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Acoustique et défense
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La maîtrise de la discrétion acoustique dans un programme de navire
Les spécificités des programmes de navire
Considérations générales
Comparés à la plupart des autres types de programmes
d’armement conduits par la DGA, les programmes de navi-
res présentent les particularités suivantes :
- une série très faible, une production étalée dans le
temps, et des écarts de définition parfois significatifs au
sein de la série ;
- un ensemble de grands systèmes fortement intégrés ;
- pas de prototype d’ensemble, mais des qualifications
partielles de sous-ensembles, physiques ou fonctionnels,
reposant sur la simulation, l’analyse de données techni-
ques antérieures, des essais représentatifs, ou plus globa-
lement sur des programmes d’évaluation utilisant des
plates-formes ou sites d’intégration à terre.
Les essais in situ de qualification du navire complet ne
peuvent naturellement s’effectuer que sur le premier
navire du type, ce qui rend le processus de mise au point
et la maîtrise des configurations particulièrement criti-
que et délicate.
Les exigences de discrétion acoustique n’échappent pas
aux difficultés induites par ces spécificités, et sa maîtrise
n’en revêt que plus d’importance.
La prise en compte de la discrétion acoustique
D’une manière générale, la maîtrise de la discrétion acous-
tique dans un programme de navire requiert :
- des objectifs initiaux clairs : ils sont fixés en fonction de
la menace, à moyen et long terme, représentée par les
moyens de détection acoustiques passifs et actifs;
- des moyens d’action, à la conception et à la réalisation,
pour atteindre ces objectifs;
- des moyens pour vérifier que ces objectifs sont atteints
ou pour identifier les lacunes résiduelles, et ceci à toutes
les phases du programme;
- des moyens d’action pour garantir que les performan-
ces atteintes seront préservées en service;
- des personnels formés et en nombre suffisant pour assu-
rer l’ensemble de ces tâches.
Il est utile de rappeler que durant les années 1970,
faute de méthodes quantitatives suffisantes d’aide à
l’évaluation en particulier au stade de la conception,
les objectifs de discrétion acoustique étaient parfois
difficilement maîtrisables dans la conduite du projet.
Les moyens d’action restaient fondés trop exclusive-
ment sur l’empirisme et le retour d’expérience de réali-
sations antérieures. Les moyens de vérification des
performances existaient (polygones d’écoute), mais
compte tenu de ce qui vient d’être dit, le passage du
premier sous-marin du type sur polygone acoustique
constituait la première donnée globale et objective sur
le bruit rayonné, exigeant ensuite une longue analyse
pour localiser les sources de bruit afin de définir, lors-
que cela était possible, les modifications curatives
souvent très onéreuses.
Il est donc indispensable si on veut minimiser les risques
d’indiscrétion dans un programme de navire de défi-
nir une démarche, applicable aux différents stades du
programme, visant à maîtriser les performances de
discrétion acoustique et à se doter des outils d’évalua-
tion des différentes solutions envisagées.
Au préalable, il convient d’énumérer, d’une manière très
générale, les principales sources de bruit d’un navire afin
de donner un aperçu de la complexité du problème.
Les principales sources de bruit
Le niveau de bruit rayonné d’un navire résulte des contri-
butions de trois types de sources majeures :
- le propulseur (1),
- l’interaction entre l’écoulement et la carène (2),
- les sources internes et en particulier les machines tour-
nantes (3).
Fig. 1 : Les principales sources de bruit rayonné d’un s/m
Submarine main radiated noise sources
Fig. 2 : Exemple de contribution des principales sources de bruit
Example of radiated noise contributions of main sources
Le propulseur
Il constitue, aux vitesses élevées, la source majeure de
bruit rayonné du navire :
- en basse fréquence, il est à l’origine d’un bruit de raies
engendré par la rotation des pales dans un sillage non
uniforme, perturbé principalement par les barres de plon-
gée et de direction.
- en moyenne et haute fréquence, il génère des bruits
large bande avec l’apparition éventuelle de phénomènes
de cavitation.