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trimestre 2011
Modèles prédictifs de gêne en situation de multi-exposition à des bruits industriels
Stimuli
Le même principe de construction des combinaisons est
adopté pour l’expérience 2. Pour chaque type de combi-
naison envisagé, les stimuli suivants sont étudiés : A(45)
+ B(X) et B(45) + A(X), pour X valant 39, 43, 45, 47, 48,
50, 51 et 52 dB(A).
Deux différences sont à noter par rapport à l’expérience
pilote :
(1) les bruits composant la multi-exposition ne sont pas
présentés en mono-exposition et ;
(2) pour la combinaison des bruits LB avec les bruits CS,
seul le bruit s53(3) est conservé.
Pour le premier type de combinaison (bruits LB combinés
aux bruits BF), 64 stimuli de 5s sont diffusés aux sujets.
Pour le deuxième type de combinaison (bruits LB combi-
nés au bruit CS), 32 stimuli de 5 secondes sont diffusés
aux sujets.
Le déroulement est similaire à l’expérience pilote.
Résultats
Dans cette section, les formulations des six modèles de
gêne totale que nous avons retenus pour ce travail sont
détaillées, puis les résultats relatifs au test de ces modè-
les sont fournis.
Six modèles prédictifs de la gêne totale en situation
de multi-exposition sonore
Dans la suite de cette sous-section, les formulations des
modèles sont exprimées dans le cas simple où deux bruits
composent la multi-exposition. On adopte les notations
suivantes : A
T
pour la gêne totale, A
i
pour la gêne due au
bruit i, L
T
pour le niveau de bruit total, L
i
pour le niveau
de bruit de la source i. L
t
, L
ref
, A
ref
, et k sont des nota-
tions spécifiques au modèle de Vos [17], respectivement
l’indice de bruit global, le niveau sonore du bruit de réfé-
rence, la gêne due au bruit de référence et un coefficient
à fixer pour optimiser le modèle.
Le modèle de source dominante
Ce modèle stipule que la gêne totale est égale à la gêne
maximale des bruits composant la multi-exposition (cf.
équation (1)) :
(1)
Ce modèle a souvent été cité comme étant le plus perfor-
mant, pour divers cas de multi-exposition [18, 19].
Le modèle des effets indépendants
Ce modèle stipule que la gêne totale est une fonction des
niveaux sonores des bruits composant la multi-exposition
(cf. équation (2)) :
(2)
Ce modèle introduit par Taylor [20] repose sur l’hypothèse
que les gens sont capables d’évaluer les bruits séparé-
ment puis de les intégrer en additionnant leurs contribu-
tions respectives. Il s’est avéré performant dans certains
travaux [20, 21], mais peu dans d’autres [17].
Le modèle de sommation énergétique
Il stipule que la gêne totale est simplement une fonction
du niveau de bruit total de la multi-exposition (cf. équa-
tion (3)) :
(3)
Ce modèle a souvent été rejeté tant sur le plan théorique
qu’expérimental dans des travaux traitant de divers multi-
expositions sonores [11, 18, 20, 21]. Pourtant Izumi [7]
estime qu’on ne peut le rejeter puisque les autres modè-
les n’apportent pas d’améliorations significatives.
Le modèle de différence énergétique
Il stipule que la gêne totale est une fonction du niveau de
bruit total de la multi-exposition ainsi que de la valeur abso-
lue de la différence entre les niveaux sonores des bruits
composant la multi-exposition (cf. équation (4)) :
(4)
Ce modèle est une amélioration du modèle de somma-
tion énergétique, et a pour originalité de faire apparaître
un terme permettant de prendre en compte la possible
influence des différences entre les niveaux sonores des
bruits combinés sur la gêne totale [20]. Selon Miedema
[22], ce modèle est théoriquement inacceptable, et
du point de vue des performances, les résultats sont
assez disparates. Si Taylor [20] montre qu’il offre les
meilleures performances, d’autres études ont montré
l’inverse [18, 21].
Le modèle quantitatif de Vos [17]
Il stipule que la gêne totale est une fonction de l’indice de
bruit global, incluant le calcul de P
2
, une pénalité dépen-
dant du niveau sonore, pour prendre en compte les diffé-
rences entre les gênes induites par les différents bruits
de la multi-exposition. Le calcul de P2 implique le choix
d’un bruit de référence (cf. équations (5)-(9)) :
(5)
Où
(6)
(7)
Avec
(8)
(9)
Ce modèle à la base empirique a été validé théorique-
ment par Miedema dans une approche similaire [11]
(cf. le modèle de gêne équivalente). Notons qu’il impli-
que le choix d’un bruit de référence. Ses performan-
ces ont été supérieures à d’autres modèles classiques
dans certains travaux [17,21], mais Ronnebaum et al.
[18] estiment que le modèle de source dominante lui
est supérieur.