AT66 - page 23

23
Acoustique et défense
66
Du principe à la 3
ème
génération, concept et applications de la détection de tirs d’armes légères
De même, les facteurs poids, encombrement, et par
conséquence autonomie électrique sont autant de para-
mètres d’acceptation. D’autres informations pourront être
ajoutées dans la mesure du possible : les coordonnées
GPS de l’origine du tir, le calibre de l’arme, qui relèvent de
problématiques différentes, de l’intégration d’un système
de positionnement d’une part, de l’exploitation du signal
acoustique d’autre part.
Enfin, il convient de différencier les exigences selon l’ap-
plication : protection du fantassin, équipement du véhicule
blindé, autoprotection de l’hélicoptère ou surveillance de
base pour le domaine de la défense, et le pendant sécuri-
taire civil avec l’utilisation des mêmes porteurs lors d’évè-
nements majeurs, la protection de VIP ou encore d’instal-
lations sensibles…
Le contexte historique
Les premiers pas ratés de la détection ou le
«syndrome irlandais»
Dans les années 1970, les Britanniques avaient essayé
de se doter de tels équipements dans le cadre de la lutte
contre l’IRA. Malheureusement, les résultats étaient très
mitigés car les rues de Belfast généraient beaucoup plus
d’échos que le système n’était capable de filtrer. Comme
bien souvent dans le domaine militaire, ces résultats ont
pénalisé les produits développés par la suite car il subsis-
tait des rapports qui concluaient à l’inadéquation de la tech-
nologie acoustique ! Encore maintenant, certains obser-
vateurs ont des doutes sur les possibilités offertes par
l’acoustique alors que des systèmes comme le PILARw
ont été déployés avec succès sur de nombreux théâtres
et que leur emploi se généralise. Il n’en reste pas moins
vrai que la combinaison avec des capteurs complémentai-
res peut être encore plus performante que la seule tech-
nologie acoustique.
De 1995 à 1998, les premières applications sur le
terrain
Photo 2 : Site urbain entouré de collines, très
exposé à la menace de snipers
Lors des évènements de Sarajevo, les Forces Spéciales
Françaises en collaboration avec la STAT (Section tech-
nique de l’Armée de Terre) ont contacté 01dB-Metra-
vib, afin d’étudier un appareil qui permettrait de locali-
ser les snipers. Après une rapide réflexion scientifique,
il a été décidé d’adapter un système existant, destiné à
la détection d’intrusion de véhicule, à la détection de tirs.
Afin de récolter des exemples de signaux réels à l’aide d’un
prototype, Fréderic Molliex est alors parti volontairement
à bord d’un avion militaire, habillée en soldat de l’ONU.
Ces tests réels ont été indispensables pour optimiser le
travail d’analyse en laboratoire afin de confirmer la matu-
rité de la technologie acoustique pour ce type d’applica-
tion. Le RETEX de cette mission intitulée SERRIA-BRAVO
fut un succès. La collaboration entre la DGA, la STAT, les
Forces Spéciales et 01dB-Metravib s’est donc intensi-
fiée afin de finaliser au plus vite une première version du
produit pour la mettre à disposition sur le terrain. C’est
le début de l’histoire du PILAR (Produit d’Identification et
de Localisation d’Armes à feu).
Très rapidement, les équipes techniques du Service
Détection acoustique des menaces (DAM) se sont orien-
tées vers une technologie «classique» : une antenne acous-
tique composée de plusieurs microphones qui permet
une triangulation sur les deux ondes acoustiques des
tirs (onde de la balle et onde de la détonation). Afin de
déterminer les informations de localisation en azimut et
en élévation, l’antenne comporte trois microphones dans
un plan horizontal et un microphone placé en hauteur, ce
qui lui donne une forme tétraédrique.
Photo 3 : Antenne microphonique prototype installée
sur un VAB de l’armée française
Actuellement, les performances atteignables par ce type
d’antenne autorisent une précision de l’ordre de +/- 2 à 5°
pour les deux grandeurs. La distance s’obtient par la diffé-
rence de temps d’arrivée entre l’onde de Mach (celle du
projectile) et l’onde de bouche (celle résultant de la défla-
gration de la poudre propulsive) corrigée de la distance
de passage de la balle et de la loi de vitesse de la muni-
tion. Lorsqu’on dispose de plusieurs antennes comme
dans le cas de la protection d’une base, la précision
de la distance est améliorée par triangulation à partir
des différents points de mesure (fusion homogène).
Relativement aux autres grandeurs, la distance est obtenue
avec une erreur plus grande. Sur un plan opérationnel, la
distance est un paramètre moins critique que la direction :
en effet, lorsque la direction est bonne, il est possible de
scruter avec des jumelles ou tout autre moyen optique
le cône de menaces et finalement de procéder visuelle-
ment à la phase de localisation plus fine et d’identifica-
tion de la menace.
1...,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22 24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,...58
Powered by FlippingBook