Echo Bruit n°132 - page 56

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Echo Bruit
n° 132
03.2011
Transports
 [Avions]
le magazine de l’environnement sonore
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L’aéroport international de Genève
(AIG) a ceci de particulier que sa
piste principale se situe à deux
cents mètres à peine de la frontière
française. Du côté français, Ferney-
Voltaire (Ain), localité du Pays de Gex
redessinée au
xviii
e
 siècle par Voltaire,
est la seule commune limitrophe de
l’aéroport. Or, elle est aux premières
loges : comme enclavé entre le massif
du Jura et le canton de Genève, le
territoire de la commune forme une
encoche dans l’emprise même de
la plateforme aéroportuaire ; les
premières habitations se trouvent
à quatre cents mètres à peine de sa
longue piste bétonnée. Laquelle,
aux heures de pointe, peut accueillir
jusque 38 mouvements d’avions
à l’heure. En 2010, l’AIG a totalisé
177 000 mouvements (atterrissages
et décollages confondus), soit un
trafic comparable à celui de l’aéroport
Nice-Côte-d’Azur, le troisième
aéroport français pour le nombre de
mouvements commerciaux. Avec un
trafic d’une telle ampleur, l’AIG eût
été un aéroport français – ou Ferney-
Voltaire une commune Suisse –, les
Ferneysiens auraient bénéficié d’une
aide financière pour l’insonorisation de
leurs habitations. Malheureusement,
jusqu’ici, la rigoureuse logique
administrative l’avait emporté sur le
bon sens. En dépit de cette indubitable
évidence géographique, les habitants
de la commune n’avaient bénéficié
d’aucune subvention, fût-elle française
ou suisse. Heureusement, la volonté
conjuguée des autorités françaises
et de l’aéroport a fini par surmonter
la complexité juridique du dossier.
En octobre 2009, l’AIG et la commune
de Ferney-Voltaire ont signé une
convention de coopération. Résultat :
l’aéroport s’engage à financer
l’isolation acoustique des logements
de Ferney-Voltaire exposés au bruit
de l’aéroport. Quelque 830 logements
sont potentiellement concernés.
En mars 2011, la réalisation des
premiers diagnostics acoustiques
marquait l’ouverture du chantier de
l’insonorisation à Ferney-Voltaire.
Surtaxe bruit et valeurs d’alarme
En Suisse, l’insonorisation au voisinage
des aéroports est financée par une
taxe environnementale prélevée
auprès des compagnies aériennes.
Dans le principe, une « surtaxe bruit »,
fonction de l’empreinte sonore de
chaque type d’aéronef, est appliquée
aux compagnies qui opèrent avec des
appareils anciens, généralement plus
bruyants que les appareils modernes.
L’objectif est double : alimenter le
fonds d’aide tout en encourageant
les compagnies à renouveler leur
flotte. Afin de conserver le caractère
incitatif de cette mesure, les critères de
performance acoustique des aéronefs
sont réévalués périodiquement. L’aide
à l’amélioration acoustique bénéficie
en premier lieu – et avec une prise en
charge de la totalité du coût des travaux
– aux locaux à usage sensible au bruit
dont l’exposition dépasse une valeur
limite appelée « valeur d’alarme » (VA,
dont le contour correspond grosso
modo à celui de la zone B du PEB
français) ; dans un deuxième temps,
sont traités les bâtiments de moindre
exposition (VA moins 1 décibel, VA
moins 2 décibels, soit la zone C du
PEB).
Double égalité de traitement
Cette coopération transfrontalière a été
pensée dans un double souci d’égalité
de traitement. Ainsi, les riverains
suisses et français de l’aéroport de
Genève sont soumis aux mêmes
critères ; mais en même temps, les
mesures s’inspirent fortement de
celles dont bénéficient les riverains
GENEVE : l’aide aux riverains
français est arrivée !
L’aéroport international s’est engagé à financer
l’insonorisation des habitations de Ferney-Voltaire,
commune française riveraine de la plateforme
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