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Echo Bruit
n° 125
06.2009
g
Écho des villes
12
le magazine de l’environnement sonore
Le Centre de Recherche sur l’Espace, les Transports,
l’Environnement et les Institutions Locales (C.R.E.T.E.I.L. -
Lab’Urba - Institut d’Urbanisme de Paris - Université Paris Est)
s’est intéressé à cette vaste question et y répond dans le cadre
du guide national sur les zones calmes, réalisé pour le compte
de la mission Bruit et des agents physiques du Ministère de
l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de
l’Aménagement du Territoire (MEEDDAT).
Ce guide n’est pas un « outil clé en main » mais un référentiel
d’aide à la décision pour les acteurs territoriaux (le guide
étant ici la synthèse pré-opérationnelle du référentiel). Ce
référentiel articule les enseignements de trois moments
méthodologiques :
• Un état de l’art sur la question,
particulièrement sur la
base de retours d’expériences étrangères ;
• La consultation de près de 120 acteurs français et
étrangers,
qui s’appuie notamment sur le travail impulsé
par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région
Ile-de-France, complété par 14 entretiens ouverts et plus
approfondis ;
• Une expérimentation sur six sites français de
configuration environnementale, urbaine, sociale
différente
- deux sites dits naturels, trois lieux mixtes
avec une fonction dominante, un quartier d’habitat social
-, dont quatre localisés dans les départements de la
première couronne francilienne, un à Grenoble, un à Lyon.
Ce travail de terrain comprend lui-même : une description
qualitative des sites, 10 entretiens par lieu auprès
d’usagers et d’habitants et des résultats de mesures
acoustiques.
Retours d’expériences étrangères :
de l’acoustique aux démarches
multicritères
Que ce soit dans les premières réflexions théoriques
menées, dans les options réglementaires déjà retenues dans
certains pays européens, ou dans les tous premiers essais
opérationnels pratiqués notamment à l’étranger, l’acoustique
est souvent une des premières pistes de réflexion utilisée
pour définir et identifier les zones calmes. Une zone calme
serait un espace de moindre bruit, notamment par rapport au
bruit des transports. Or, derrière la simplicité apparente d’une
telle approche, et la facilité donnée par le recours aux cartes
de bruit, deux questions au moins demeurent posées : quels
indicateurs choisir ? quelles valeurs seuil fixer ?
Réglementairement parlant, les zones calmes ne sont pas
tenues de figurer sur les cartes stratégiques du bruit exigées
par la Directive, même si implicitement, elles seraient des
espaces exposés à un bruit inférieur à 55 dB Lden (et 50 dB
Lnight). L’équipe de Symonds Group, constituée par la
Commission européenne, recommande pour sa part un seuil
maximal de 50 dB Lden voire idéalement 40 dB Lden. D’autres
s’accordent sur les premiers seuils proposés mais insistent
sur la prise en compte conjointe des indicateurs Ld, Le, Ln.
Des travaux néerlandais ou belges privilégient quant à eux
un niveau de 50 dB LAeq, 24hours afin de valoriser les sons
d’origine humaine et naturelle et par là même de répondre aux
attentes sociales qui peuvent en découler.
Par-delà la diversité des points de vue quant au choix
d’indicateurs et de seuils acoustiques, ces différentes études
pré-opérationnelles, souvent appuyées sur l’utilisation de
Systèmes d’Informations Géographiques (SIG), ont aussi mis
en lumière l’impossibilité de recourir à un critère unique quel
qu’il soit. C’est d’ailleurs leur véritable trait commun.
Parmi les autres critères identifiés figurent l’éloignement des
infrastructures de transports et des activités industrielles
(pour des impacts tant sonores que visuels), mais aussi et
surtout des critères environnementaux, écologiques et socio-
culturels, tels que : la qualification des sources sonores, la
fonction des espaces, leur taille, la densité de population, la
topographie, la proximité ou l’appartenance à des espaces
protégés… En outre, les ressentis de calme n’étant pas
déterminés par les seuls paramètres physiques des lieux,
comme d’ailleurs les ressentis de gêne sonore, trois critères
psychosociaux ressortent des enseignements tirés de l’état de
l’art étranger pour aider à l’identification des zones calmes :
• La possibilité d’être au calme, c’est-à-dire de disposer
d’un potentiel d’espaces agréables à proximité de chez-
soi. Ce qui renvoie à la qualité de vie des habitants, et
donc à des types de paysages (présence de l’élément
aquatique, vues-perspectives…), ou encore à l’accès aux
espaces verts ;
• Les attentes fonctionnelles d’un espace au regard de
ses caractéristiques environnementales, et notamment
sonores. Ce qui renvoie au caractère souhaité ou non
des stimulations sensorielles, donc aux informations
véhiculées dans un contexte territorial donné par les sons,
la vue, les odeurs ;
• La possibilité de discuter de manière intelligible sans
éprouver de gêne ni modifier notre comportement. Ce qui
renvoie à la qualité d’un espace et donc à son potentiel à
procurer de l’agrément.
• Quelques démarches se sont positionnées très en amont
pour appréhender ces ressentis, en donnant directement
la parole à des habitants et usagers :
• Une typologie belge des zones calmes s’appuie sur de
multiples informations telles que : la valeur paysagère et
naturelle, la correspondance entre l’environnement d’un
espace et sa fonction, l’avis de professionnels de terrain…