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trimestre 2011
Modèles prédictifs de gêne en situation
de multi-exposition à des bruits industriels
os concitoyens sont soumis à une multitude de bruits,
que ce soit de manière simultanée ou décalée dans le
temps. L’exposition au bruit a de multiples effets sur le
bien-être ou la santé, et l’un des plus étudiés est la gêne
sonore.
De nombreuses études et recherches ont eu pour objectif
de caractériser l’impact environnemental (en termes de
gêne sonore) d’une source de bruit de l’environnement en
particulier. Les bruits des transports – trafics routier, ferro-
viaire ou aérien - sont le plus souvent étudiés (cf. [1, 2]).
Certains chercheurs se sont penchés sur la question de
la gêne sonore en situation de multi-exposition, c’est-à-
dire lorsque des riverains dans des zones d’habitation
sont exposés à plusieurs sources de l’environnement, ces
sources étant parfaitement identifiables, tant du point de
vue acoustique que visuel [3].
Les premières études se sont focalisées sur les interactions
entre une source de bruit «cible» dans un bruit de fond prin-
cipalement constitué d’une autre source de bruit. Il s’agissait
alors d’étudier la gêne due au bruit aérien dans un bruit de
fond routier [4, 5, 6] ou d’étudier la gêne due au bruit ferro-
viaire dans un bruit de fond routier [3, 7]. Les résultats sont
disparates mais ont permis de mettre en évidence ce que
Powell [8] a appelé les phénomènes d’inhibition
1
.
Certains chercheurs ont également étudié la modélisa-
tion de la gêne sonore en situation de multi-exposition.
On ne dénombre pas moins de 9 modèles classiques de
gêne totale en situation de multi-exposition sonore (cf.
[9]). Ces modèles sont dits soit perceptifs (s’ils relient la
gêne totale à des données perceptives) soit psychophy-
siques (s’ils relient la gêne totale à des données acousti-
ques) [10]. Mais ces modèles ne font pas l’unanimité selon
les bruits considérés.
L’étude de l’impact sonore des bruits industriels en termes
de gêne sonore a été moins étendue par rapport aux bruits
des transports, et cela encore moins lorsqu’il s’agit de
multi-exposition sonore. Selon Miedema [11], cela peut
être dû à la grande hétérogénéité des différentes sour-
ces de bruit industriel.
EDF, impliqué dans une démarche de développement
durable, et l’ENTPE ont développé une approche consis-
tant à explorer, à travers deux études en laboratoire, la
gêne totale due à une multi-exposition entre deux bruits
industriels dans l’objectif de tester certains modèles
classiques prédictifs de la gêne totale. Pour cela, nous
nous basons sur une typologie perceptive de 6 catégo-
ries de bruits industriels permanents et stables obtenue
à partir d’un test de catégorisation libre [12, 13]. Dans
ce papier, deux types de combinaisons de bruits indus-
triels sont étudiés :
- (1) des bruits à large bande (notés bruits LB) émis par
des tours aéroréfrigérantes combinés à des bruits basses
fréquences (notés bruits BF) émis par divers types de
sources industrielles et;
- (2) les mêmes bruits à large bande combinés à des bruits
comportant une composante spectrale principale à 100 Hz
(notés bruits CS) émis par des transformateurs ventilés.
1- On dit que la gêne due à un bruit est inhibée par la présence d’un autre bruit
lorsque la réponse de gêne due au bruit visé est diminuée en présence de l’autre
bruit.
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Résumé
De précédents travaux de recherche ont, dans un premier temps, permis la
construction d’une typologie perceptive de bruits industriels permanents et stables,
aux caractéristiques spectrales très variées : bruits à large bande, bruits basses
fréquences, bruits à composante tonale, etc. Dans un deuxième temps, 6 catégories
qui forment cette typologie perceptive de sources industrielles ont été caractérisées
physiquement et perceptivement, et des indicateurs de gêne sonore d’exposition
mono-source ont alors été proposés pour chaque catégorie.
Cette communication aborde la gêne sonore due au bruit industriel sous l’angle de la
multi-exposition due à deux sources de bruit industrielles. Des bruits à large bande
sont combinés soit à des bruits au fort contenu basses fréquences, soit à des bruits
ayant une composante tonale principale à 100 Hz. La gêne totale due à ces deux
types de combinaison est évaluée en laboratoire. Six modèles de gêne totale, issus de
la littérature traitant de la multi-exposition sonore, sont testés et discutés.
Julien Morel, Catherine Marquis-Favre
Université de Lyon
ENTPE
CNRS FRE 3237 DGCB
3, rue Maurice Audin
69120 Vaulx-en-Velin
E-mail :
Stéphanie Viollon
EDF R&D
1, avenue du Général de Gaulle
92141 Clamart CEDEX
Marion Alayrac
EDF DTG
Service Opérationnel Thermique et Mécanique
21, avenue de l’Europe
38040 Grenoble CEDEX