Echo Bruit n°132 - page 58

Echo Bruit
n° 132
03.2011
g
Santé
56
le magazine de l’environnement sonore
L’impact délétère du bruit lié aux
transports routiers, ferroviaires et
aériens sur le risque d’hypertension
artérielle (HTA) ou de maladies
coronaires, avait déjà été suggéré.
Mais c’est la première fois qu’une étude
montre un lien avec le risque d’AVC.
L’exposition aiguë au bruit est
soupçonnée d’activer le système
sympathique et endocrinien. Elle
provoquerait des modifications de la
pression artérielle et de la fréquence
cardiaque ainsi qu’une libération
d’hormones du stress, expliquent le
Dr Mette Sørensen (Institute of Cancer
Epidemiology, Danish Cancer Society)
et ses collègues.
Certains de ces facteurs étant associés
au risque d’AVC, l’équipe danoise a
souhaité explorer l’effet du bruit sur le
risque d’AVC. Elle a exploité pour cela
la cohorte recrutée pour l’étude Diet,
Cancer and Health Study, et suivie de
1993-1997 à 2006.
Les participants résidaient dans la zone
urbaine de Copenhague ou d’Aarhus
et étaient âgés, au début du suivi, de
50 à 64 ans. Tous ont répondu à un
questionnaire concernant leur mode de
vie, leur alimentation, leur état de santé
et des facteurs sociaux.
Les cas d’AVC ont été recherchés
dans le registre hospitalier danois,
où ils sont consignés depuis 1977.
L’exposition au bruit du trafic routier
a été estimée à partir de l’adresse de
résidence des participants, grâce à
un logiciel de modélisation du niveau
sonore de l’environnement.
L’ensemble des données nécessaires à
l’analyse était disponible pour 51 485
personnes. Parmi elles, 1881 (3,7 %)
ont été hospitalisées pour un AVC
inaugural au cours d’un suivi moyen de
six ans.
Un surrisque de 14 % par palier
de 10 dB, indépendamment de la
pression atérielle
Dans cette étude, l’exposition
résidentielle au bruit de la circulation
routière était associée au risque d’AVC,
avec un surrisque de 14 % par pallier
de 10 dB.
L’analyse du risque d’AVC a été
ajustée vis-à-vis des facteurs de
mode de vie (consommation de
tabac, d’alcool, de fruits et légumes,
de café, IMC, activité physique), du
niveau d’éducation, du niveau moyen
de revenus dans la municipalité, de
l’exposition au bruit des transports
aériens et ferroviaires, et enfin, de la
pollution atmosphérique (SO2).
Globalement, l’exposition résidentielle
au bruit de la circulation routière s’est
montrée associée au risque d’AVC, avec
un surrisque de 14 %par palier de 10 dB.
Ce risque n’était pas significativement
modifié après ajustement vis-à-vis
de la pression artérielle systolique
et diastolique et des traitements
antihypertenseurs à l’inclusion.
De même, un antécédent d’infarctus du
myocarde ou la présence d’un diabète
était sans effet sur le risque d’AVC
associé au bruit. Ce risque n’apparaît en
fait modulé que par deux paramètres :
l’âge de la personne exposée et le
niveau sonore d’exposition.
Un seuil à 60 dB
La valeur de 60 dB pourrait être un
seuil pour les effets à la fois cérébro-
vasculaires et cardiovasculaires du
bruit du trafic routier.
« Ces résultats sont en accord avec
ceux d’une méta-analyse d’études
cas-contrôle et d’études de cohorte sur
le bruit du trafic routier et l’infarctus
du myocarde »
indiquent les auteurs.
Le bruit du trafic routier
augmenterait les risques d’AVC
Une vaste étude prospective danoise montre que, chez les
personnes âgées de plus de 65 ans, le risque d’Accident
Vasculaire Cérébral (AVC) augmente de manière dose-
dépendante avec le bruit, pour des niveaux d’exposition
supérieurs à 60 dB.
Rapport des taux d’incidence d’AVC par palier de 10 dB d’exposition au bruit routier:
1...,48,49,50,51,52,53,54,55,56,57 59,60,61,62,63,64,65,66,67,...68
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