Effets des zones calmes sur la santé
Selon le guide européen, le lien entre santé, bien-être et zones
calmes est indiscutable. De nombreuses études amènent en effet
à des conclusions convergentes :
•
l’accès à des espaces calmes situés dans des résidences permet
de réduire l’irritabilité des habitants,
•
le sentiment de bien-être dépend de l’accessibilité à des espaces
verts,
•
la convalescence des personnes malades est plus rapide dans des
endroits entourés de verdure, etc.
Les zones calmes correspondent également à une forte demande
des citoyens comme le suggèrent les données mentionnées dans
le guide : à Amsterdam, 75% de la population considère que le
calme autour des maisons est important et 50% pense qu’habiter
un quartier calme est important. Aux Pays-Bas, 46% de la popu-
lation juge leur quartier non-calme et la moitié des habitants se
déplacent dans des quartiers calmes tous les jours ou une fois par
semaine. Au Royaume-Uni, 91% de la population estime que les
zones calmes doivent être protégées (62% pour Londres).
Notons que les zones calmes sont des aires bénéfiques également
pour les espèces animales et végétales : l’augmentation de la bio-
diversité et la préservation d’espèces sensibles au bruit font aussi
partie des intérêts de la création de zones calmes.
Evaluation de la valeur économique
des zones calmes
Même s’il est difficile de quantifier précisément l’effet économique
d’une zone calme dans un quartier, on dispose de quelques don-
nées qui permettent d’avoir une idée de l’intérêt d’en instaurer
en ville :
•
Un gain de niveau sonore de 1 dB permet d’augmenter la valeur
d’un bien immobilier de 0,5%.
•
En Suède, le coût social du bruit des transports est estimé à 2
milliards d’euros : 80% de cette somme sont imputables à la
perte de valeur immobilière du logement situé dans des environs
bruyants, les 20% restants correspondent aux soins de santé liés
aux effets du bruit.
•
Au Royaume-Uni, le gouvernement situe l’impact du bruit sur
la santé dans une fourchette comprise entre 2 et 3 milliards de
livres. Selon un rapport gouvernemental britannique, la création
et la protection de zones calmes dans la majorité des villes
anglaises pourraient permettre d’économiser jusqu’à 1,4 milliard
de livres par an.
59
Analyse critique des expériences européennes
recensées dans le guide
Interview de Guillaume Faburel, professeur d’aménagement,
d’urbanisme et d’environnement à l’Université Lumière Lyon 2.
À la lecture du guide européen qui recense les actions menées
dans les différents pays et qui y décrit la manière dont chaque
pays s’est emparé de la problématique des zones calmes,
Guillaume Faburel fait remarquer plusieurs points.
«
Les recommandations pour la création et la préservation de
zones calmes fournies dans le guide européen mettent l’accent
sur la notion de perception de la part des usagers et visiteurs, ce
qui corrobore celles du guide français élaboré en 2008 qui, faute
d’avoir été traduit en anglais, n’a malheureusement pas été pris en
considération au moment de la rédaction du guide européen.
La démarche expérimentale d’identification des zones calmes telle
que proposée dans le guide européen comporte quatre points :
la cartographie du bruit dans un territoire défini, la mesure des
niveaux sonores en guise de complément ou de validation des
données cartographiées, un travail d’enquête auprès des habitants
sur la manière dont ils perçoivent la notion de « calme » et sur
ce qu’ils attendent d’une zone calme et le recours à des experts
transdisciplinaires tels que des urbanistes, des psychologues,
des sociologues, des architectes urbanistes. L’objectif ultime des
zones calmes étant de contribuer à la préservation de la santé des
riverains.
L’Allemagne, les pays nordiques et la Grande-Bretagne forment le
peloton de tête des réalisations de zones calmes. Cette implication
nationale n’est pas sans rapport avec leur tradition de prise
en compte des considérations environnementales dans leur
politique de planification urbaine. La notion de zones calmes est
en effet intimement liée aux cultures d’appartenance, cultures
dans lesquelles la conception de l’environnement, les règles
de vie collective et les modes de vie tournés vers la nature sont
des valeurs en soi. Pas étonnant alors que ce soient des experts
allemands et suédois qui aient, les premiers, proposé les zones
calmes lors des débats préparatoires à la directive européenne.
On note cependant que la plupart des actions menées au cours de
ces dernières années à travers les pays européens sont définies
selon des critères encore très majoritairement quantitatifs de
mesure acoustique et non sur des considérations plus qualitatives,
à l’exception justement de quelques expériences en Allemagne,
en Grande-Bretagne, en Norvège et aux Pays-Bas. Dès lors, ce sont
les cartes de bruit qui permettent pour l’essentiel de déterminer
une zone calme. Et l’amalgame entre espaces verts et zones calmes
s’opère dans la grande majorité des cas.
•••>
Echo Bruit
Zones calmes
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014