Echo Bruit
n° 136
g
Dossier :
Eco-quartiers et
environnement sonore
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le magazine de l’environnement sonore
Une typologie sensible des lieux a pu montrer que les
habitants développent différents types de rapports aux
lieux, du plus commun, voire symbolique, au plus intime,
l’importance donnée au vécu sonore étant plus importante
dans la qualification des lieux intimes. Il est surtout également
ressorti que la qualité sonore générale d’un quartier ou
de lieux spécifiques pour les habitants se situe entre deux
indicateurs de qualité sonore, le calme positif, lié à la nature
et au paysage, proche du ressourcement et de la tranquillité,
et le vivant positif, lié aux sociabilités et à l’ambiance, signe
d’animation. Ce qui montre la nécessité de mettre en œuvre
une certaine diversité sonore, en donnant la possibilité aux
habitants d’accéder non pas seulement à des lieux silencieux,
mais aussi à des lieux vivants, ce qui renvoie à la qualification
donnée au calme dans le Guide national sur ce thème.
En fait, si les paysages sonores des quartiers durables
étudiés semblent être de manière générale appréciés, à la
fois calmes et vivants, la tendance à Kronsberg est toutefois
au calme négatif, témoignant alors d’un manque de lieux de
rencontre et d’espaces centraux animés. À l’inverse, Vauban
apparaît comme un quartier parfois pour certains trop vivant,
notamment en raison de l’omniprésence des enfants et du
manque de véritables espaces dédiés aux autres générations
et, ce faisant, à l’isolement/apaisement.
Même si elle n’était pas un objectif majeur de cette recherche,
une carte des paysages sonores des quartiers Kronsberg
et Vauban a pu être esquissée à partir de ces éléments de
qualification. Elle distingue les différents lieux pratiqués et
qualifiés par les habitants, chaque lieu étant localisé et décrit
à travers l’analyse croisée des paysages raisonné, sonnant
et auditif, basée sur une description morphologique et des
pratiques ; des illustrations photographiques et sonores
(relevés sonores par points d’écoute) ; des éléments du
projet ; et la qualification sonore du lieu par les habitants.
Comme d’autres exemples étrangers l’ont déjà expérimenté
(hors quartiers durables), cette carte pourrait prendre la
forme dans des travaux ultérieurs d’une carte multimédia
interactive, plus évolutive, et mêler différentes modalités
sensorielles de représentation. Elle pourrait ainsi devenir un
outil de communication et d’aide à la décision, accessible à
tous les acteurs de l’aménagement (décideurs, concepteurs,
habitants). Elle est également une alternative, ou du
moins un contrepoids qualitatif et sensible, à l’approche
essentiellement acoustique et quantitative des cartes de
bruit réalisées dans les grandes agglomérations, et souvent
à ce jour ressource unique dans les projets d’éco-quartiers en
France, malgré la volonté de plus en plus affichée d’intégrer
les habitants leurs attentes et modes de vie, leurs perceptions
et pratiques dans les projets.
Références bibliographiques
G. FABUREL, (resp. scient.), T. MANOLA, E. GEISLER (Avec l’aide de
S. TRIBOUT et H. DAVODEAU), 2012, Les quartiers durables : moyens
de saisir la portée opérationnelle et la faisabilité méthodologique
des paysages multisensoriels ? Rapport final Lab’Urba, LAREP et
Aménités, dans le cadre du PIRVE, pour le CNRS et le PUCA, 175 p.
G. FABUREL et N. GOURLOT, 2008, Référentiel national pour la
définition et la création des zones calmes. À destination des
collectivités locales, Rapport final du CRETEIL pour la Mission Bruit
du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable
et de l’Aménagement du Territoire, mai, 207 p.
G. FABUREL et C. ROCHE, 2012, « Les éco-quartiers, du projet
technique et architectural… au projet social : vers une typologie de
cas étrangers et français », Revue Recherche sociale, n° 197, 18 p.
E. GEISLER, 2011, Élaboration d’une méthode de qualification du
paysage sonore. Le cas des quartiers durables allemands Kronsberg
et Vauban, Thèse de doctorat en Sciences et architecture du
paysage, sous la direction de P. Donadieu et H. Davodeau, 500 p.
T. MANOLA, 2012, Conditions et apports du paysage multisensoriel
pour une approche sensible de l’urbain. Mise à l’épreuve théorique,
méthodologique et opérationnelle dans 3 quartiers dits durables
européens : WGT, Bo01, Augustenborg, Thèse de doctorat en
Urbanisme, sous la direction de C. YOUNES et G. FABUREL, 646 p.
Contacts :
Guillaume FABUREL
Institut d’Urbanisme de Lyon
Université Lyon II
UMR Triangle
Mail :
Bureau de recherches Aménités
(Aménagement, Environnement, Territoires)
Elise GEISLER
LAREP
Ecole Nationale Supérieure du Paysage Versailles
Mail :
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