Echo Bruit
n° 132
03.2011
g
Santé
57
le magazine de l’environnement sonore
Caisse fédérale d’assurance Suisse
Suva a voulu le savoir avec précision
et a évalué les données des quelque
1 000 apprentis qu’elle assure chaque
année et dont elle contrôle l’audition
à titre préventif dans les audiomobiles
depuis 1971. Les chiffres ne manquent
pas de surprendre : ces jeunes
n’entendent pas moins bien, mais
mieux que par le passé.
Si les apprentis présentant des
particularités auditives dans les
sons aigus représentaient encore
plus de 40 % avant 1975, cette part
est d’environ 13 % depuis quelques
années. Selon la Suva un tel résultat
est certainement lié à l’amélioration
des procédés audiométriques et
à la stratégie qui vise à identifier
rapidement d’éventuelles lésions
auditives au moyen de mesures plus
précises et à prendre des mesures en
conséquence. La tendance demeure
toutefois positive après 1998 alors
même que les méthodes et techniques
audiométriques n’ont plus connu de
changements.
« Cette méta-analyse a montré une
relation dose-réponse débutant à un
seuil de 60 dB ».
« Cette valeur pourrait donc être un
seuil pour les effets à la fois cérébro
et cardiovasculaires du bruit du trafic
routier »,
estiment-ils.
La stratification en fonction de l’âge
médian de survenue des AVC dans
cette population (64,5 ans), montre
que les sujets les plus âgés sont aussi
les plus exposés : la corrélation entre
exposition au bruit et AVC ne reste en
effet significative que chez les sujets
d’âge supérieur à 64,5 ans.
Chez les plus de 64,5 ans, le risque
augmentait de 27 % par palier de
10 dB. Chez les moins de 64,5 ans, le
surrisque n’était que de 2 % par palier
de 10 dB.
Cet effet de l’âge pourrait s’expliquer
par une plus forte prévalence des
troubles du sommeil chez les personnes
âgées, en lien avec l’exposition au
bruit au cours de la nuit, suggèrent
les auteurs. En effet, ces troubles
contribuent aux lésions cérébro- et
cardiovasculaires. Cependant l’étude
ne permet pas de distinguer les
expositions nocturne et diurne au bruit,
les deux étant étroitement corrélées.
Autre limite de l’étude : un important
facteur confondant n’a pu être éliminé.
Il s’agit du statut socio-économique,
connu pour être un facteur prédictif
d’AVC.
Or, les participants les plus exposés au
bruit étaient le plus souvent également
ceux qui possédaient les plus faibles
revenus. Aussi est-il possible que
des différences socio-économiques
représentent un facteur confondant
dans l’association entre l’exposition au
bruit et le risque d’AVC, admettent les
auteurs.
« S’agissant de la première étude de
ce genre, les résultats doivent être
confirmés par d’autres études avant
que l’on puisse tirer des conclusions »,
concluent-ils.
L’étude « Diet, cancer, and Health »
menée par des chercheurs danois
a porté sur une cohorte de 51 485
participants vivant à Copenhague et
Aarhus, avec un suivi moyen de 10 ans.
Road traffic noise and stroke : a
prospective cohort study — European
Heart Journal Advance Access published
January 25, 2011
Article téléchargeable sur:
content/early/2011/01/08/eurheartj.
ehq466.full.pdf + html
n
« Les chiffres sont alarmants : les
jeunes entendent de moins en moins
bien. » De telles affirmations offrent
bien évidemment matière à réflexion.
Une étude de la Suva réalisée dans
le cadre de la Journée contre le bruit,
qui a eu lieu le 27 avril dernier, atteste
pourtant le contraire en ce qui concerne
les apprentis de l’industrie et de
l’artisanat.
Mauvaise audition des jeunes ?
Les raisons ne sont généralement
pas longues à trouver : les jeunes
d’aujourd’hui écoutent de la musique
de plus en plus longtemps et de
plus en plus fort et ruinent ainsi leur
capital auditif. Or l’opinion largement
répandue selon laquelle l’ouïe des
jeunes se dégraderait inexorablement
se vérifie-t-elle dans les faits ? La
Les jeunes entendent-ils
vraiment moins bien que par le
passé ?