Echo Bruit - Hors-série - NOV2014 - page 65

participation des habitants – tous ces champs étant en théo-
rie mobilisés lors la création d’une zone calme – nécessite une
transversalité entre services qui n’est, à ce jour, toujours pas
applicable en France.
Cependant, avantage de la création de zones calmes dans les
communes, les maires ont à travers cette initiative la possibi-
lité de prendre à bras le corps la problématique du bruit non
plus d’un point de vue coercitif mais de manière positive. Ils
montrent ainsi qu’ils prennent en compte la quête de la popu-
lation pour un meilleur environnement sonore et participent au
mieux-être de chacun à moindres frais. Car, autant dresser un
mur antibruit engage des investissements longs et importants,
autant créer une zone calme est une solution peu coûteuse et à
la portée de tous.
Enfin, aborder la qualité de l’environnement sonore non plus ex-
clusivement en termes quantitatifs mais en termes de qualité de
vie permet également de croiser les regards entre sciences hu-
maines et sociales et ingénierie de l’acoustique, et rompre avec
les habitudes professionnelles où le niveau sonore serait le princi-
pal indicateur de la qualité de l’environnement sonore.
Le volet zones calmes de la directive européenne de 2002 consti-
tue donc une occasion pour les communes, quelle que soit leur
taille, de s’approprier de manière positive la problématique de
l’environnement sonore.
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Les zones calmes : place à la singularité
Interview de Philippe Woloszyn,
architecte acousticien au CNRS.
«
Lorsque l’on a traduit « quiet areas » en anglais par zones
calmes, on a escamoté la notion de ressourcement qui est
contenu dans le concept anglais. Cette traduction bancale
de « zone calme» ne permet pas de retrouver la dimension
de « ressourcement » sous-entendue dans le terme anglo-
saxon, et fait, de fait, référence à une quantité acoustique
plutôt qu’à une qualité sonore. Une zone calme bordée
d’une route dont le niveau sonore atteint 55 dB est en effet
perçue comme moins calme, moins apaisante et moins
propice au ressourcement qu’un espace où le niveau sonore
des chants d’oiseaux atteint 60 dB.
Mais tout dépend aussi de l’endroit où l’on se trouve.
Un des intérêts majeurs du volet «Zone calme» de la
directive européenne est justement de permettre à chaque
collectivité de réfléchir à ce que « bien vivre en ville »
signifie pour ses habitants. Car, selon la région, au Nord ou
au Sud, on ne définit pas le bien-être de la même manière ;
les besoins sont différents, les modes de vie divergent, etc.
D’où l’importance de ne pas normaliser ces espaces et de
prendre en compte des critères qualitatifs pour les définir.
Ainsi, la population locale, par définition singulière, devient
cocréatrice de son environnement.
»
Pour aller plus loin
Good Practice guide on quiet areas
TECHNICAL REPORT NO 4, 2014, 58 PAGES
L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié en
2014 un guide de bonnes pratiques pour les zones calmes.
Ce document en langue anglaise explore un grand nombre
de critères de définition et présente un tour d’horizons des
actions menées à travers l’Europe. Le guide fournit également
des recommandations méthodologiques pour définir des zones
calmes en ville et à la campagne.
À télécharger sur
Référentiel national pour la définition et la création
des zones calmes
Guillaume Faburel et Nathalie Gourlot
CENTRE DE RECHERCHE C.R.E.T.E.I.L POUR LA MISSION BRUIT., 2008, 207 PAGES.
UNE SYNTHÈSE OPÉRATIONNELLE DE 20 PAGES EST ÉGALEMENT DISPONIBLE.
Le guide, élaboré à partir d’une démarche mêlant état de
l’art, entretiens d’acteurs et expérimentation in situ, aborde
l’état des connaissances en la matière de zones calmes puis
dresse une revue de la littérature nationale et internationale
sur ce sujet. Suivent des synthèses d’entretiens avec des
acteurs locaux ou nationaux représentatifs, ainsi qu’une
expérimentation menée sur six sites différents. Figurent
également dans ce document des éléments d’aide à la rédaction
d’enquêtes sur les zones calmes auprès de la population
(questionnaire, définition de l’échantillon….).
Une synthèse de ce référentiel, intitulée « Guide national pour
la définition et la création des zones calmes » reprend les
principaux points opérationnels de ce document, notamment
des critères pour l’identification des zones calmes.
Téléchargeable sur le site du CIDB
 Echo Bruit
Zones calmes
Numéro spécial
État de l’environnement sonore 2014
1...,55,56,57,58,59,60,61,62,63,64 66,67,68,69,70,71,72,73,74,75,...76
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