Echo Bruit
n° 137
g
Bâtiment
31
le magazine de l’environnement sonore
des portes des loges qui s’ouvraient,
de 1786 à 1974, entre les pourtours et
les loges de la salle) afin de réduire la
surface absorbante des damas muraux.
Le bois sera utilisé au naturel pour le
plancher de l’orchestre et la structure
des séparations des loges, ainsi que
pour habiller les dossiers des fauteuils.
Le bois sera utilisé peint sur les balcons
intermédiaires pour les rendre moins
présents, sur les cloisons séparatives
des loges et sur les portes feintes ou
d’accès qui seront disposées suivant le
rythme dicté par les poteaux en béton
de Louis Blanchet. Esthétiquement,
l’ajout de ses portes redonnera
également un cadencement vertical à
toute la salle.
Une attention particulière sera portée
aux loges d’avant-scène car elles
sont non seulement la structure
architecturale du passage entre la salle
et la scène, mais aussi le « porte voix »
des acteurs depuis la scène vers la salle.
Ces éléments ont été transmis
au regard des premières études
réalisées par l’architecte en chef
des Monuments Historiques. Des
modifications et évolutions sont
susceptibles d’intervenir durant la
phase de réalisation des travaux
suivant l’arbitrage des inspecteurs des
Monuments Historiques.
Ces ouvrages en bois peints devront
aboutir à un retour à la trichromie
blanc, or et rouge, qui a prévalu de la fin
du
xviii
e
siècle jusqu’aux années 1930.
Ceci contribuera, par des contrastes
plus marqués, à la réaffirmation
de l’ordonnancement et donc de
l’identité de la Salle Richelieu, salle de
spectacle historique et de renommée
internationale.
Enjeux techniques et
acoustiques
La Salle Richelieu a subi depuis sa
construction plusieurs phases de
travaux de rénovation qui l’ont amené
successivement à revêtir son état
actuel, dans lequel de nombreux
velours et damas tendus apportent
une acoustique relativement mate
à l’ensemble de l’auditoire et une
réverbération trop courte par rapport
au volume de la salle.
L’évolution des techniques du jeu au
cours des trente dernières années, rend
de plus en plus nécessaire l’utilisation
d’une salle dont l’acoustique permet de
se prêter à un jeu plus contemporain
et souvent plus en nuances réalistes.
Le confort obtenu d’un côté (plus de
moelleux pour les sièges, plus de
douceur pour le sol, plus de visibilité,
une meilleure aération, un meilleur
éclairage…) a donc été perdu de l’autre.
La réverbération relativement courte
de la salle en comparaison au volume
qu’elle offre, peut expliquer la gêne
ressentie d’une part par le public et
d’autre part par les acteurs, obligés
d’adapter leur voix pour combler
acoustiquement le volume et se faire
entendre.
Les aménagements prévus dans le
cadre de cette restauration ont donc
pour objectif d’améliorer sensiblement
l’acoustique de la salle, en réajustant
l’équilibre entre les matériaux
absorbants (sol en moquette épaisse,
fond de salle, séparatifs des baignoires,
portes…) et réverbérants (plafond de
la salle, dorures des balcons…). Cette
restauration acoustique aboutira
à une augmentation des surfaces
réverbérantes en cohérence avec le
volet architectural.