Echo Bruit - Hors-série - NOV2014 - page 62

Exemple d’une méthode
qualitative innovante :
le cas de Newcastle
Exemple européen intéressant, le cas de Newcastle-upon-Tyne au
Royaume-Uni se distingue par son approche qualitative et plu-
rielle basée sur une démarche participative destinée à aider les
décisionnaires à définir une zone calme en milieu urbain et rural.
La méthode structurée en deux étapes a consisté à consulter
les usagers et les acteurs impliqués (décideurs politiques par
exemple), soit 3000 personnes au total, sur un large territoire et
à traduire les données recueillies sur une interface informatique
de traitement quantitatif de l’information pour produire des cartes
de calme.
Première étape : la démarche participative
Selon l’article de C. Haggett de l’université d’Edimbourg publié en
2010 dans un rapport du Programme SASUPHII (Séminaire sur les
Ambiances Sonores Urbaines Pratiques et Habitudes de l’Interdis-
ciplinaire pour l’Intersectoriel) sur l’Habitant dans les recherches
scientifiques sur le bruit, pour le ministère de l’Ecologie (2010), une
démarche participative, « participatory appraisal », ouverte et sans
compétition entre les disciplines est une condition nécessaire pour
faire émerger l’expertise des habitants, l’idée étant de déplacer la
figure de l’expert traditionnel vers l’expertise des usagers.
La méthode consiste donc à explorer les perceptions, valeurs,
croyances et expériences des habitants, ce qui exige de la part
des chercheurs d’adopter une nouvelle posture comparativement
à la démarche scientifique habituelle. Ecoute active, focalisation
sur des problèmes locaux, utilisation de produits visuels plutôt
qu’écrits, humilité voire effacement des chercheurs au profit de
la parole des usagers, établissement de relations de confiance
sont quelques outils indispensables à la bonne conduite d’une
démarche participative réussie.
D’un point de vue concret, les sessions participatives ont été
conduites en extérieur, sur des stands dans différentes localités
et ont fait l’objet d’entretiens ouverts : « What is tranquillity ? »,
« What factors cause tranquillity ? », « What activities are asso-
ciated with tranquillity ? ». D’autres sessions plus formelles ont
été organisées avec des groupes de décideurs ou professionnels
locaux, incluant notamment des représentants du gouvernement
local, du patrimoine, du tourisme, des organisations de protection
de l’environnement. Commentaires écrits et oraux, diagrammes à
idées, dessins, cartes mentales, propositions d’idées sous forme
de notes réunies sur un tableau ont permis ainsi de collecter des
informations variées.
Cartographie du calme
Ces informations, validées par un échantillon d’usagers plus large,
ont ensuite été traitées sous forme de cartes à l’aide d’un Système
d’Information Géographique (SIG). Grâce à l’association d’autres
données nationales disponibles (par exemple, types d’occupa-
tion de l’espace, formes et fonctions urbaines, lieux naturels…),
les cartes ont permis de représenter les dimensions de la notion
de calme qui ont émergé lors des consultations : l’activité et la
présence humaine, les paysages et le bruit. Les cartes de calme
résultent alors de la modélisation cartographique de ces thèmes.
Exemple d’un aménagement
acoustique : le cas de Florence
Si les éléments naturels (eau, arbres, fleurs, oiseaux, etc.) sont
souvent associés par les usagers à la notion de calme, l’aménage-
ment artistique, visuel et sonore, n’est pas toujours cité comme
élément prioritaire. Pourtant, il participe bien à la notion de bien-
être et de ressourcement, comme en témoigne le projet d’aména-
gement de la Piazza de la Vittoria à Florence.
Divisée en quatre parties, la Piazza de la Vittoria fait partie des
projets pilotes menés par le bureau d’étude La vie en Rose qui
60
Suite de l’interview :
Or, comme le guide pour la création et la
préservation des zones calmes en France l’a montré, une approche
qualitative intégrant la perception des habitants et des usagers
des zones calmes est essentielle pour répondre à l’ensemble des
objectifs. Par exemple, l’esplanade de la Défense qui est un espace
particulièrement urbain est une zone calme potentielle en rapport
avec le ressenti des personnes qui la fréquentent. Espace de
rendez-vous, de rencontres et d’échanges dans un univers futuriste
à l’architecture audacieuse, l’Esplanade offre en effet un univers
de ressourcement et un certain bien-être aux personnes qui la
traversent ou qui s’y attardent à la sortie des bureaux, dans la
journée, voire le week-end.
Si la notion de zones calmes se cantonne à un référentiel
technique (acoustique essentiellement), c’est alors l’intérêt
même d’espaces clairement urbains qui disparaît. C’est aussi
potentiellement le germe d’effets économiques et sociaux
négatifs. Car la délimitation de zones calmes sans prise en
compte des facteurs humains peut engendrer des inégalités
sociales et environnementales dommageables pour la cohésion
d’un espace urbain.
»
 Echo Bruit
Zones calmes
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014
1...,52,53,54,55,56,57,58,59,60,61 63,64,65,66,67,68,69,70,71,72,...76
Powered by FlippingBook