Echo Bruit n°136 - page 14

Echo Bruit
n° 136
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Dossier :
Eco-quartiers et
environnement sonore
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le magazine de l’environnement sonore
d’appartenance (logique intégrative) : « Une zone
de mixité fonctionnelle développant un esprit de
quartier ; c’est un endroit où les personnes veulent
vivre et travailler, maintenant et dans le futur. Les
quartiers durables répondent aux divers besoins de
ses habitants actuels et futurs, ils sont sensibles à
l’environnement et contribuent à une haute qualité de
vie. Ils sont sûrs et globaux, bien planifiés, construits
et gérés, et offrent des opportunités égales et des
services de qualité à tous » (Accord de Bristol).
Or, par cette évolution, l’habitant serait dorénavant placé au
cœur, tant dans le projet, que dans sa réalisation et surtout
son appropriation.
L’habitant au cœur de l’éco-quartier :
implications citoyennes et ressources
expérientielles pour les projets
C’est ainsi que la mobilisation et l’implication directe des
habitants du lieu ou de ses pourtours se veut une ambition
commune de tout éco-quartier, prenant appui, en France :
n
sur l’évolution réglementaire en matière de
démocratie participative (Débats publics créés par
la Loi relative au
Renforcement de la protection de
l’environnement,
1995 ; Conseils de quartier dans la
Loi
Démocratie de proximité
, de 2002…) ;
n
mais aussi sur des expériences moins
institutionnelles, plus remontantes, des domaines de
l’urbanisme et de l’environnement, autour d’ateliers
de co-production, de cartographies collaboratives
(dont certaines remarquées dans le domaine sonore)
ou encore d’enquêtes et forums en tous genres.
Cette évolution s’est également faite en réponse à
quelques orientations définies dans le cadre des politiques
européennes en termes de développement durable et
d’aménagement de même qu’en réponse à des initiatives
remarquées à l’étranger, à l’exemple de Türbingen. « Il est
important que les habitants (futurs habitants, usagers et
riverains) soient impliqués dès la conception de l’EcoQuartier.
En prenant part à la conception de leur futur lieu de vie, les
habitants pourront plus facilement en respecter les principes
de fonctionnement. Une volonté d’adhésion la plus large
possible doit animer sa création, dans le but d’éviter un
phénomène de rejet ultérieur ou l’« effet vitrine » de certaines
constructions «avant-gardistes» ». (Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie).
Il est vrai que, si une attention particulière est donnée à la
transparence de la démarche par un travail de communication,
d’information, voire de « pédagogie » ou de « sensibilisation »
au projet, les éco-quartiers doivent également, selon la grille
d’évaluation 2011, permettre des modes de vie solidaires
et responsables, et en ce sens, promouvoir d’autres formes
de convivialité. Ils se doivent alors de repartir avant tout de
l’existant et des pratiques et dynamiques du territoire pour
créer un développement urbain contextualisé, cohérent avec
son environnement.
C’est ici que les compétences habitantes, usagères,
citoyennes, riveraines et associatives sont appelées à être
intégrées et valorisées. Comme la conférence Co-Construire
la ville aujourd’hui, inscrite dans le cycle innovation du Club
EcoQuartier1, qui s’est tenue le 19 mai 2011 à Strasbourg, l’a
relayé : la participation des habitants peut en fait conduire
à des propositions novatrices sur la vie d’un quartier, voire
même à des innovations plus larges pour les sociétés locales.
Par exemple, situé à la jonction de trois villes, Roubaix,
Tourcoing et Wattrelos, le projet de l’Union à Roubaix,
joue le rôle d’éco-quartier pilote de la métropole lilloise.
Premier prix ex æquo au Palmarès 2011, ce projet se veut
unificateur. Pour ce faire, avec l’aide de l’architecte Patrick
Bouchain, l’Atelier électrique, à la fois baraque de chantier,
lieu de travail et de concertation, espace d’accueil, de vie
des habitants de l’îlot Stephenson, est devenu, depuis son
inauguration en avril 2009, un espace de rencontres et
d’échanges entre tous les acteurs du projet, et, ce faisant, un
espace emblématique de cet éco-quartier. De même, le projet
Manufacture-Plaine Achille, grand projet de requalification
d’une zone en friche (107 hectares) en continuité du centre-
ville de Saint-Etienne, s’affiche parmi les lauréats du prix
Rénovation urbaine. L’évolutivité du projet insiste sur la
conception d’aménagements non figés pour s’adapter aux
pratiques. Un plan guide (plutôt qu’un plan masse) a servi
d’outil de travail évolutif et participatif afin de construire la
démarche collaborative « chemin faisant ». Une place à la
co-conception et l’appropriation du projet a été pensée par le
dispositif « carte sur table » qui visait à rendre les documents
techniques accessibles à tous et à les mettre en dialogue par
leur caractère évolutif.
Ces deux exemples (auxquels on peut ajouter les Grisettes,
Lancre de Lune, Le Plateau de Haye, ainsi peut-être que Gare
à Pantin, l’Ile-Saint-Denis…), dont les objectifs devront être
vérifiés dans le fonctionnement même des quartiers, se
caractérisent par des démarches de conception attentives à
la question de la participation, où l’habitant n’est pas pensé
comme simple récepteur/consommateur/usager de l’espace,
mais bien capable d’initiatives par ses propres expériences
et actes, notamment ceux attachés à la vie de quartier. Les
éco-quartiers apparaissent alors parfois à ce jour comme de
véritables laboratoires expérimentaux en matière d’inclusion
sociale et d’implication habitante.
1 Composé par le MEDDE et réunissant en 2011 les 160 collectivités candi-
dates au premier appel à projet, il assure une diffusion rapide des bonnes
pratiques, identifie des obstacles et imagine des solutions, à travers un
programme de groupes de travail et de conférences à large audience.
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