Echo Bruit - Hors-série - NOV2014 - page 60

À l’issue de l’étude, différents enseignements ont pu être tirés :
La recherche de calme ne suggère pas une quête de solitude ;
une zone calme n’est pas un lieu destiné à s’isoler du monde, il
devrait être envisagé, entre autre, comme un lieu de socialisa-
tion et d’échanges.
Une zone calme doit prendre en considération d’autres aspects
que le critère acoustique ; la mesure acoustique est donc certes
nécessaire mais insuffisante.
La notion de calme provient d’une impression globale de bien-
être et de satisfaction et résulte d’un ensemble de facteurs :
sécurité, propreté, esthétique, accessibilité, convivialité, am-
biance et paysage sonores, niveau acoustique, etc. Les auteurs
regroupent ces facteurs en cinq catégories : la morphologie de
l’espace (architecture, etc.), l’aspect fonctionnel (types d’amé-
nagement, accessibilité, etc.), les dimensions humaines et re-
lationnelles (convivialité, cohésion, etc.), les ambiances et les
paysages sensibles (esthétique, etc.) et l’usage et le confort du
lieu (propreté, sécurité, etc.).
En conclusion du guide, les chercheurs identifient les zones
calmes comme des espaces relevant d’une approche multi-critères
du fait même de la nature du sentiment de calme, des différentes
fonctions de ces nouveaux territoires ainsi que de la variété des
acteurs qui sont impliqués, tant au niveau de leur création que
de leurs usages.
En guise de recommandations, les auteurs mettent l’accent sur
trois éléments fondamentaux :
Les zones calmes doivent être perçues comme de véritables pro-
jets territoriaux à visée préventive en s’appuyant sur une dé-
marche réellement transversale interdisciplinaire et sur les avis,
voire savoirs, des habitants en complément d’informations plus
techniques provenant de bureaux d’études.
L’approche de construction transversale est essentielle au re-
gard de la diversité des enjeux territoriaux et de l’intérêt de ces
nouveaux espaces pour les dynamiques locales. Elle peut s’ap-
puyer sur les enseignements de données cartographiées issues
des cartes de bruit et d’autres cartes (occupation des sols, etc.)
complétées par des observations de terrain.
Aborder la création des zones calmes par le biais des sciences
humaines et sociales (comprenant des entretiens qualitatifs,
groupes de discussion, cartes mentales, balades urbaines, etc.)
est nécessaire pour que ces nouveaux espaces ne soient pas
réduits à des zones sans bruit, sortes de sanctuaires dont les
conséquences économiques et sociales seraient opposées aux
effets escomptés.
Le guide européen des bonnes
pratiques des zones calmes
De son côté, l’Agence européenne de l’environnement a publié en
avril 2014 un guide des bonnes pratiques des zones calmes pour
aider les autorités décisionnaires à mieux comprendre et définir
ces espaces au regard des exigences de la directive européenne.
S’appuyant sur les expériences menées en Europe, ce guide ap-
porte conseils et recommandations à tous ceux concernés par la
création et la protection de zones calmes.
Définition d’une zone calme 
D’après le guide européen, une zone calme est une zone sans bruit
ou au minimum une zone où le bruit n’est pas dominant, l’objec-
tif n’étant pas de trouver le silence mais d’atteindre un état de
relaxation salutaire. C’est pourquoi, explique le guide, les zones
calmes ne sont pas des zones « silencieuses », même si le silence
ou l’absence de bruit peut être contenu dans la notion de calme.
Selon la définition du guide, un parc, un jardin, un espace situé à
l’intérieur d’un îlot d’immeubles en centre ville sont donc poten-
tiellement des zones calmes.
En termes quantitatifs, le guide fournit quelques indications. Une
zone calme se définit par un espace :
où le niveau sonore Leq24h se situe à 40dB en ville et entre 25
et 45 dB à la campagne ; le Lden se situe entre 50 et 55 dB en
ville ; le Lday se situe entre 45 et 55 dB en ville et 30 et 40 dB
à la campagne.
qui sert de lieu de récréation, de protection de la nature et de
préservation de la santé.
qui se situe à une distance de 4 à 15 km d’une autoroute ou à
une distance de 1 à 4 km d’une ville si la zone calme est à la
campagne.
d’une taille de 100 à 100 000 m2 en ville et de 0,1 à 100 km
2
à la campagne.
déterminé dans un document officiel par exemple un plan d’ur-
banisme.
dont la qualité acoustique est jugée « bonne » : selon le guide
européen, 100% des personnes interrogées pensent que la qua-
lité acoustique d’un lieu est bonne si le niveau sonore est in-
férieur à 45 dB. Si ce dernier est compris entre 45 et 55 dB, le
ratio tombe à 50%. À partir de ce seuil, le pourcentage de per-
sonnes qualifiant la qualité acoustique comme « bonne » chute
rapidement.
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 Echo Bruit
Zones calmes
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014
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