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La parole est à…
Fabrice Junker, EDF, président du GABE,
organisateur de la journée Recherche
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dans le cadre
des 6
es
Assises de la qualité de l’environnement sonore
Perspectives de R&D en acoustique de
l’environnement et du bâtiment
L’objectif de cette journée était de dégager des verrous et
des pistes de R&D dans les domaines de l’acoustique de
l’environnement et du bâtiment pour les années à venir.
La journée était organisée sous forme d’une discussion
ouverte et les participants avaient pour consigne de venir
avec une problématique qu’ils pouvaient exprimer orale-
ment ou avec un nombre réduit de supports (2 ou 3). Il
faut souligner que cette forme d’échange a permis des
discussions très riches.
Ces domaines étaient vaste et nous n’avions pas la préten-
tion d’en donner une vision exhaustive mais plutôt de couvrir
un ensemble de sujets d’importance.
Les sujets abordés peuvent être classés en 4 catégories.
Pour chacune d’entre elles, un certain nombre de difficul-
tés et d’axes de progrès ont été dégagés.
Caractérisation des sources et relations avec les
modèles utilisés
Il existe assez fréquemment un problème de cohérence
entre les modèles de calcul et les données d’entrée dispo-
nibles relatives aux sources sonores. Par exemple, dans
le cadre de la réglementation sur le bruit des transports
terrestres (loi bruit de 1992) et de la cartographie exigée
dans le cadre de la Directive 2002/49/CE, les méthodes
de prédiction ont évolué afin de mieux représenter les
situations réelles. Ces méthodes sont basées notamment
sur une «meilleure» définition des sources et une évolu-
tion du modèle de propagation.
Si l’évolution de ce dernier présente un apport indéniable, à
l’inverse, les caractéristiques de sources demandées sont
parfois difficiles voire impossibles à obtenir. Des raisons
financières peuvent limiter la fourniture des données mais
aussi des raisons techniques (difficulté à séparer les sour-
ces, à maîtriser leur évolutions au fil du temps…). Dans
ce cas, la précédente définition des sources et/ou des
valeurs par défaut est utilisée et le gain attendu en termes
de qualité de prédiction n’est pas au rendez-vous.
Une difficulté a été abordée concernant la caractérisation des
sources d’activités humaines (ex : stade en mode concert/
en mode match, entrée-sortie, nettoyage) aussi bien physi-
quement (les géométries peuvent être très complexes) que
d’un point de vue perceptif (notion d’indicateur).
La caractérisation des sources vibratoires : le creusement
de tunnels, les chantiers, les tramways mais aussi les équi-
pements techniques du bâtiment voire les équipements de
production, pose aussi des problèmes pratiques.
Enfin, on observe aussi le développement de «nouvelles»
sources comme le petit éolien, les PAC (Pompes à chaleur)
pour lesquelles on constate des problèmes d’isolation vibra-
toire et d’émergence des bruits aériens induits.
D’autres sources comme les excitations aérodynamiques
des exo-structures sur les bâtiments (les décorations et
différents montages de structures en façade) peuvent poser
des problèmes. Ces nouvelles sources sont mal connues
et leurs caractéristiques vibratoires sont difficiles à évaluer
(problème de caractérisation expérimentale).
Le traitement des problèmes couplés intérieur/
extérieur, solidien/aérien et espaces mixtes (bruit et
vibrations)
Comme l’a souligné Jérôme Defrance du CSTB, dans la
plénière sur les approches scientifiques et techniques, il
n’existe aucun modèle performant capable de traiter tous
les problèmes. Aussi, dès qu’il s’agit de traiter des problè-
mes couplés de type intérieur/extérieur il faut combiner
plusieurs modèles. Beaucoup de choses restent à faire
pour savoir comment trouver des solutions de la manière
la plus adaptée.
Le grand manque d’outils et de méthodes d’ingénierie
permettant de résoudre les problèmes de transmission
solidienne a été évoqué et de nombreux aspects doivent
évoluer comme :
– Développer de réels outils de prévision pour les ingé-
nieurs ;
– Mettre au point des méthodes de caractérisation de sol
(mesure, statistique, techniques géophysiques, etc.) ;
– Définir des descripteurs et indicateurs intégrant les
aspects vibratoires autant au niveau de la caractérisation
des sources que du récepteur.
L’absence de réglementation en France à ce sujet conduit
à des expertises ponctuelles, non capitalisées.
Plus qu’une mise à niveau de ces outils et méthodes vibra-
toires, il faudra aussi savoir traiter des problèmes mixtes
vibration et bruit car parfois des solutions de réduction
des vibrations peuvent augmenter la composante de
bruit aérien.
Des discussions ont aussi porté sur la caractérisation
des basses fréquences qui sont actuellement en dehors
du champ de la normalisation alors que des exemples
courants montrent leur contribution importante dans la
gêne (exemples des musiques actuelles entre 30 et 60 Hz
ou des camions de livraisons ou de ramassage des ordu-
res au petit matin en zone urbaine).