Echo Bruit
n° 129
06.2010
g
Dossier :
Colloque “Zones calmes”
46
le magazine de l’environnement sonore
La question essentielle à laquelle chacun essaie de répondre
aujourd’hui, c’est pourquoi nous tentons en ce début de
XXI
e
siècle de repérer des zones calmes, de les identifier et
peut-être de leur donner un label. Est-ce pour les pérenniser ?
Est-ce au contraire pour en tirer un enseignement et bâtir la
ville différemment demain tout en ayant de nouvelles formes
de zones calmes ? Il faudra étudier un peu tout cela.
Vous avez entendu des définitions différentes de ces zones
calmes qui soulèvent plusieurs questions :
- Question quantitative
- Question spatiale
- Question temporelle
Ces questions sont assez nouvelles. Nous ne sommes plus
sur un territoire à l’ancienne, c’est-à-dire un territoire qui a
des limites dans l’espace. Nous sommes sur de nouveaux
territoires qui peuvent se déplacer et avoir des limites
spatiales et temporelles, c’est-à-dire, que les zones calmes
peuvent exister un moment et plus après. C’est le propre
du sonore que de s’effacer en permanence et de revivre en
permanence son histoire. Le sonore, dès qu’il n’y a plus de
sollicitation de la pression acoustique, s’arrête. Donc, il
convient de l’entretenir en permanence et la question du
sonore est particulièrement prégnante sur ces zones calmes.
Les zones calmes ne sont pas forcément calmes du point de
vue de l’animation sonore. Il peut s’agir d’un autre type de
calme. Un calme qui nous touche, qui vient à la rencontre de
notre calme intérieur, qui nous fait nous sentir bien. Sommes-
nous plus ou moins sollicités dans une zone calme que ce soit
de manière « gentille » ou « agressive » ? Quelle influence
cette sollicitation a-elle sur notre ressenti ? C’est chacun
d’entre nous qui déclare qu’une zone est calme ou pas et non
la mesure avec un sonomètre.
Que pourrons-nous faire dans le futur avec
les zones calmes ?
Elles peuvent inspirer des urbanismes nouveaux. La zone
calme va notamment être intéressante à traiter dans la vision
de la densification des villes. Si nous voulons sauvegarder
des territoires extérieurs aux villes, si nous voulons que les
villes ne s’étalent pas trop, si nous voulons que les transports
urbains ne s’étendent pas trop, il sera nécessaire de densifier
les villes et donc de les élever. Nous allons aussi nous poser la
question d’un déplacement de ces zones calmes. Aujourd’hui,
nous voyons qu’elles sont souvent associées à la nature, à des
jardins, à des espaces peu ou pas construits, demain peut-être
seront-elles sur les toits, sur les espaces construits.
Nous pouvons donc imaginer qu’il va y avoir un déplacement,
peut-être en altitude, peut-être dans le temps, vers des
horizons que nous ne connaissons pas.
Tout le monde cherche aujourd’hui à ce qu’il y ait une meilleure
connaissance de l’environnement sonore, du plaisir de vivre
en ville, qui est un plaisir réel, et qui pour s’apprécier doit se
concrétiser parfois sur des zones calmes pour mieux ensuite
apprécier les zones animées. L’avenir nous dira comment les
architectes, les urbanistes, les paysagistes, tous les gens qui
font la ville vont se saisir de cette question.
n
Quatrième table ronde :
Quelles zones calmes pour Paris ?
Introduction
Bernard Delage, BE Via Sonora