit végétalisés, composés d’une structure recou-
verte de végétation, ont fait leur apparition dans le paysage ur-
bain dans les années 2000 et grâce à la recherche sur les maté-
riaux innovants et performants en matière d’acoustique, ils sont
de plus en plus en plus efficaces.
Ils favorisent de plus la biodiversité au travers de « trames vertes
et bleues », mesure phare du Grenelle de l’environnement, en per-
mettant aux espaces animales de circuler, de s’alimenter, de se
reproduire, de se reposer. En d’autres termes, d’assurer leur survie
et de permettre à l’homme de bénéficier de leur rôle dans l’éco-
système urbain.
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Les BBTM, une solution nécessaire
mais pas suffisante
Interview de Michel Bérengier,
directeur de recherche à l’IFSTTAR (Institut Français des Sciences
et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux).
«
Il ne faut pas perdre de vue que le revêtement routier est
une option complémentaire aux solutions destinées à réduire
les bruits de la circulation. En effet, nous savons qu’en milieu
urbain, il est possible également d’agir sur la vitesse des
véhicules et sur l’aménagement de la circulation. L’impact
sonore est d’autant plus faible que la vitesse est réduite.
De plus, une circulation fluide – les phénomènes d’accélération
peuvent augmenter le bruit entre 8 et 10 dB(A) - permet aussi
de réduire le niveau sonore urbain. Dans ce contexte, les
rétrécissements de chaussée ainsi que les carrefours giratoires
installés sur les routes sont parmi les meilleures solutions pour
imposer aux véhicules de ralentir, sachant que les limitations
de vitesse non assorties de contrôle sont peu respectées. Bien
qu’en milieu urbain les BBTM puissent avoir une durée de vie
légèrement plus faible que les bétons bitumineux traditionnels
en couche épaisse (due à des agressions différentes par rapport
au réseau à grande vitesse), ces matériaux représentent un
bon compromis en centre-ville où la demande de réduction
des nuisances sonores est forte et où la mise en place de murs
antibruit est quasiment impossible.
Par ailleurs, les BBTM sont également bien adaptés à la
circulation autoroutière, notamment par temps de pluie.
En effet, grâce à leur porosité structurelle, les phénomènes
d’aquaplanage ainsi que les projections d’eau sont fortement
réduits. Alliant confort de conduite, sécurité et niveau sonore
optimal, les BBTM sont donc parmi les revêtements routiers
actuellement sur le marché parmi les plus intéressants
».
Echo Bruit
Innovations technologiques
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014