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Fig. 13 : Niveaux de pression (dB) en fonction de la fréquence (Hz)
dans l’axe du caisson de basse. Courbe rouge :
niveau mesuré, Courbe noire : niveau après séparation.
On-axis pressure levels. Red curve : measured,
black curve: after separation processing.
Pour un fabricant ne disposant pas de ces prérequis, une
méthode alternative : « la chambre de référence » permet
également d’obtenir de bons résultats. Pour mettre en
œuvre cette technique, il suffit de mesurer le rayonne-
ment d’un caisson de référence en extérieur et dans une
salle de très petit volume - dont le premier mode est supé-
rieur à 200 Hz par exemple. On calcule ensuite la fonction
de transfert entre les configurations intérieur et extérieur.
Cette fonction de transfert pourra ensuite être appliquée
pour tout caisson de dimensions voisines et de type de
rayonnement semblable [6].
Conclusion
Le renforcement des basses fréquences dans le cadre
d’évènements sonorisés a augmenté les risques de nuisan-
ces de voisinage et fait émerger les problèmes de « power
alley » ou encore des problèmes liés à la réponse modale
des salles dans les graves. Les acteurs du métier ont
proposé différentes solutions pour pallier ces difficultés.
Ces solutions donnent souvent de bons résultats mais
possèdent un surcoût en général assez élevé. En effet,
pour les systèmes multicanaux, le coût des haut-parleurs
supplémentaires et surtout des amplificateurs associés est
loin d’être négligeable. On conçoit aisément que la contre-
partie financière ne puisse pas être assumée par les plus
petites structures organisant des concerts.
Une autre difficulté concerne l’intégration des réseaux de
haut-parleurs sur scène. La place n’est pas toujours disponi-
ble pour disposer un ou deux réseaux sur le sol. La solution
consistant à suspendre les réseaux est bien adaptée aux
configuration à rayonnement transversal mais peut plus diffi-
cilement être appliquée aux réseaux de type « end-fire ».
Dans tous les cas, une bonne gestion des basses fréquen-
ces passe par une bonne formation des différents inter-
venants : ingénieurs système et ingénieurs du son qui ne
chercheront pas à obtenir l’impossible. Il est indispensa-
ble de bien connaître les limites du système de sonorisa-
tion à sa disposition et les contraintes associées au lieu
de diffusion afin de s’y adapter. Ces derniers pouvant
varier chaque jour lors de tournées. Les fabricants de
matériel, pour beaucoup, proposent de l’aide aux utili-
sateurs finaux qui peut prendre la forme de préréglages,
de cours ou de logiciels permettant de prédire le rayon-
nement de réseaux de sources complexes.
Concernant l’avenir, l’évolution du décret n° 98-1143 rela-
tif aux locaux recevant du public et diffusant de la musi-
que amplifiée permettra sans doute de mieux protéger le
public et le voisinage en imposant de nouvelles contrain-
tes. Si certaines des solutions techniques présentées ici
sont utilisées, on peut espérer que la qualité acoustique
sera au rendez-vous sans déclencher intempestivement
les limiteurs électroacoustiques.
Dans un autre domaine, des projets de recherche PARABAS
[8] dont le but était d’étudier la faisabilité de matériaux hybri-
des actifs-passifs à contrôle décentralisé permettant d’obte-
nir de bonnes caractéristiques d’isolement et d’absorption
aux basses fréquences permettront peut être d’apporter
de nouvelles solution. Ces nouveaux matériaux seraient
particulièrement utiles pour les salles de spectacles encla-
vées entre des immeubles d’habitation. Des grandes villes
comme Paris, regorgent de salles de ce type, dont l’acti-
vité pourrait être mise en péril sans recourir à l’utilisation
de solutions techniques performantes.
Pour terminer, rappelons que l’isolation acoustique ne
pouvant que très rarement être améliorée à un coût non
prohibitif, la gestion des problèmes d’émergence aux
très basses fréquences passe par donc par deux grands
principes : une utilisation raisonnable et intelligente des
exploitants et une installation de sonorisation adaptée et
réglée aux contraintes spécifiques de chaque lieu diffu-
sant de la musique amplifiée.
Glossaire
Bass trap : matériau, généralement passif, absorbant les
basses fréquences.
End-fire array : réseau dont la directivité est maximale
dans la direction d’alignement des transducteurs.
Line array : réseau linéaire d’enceintes acoustiques permet-
tant d’augmenter la zone de couverture du public.
LFE (Low Frequency Effect) : canal réservé aux basses
fréquences (10-120 Hz). Sa présence est généralement
précisée par le terme « .1 » (exemple système 5.1).
Subwoofer : caisson de graves ou caisson de basses sont
des termes désignant les enceintes chargées de repro-
duire les fréquences inférieures à 80 Hz.
Références bibliographiques
[1] M. Boone, W. Cho & J. Ih, “Design of a highly directional endfire loudspeaker
array», J. Audio Eng. Soc., 309-25, 382-92 (2009)
[2] Ph. Herzog, A. Soto-Nicolas, and F. Guéry. Passive and active control of the
low-frequency modes in a small room. 98th A.E.S. convention, number 3591,
Paris, 1995
[3] J. Backman Low-frequency polar pattern control for improved in-room
response., 115th Convention, number 5867, New York, 2003
[4] H. Lissek, R. Boulandet and R. Fleury, “Electroacoustic absorbers: Bridging
the gap between shunt loudspeakers and active sound absorption”, J. Acoust.
Soc. Am., 129(5), 2968 (2011)
[5] A. Gintz, Contrôle actif du champ acoustique diffracté à basse fréquence pour
les parois d’une chambre anéchoïque, thèse de l’Université de Provence, 2009
[6] M. Melon, C. Langrenne, D. Rousseau, P. Herzog, “Comparison of four
subwoofer measurement techniques”, J. Audio Eng. Soc., 55 (12), 1077-91 (2007)
[7] M. Melon, C. Langrenne, P. Herzog, A. Garcia, “Evaluation of a method for
the measurement of subwoofers in usual rooms”, J. Acoust. Soc. Am., 127(1),
256-263 (2010)
[8]
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Spécial « infrasons »
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