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Acoustique et défense
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Du principe à la 3
ème
génération, concept et applications de la détection de tirs d’armes légères
Le développement de nouveaux systèmes au début
des années 2000
Deux variantes de l’équipement sont alors développées :
- un système statique, pour la protection d’un espace fixe tel
qu’un check-point, une base ou un bâtiment sensible ;
- un système pour véhicule, qui peut fonctionner en mouve-
ment ou à l’arrêt. On ne se rend pas compte des niveaux de
bruit élevés que l’on rencontre dans les véhicules militaires,
et de plus, avec les casques radio ou intercoms, et l’isola-
tion apportée par les surblindages maintenant généralisés,
la perception des bruits extérieurs est très réduite.
Les équipages sont dès lors incapables de localiser la
source de tirs et ne réalisent pas ou trop tard la présence
de tirs : il n’est pas rare que l’on constate au retour de
mission de véhicules blindés de nombreux impacts qui
n’ont pas été perçus par l’équipage. Et un tir « «raté» »,
passant de peu à côté du véhicule sera quand à lui tota-
lement ignoré…
Photo 4 : Système intégré sur véhicule de transport de troupes
Grâce à la mise sur le marché des premières versions du
PILAR, et aussi grâce à la communication qui se fait dans
le monde particulier des Forces Spéciales, le système de
détection a été évalué au travers d’un Foreign Comparative
Testing (FCT), procédure spécifique aux USA qui permet
d’évaluer des produits étrangers en cas de lacune capa-
citaire sur le territoire US.
Le succès de ce test va entraîner une collaboration très
étroite avec les US SOCOM (Special Operations Command)
qui sont des utilisateurs à la fois exigeants et pragmati-
ques. Leur credo est de valider que les matériels répondent
au moins à 80% de leurs besoins en conditions opération-
nelles. Les systèmes existants ont donc été qualifiés aux
sévères normes MIL-STD puis la gamme a été complétée
avec, par exemple, un couplage avec l’optronique réalisé
avec le système PIVOT, soit une tourelle équipée d’une
caméra et, en option, d’une caméra thermique automa-
tiquement dirigée dans la direction de l’origine d’un tir.
Cela permet de valider la menace et d’affiner encore la
position du tireur.
La voie du futur : miniaturisation et intégration de
logiciels
Une tendance de fond est la généralisation de ces équi-
pements, ce qui va de pair avec la réduction des tailles,
poids, consommation et coût.
Photo 5 : Microphone miniature et carte de conditionnement
En effet, ce qui est évident pour un fantassin qui doit trans-
porter son énergie, le devient également pour les véhi-
cules qui doivent embarquer tout ce dont le fantassin a
besoin, équipements incluant l’armement mais aussi les
tenues, le ravitaillement etc.. pour des missions pouvant
durer plusieurs jours.
Photo 6 : Système miniaturisé pour montage sur arme
Et donc, la multiplication des systèmes crée des problèmes
de place, de consommation électrique, voire de sources
de chaleur supplémentaires alors que tous les véhicules,
souvent anciens, ne sont pas encore dotés de la clima-
tisation ni d’un volume et d’une charge utile suffisants.
De même, les besoins évoluent, les menaces diffèrent
d’un théâtre à l’autre et le spectre de menaces à détecter
doit s’élargir. Un détecteur acoustique ne doit pas se limi-
ter aux tirs mais aussi devenir les oreilles du véhicule et
de son équipage. Enfin, la multiplication des équipements,
bien sûr tous indispensables, crée un problème budgétaire.
La réduction des coûts se comprend dans le sens où des
systèmes fabriqués seulement par dizaines pourraient béné-
ficier de modes de fabrication plus efficaces s’ils étaient
fabriqués en grandes quantités. En retour, la réduction du
coût permet d’équiper plus largement les forces et donc
de fournir une meilleure protection des combattants.
Sur un plan opérationnel, le besoin de communication
entre unités, la vision que le commandement souhaite
avoir de la situation sur le terrain font que les capteurs
doivent être capables de s’intégrer dans une chaîne de
transmission d’information pour ce que l’on appelle le suivi