Echo Bruit
n° 133
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Dossier :
Décibels d’Or 2011
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le magazine de l’environnement sonore
BRUITS: le MEN dresse l’oreille
D’octobre 2010 à septembre 2011, l’équipe du Musée
d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) a plongé ses
visiteurs dans l’univers sonore.
Premier opus d’une trilogie consacrée au patrimoine
culturel immatériel dans le cadre d’une recherche
conduite avec l’Institut d’ethnologie de l’Université
de Neuchâtel et plusieurs autres instituts helvétiques,
l’exposition Bruits questionnait la manière à la fois
diverse et complexe dont les sociétés humaines
appréhendent, organisent, conservent et mettent en
valeur ce qui relève de l’immatériel par excellence, à
savoir leurs productions sonores.
Partant de la parenté étroite entre les notions de bruit, de son, de parole et de musique,
l’équipe du MEN rendait un hommage critique à ceux qui, à travers l’histoire, se sont attelés
à articuler ces catégories, à développer leur perception, à formuler de nouvelles règles
ou à les élargir par une meilleure compréhension des systèmes élaborés dans d’autres
cultures. Elle interrogeait la propension de certains acteurs à tirer la sonnette d’alarme
dès que pointent à l’horizon les notions d’évolution, de perte ou d’oubli. Elle décortiquait
les stratégies, les démarches et les moyens mis en œuvre afin de conserver certains
éléments culturels élevés au rang de patrimoine et d’en écarter d’autres. Elle faisait enfin
ressortir les enjeux contemporains liés aux appropriations, détournements, recyclages et
exploitations en tous genres des gisements sonores mis à disposition de chacun par les
nouvelles technologies de l’information et de la communication.
À travers une série de sept tableaux visuels et sonores (Le souvenir de la houle, Le bruit des
autres, Le murmure de la théorie, Les sirènes de l’urgence, L’écho des réserves, Le glouglou
des pipelines, Le fracas du ressac) élaborés à partir de la métaphore du Nautilus, arche
intemporelle dédiée à la collection de l’univers sonore, échouée entre plage et désert,
entre déluge et apocalypse, l’exposition a invité le public pendant près d’une année à se
frotter au bruit des autres, à percevoir le poids de l’immatérialité et à se projeter dans les
futurs incertains du patrimoine sonore et de son contrôle à l’heure de l’Internet.
L’exposition a donné lieu à un riche programme d’animations, parmi lesquelles une série
de performances «bruitistes», développées dans le dernier espace, pourvu d’une scène
puisque dédié à la thématique des festivals.
Une approche très intéressante qui à partir de la notion de «bruit» (et non de «son»)
et via les hublots du célèbre Nautilus a permis d’aborder la plupart des interrogations
liées aux processus de patrimonialisation. Peu d’expositions se sont jusqu’ici lancées
dans l’entreprise de dépasser le côté matériel de la musique pour proposer un réel
environnement sonore, destiné à faire ressentir et à questionner.
Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de visiter Bruits, un très beau catalogue de l’exposition
riche en iconographie est disponible à la vente.
n
Musée d’ethnographie de
Neuchâtel (MEN)
Contact :
Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN)
Marc-Olivier GONSETH,
Conservateur
4, Saint-Nicolas
2000 NEUCHÂTEL
SUISSE
Tél. : 0041 32 718 19 60
e.mèl :
Le souvenir de la houle
Copyright : MEN-PHOTOS ALAIN GERMOND
PRÉVENTION ET
SENSIBILISATION
Décibel d’Or