Echo Bruit
n° 125
06.2009
g
Écho des villes
13
le magazine de l’environnement sonore
• Un dispositif participatif, auprès de 600 personnes en
Angleterre, fait ressortir que « the tranquillity » évoque
d’abord ce que l’on voit et ce que l’on ressent, sans oublier
un lien fort avec la nature à travers l’eau, la végétation, les
vues panoramiques, la liberté de mouvement, la faune et
la flore, le beau temps, etc.
Vers une qualification multicritère des
zones calmes
Plusieurs travaux menés en Irlande, en Finlande ou encore
en France ont montré que les indicateurs acoustiques de
caractérisation du calme traduisent une représentation de
la réalité strictement matérielle et physique, loin du rapport
perceptif et sensible des populations avec leur environnement.
La mise en cartographie véhicule d’évidentes lacunes, que
décrivent les acteurs eux-mêmes (voir encadré), expliquant
le foisonnement des travaux et études issues des sciences
humaines et sociales pour proposer d’autres démarches et
méthodes pré-opérationnelles.
C’est la relation entre les populations et leur environnement
qui importe et identifie les zones calmes à une portion
singulière de territoire, invitant à une diversité des qualificatifs
et des démarches. L’approche utilisée pour l’élaboration du
guide et référentiel national sur les zones calmes fait ressortir
Première identification opérationnelle des zones calmes
Espaces de ressourcement et de bien-être
Facteurs perceptifs
Critères quantitatifs
Manques ou lacunes
Capacité de discuter
Temps de « silence » / bruit ambiant
Non
Liberté de mouvement
Taille, topographie, densité
Non
Représentation des types de sons
(naturels, humains…)
Qualification des sources sonores
Globalement, non
Ambiance sécurisante
Propreté (équipement), incivilités
Globalement, non
Valeur paysagère et naturelle
(panoramas, éléments aquatiques,
espaces verts, espaces protégés)
Occupation des sols, morphologie urbaine,
nomenclatures officielles (ex : ZPPAUP,
zones boisées…)
Globalement, oui (ex : berges
fluviales)
Confort sonore
Niveau sonore
Oui (ex : caractère souhaité/
non souhaité)
Possibilité d’être au calme
Accessibilité d’espaces
Globalement, oui (ex : types
d’habitats et de population)
Attentes de calme
Éloignement des infrastructures, des
activités industrielles
Oui (ex : besoin de
ressourcement)
Qualité sensorielle de l’espace
Oui (ex : ressenti de bien-être)
Source : C.R.E.T.EI.L. - Lab’Urba - Institut d’Urbanisme de Paris, 2008
Les lacunes des cartes de bruit
- Échelle relativement grande (intercommunale), au
détriment des enjeux locaux.
- Prise en compte restreinte des sources de bruit
(classement sonore des routes, voies ferrées,
aéroports, installations classées pour la protection de
l’environnement), dont les modes de calculs relèvent
eux-mêmes de choix, au détriment par exemple des
activités ponctuelles ou des établissements attractifs
dont certains concernent directement l’animation de
l’espace public.
- Dépendance à des données quantitatives, au
détriment des types de sons (mécaniques, humains,
naturels…) et des représentations, réactions,
ressentis qui y sont attachés.
- Vision souvent uniforme des dynamiques spatiales
(urbain/rural), des populations (type, âge…) et des
temporalités (effet de contexte).
- Normativité via une valeur-seuil arbitraire, laissant
de côté certains espaces dont les caractéristiques
seraient proches des critères fixés ou ayant d’autres
potentiels remarquables.