Echo Bruit
n° 125
06.2009
g
Écho des villes
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le magazine de l’environnement sonore
leur multi-dimensionnalité, ce qui exclut la possibilité de
recourir à un critère unique. Les zones calmes sont par
essence multi-fonctionnelles et multi-sensorielles.
On comprend ainsi l’existence des démarches étrangères qui
cherchent à se détacher de la seule approche technique, pour
mieux composer avec les ressentis, les représentations, les
pratiques et les usages. Ces facteurs concourent grandement
à la tranquillité et au bien-être… qui qualifient les espaces
dans les études et démarches observées.
Le tableau page 13 livre les éléments perceptuels les plus
saillants pouvant refléter le calme d’un espace, ainsi que
leur possible interprétation par des critères quantitatifs. On
constate le nombre de lacunes permettant de traduire certains
ressentis, pratiques et attentes en critères opérationnels pour
l’intervention territoriale, et donc la nécessité d’une approche
multicritère, ouverte aussi et surtout aux dimensions
qualitatives.
Propositions pour une approche
multicritère…
L’approche multicritère proposée pour qualifier les zones
calmes est à la croisée de quatre grandes familles, déclinées
en de multiples indicateurs. Il s’agit de :
• L’environnement physique (environnement sonore, taille
d’espaces verts et de plans d’eau, niveaux de pollution
chimique de l’air…) ;
• La morphologie urbaine et la fonctionnalité des lieux
(topographie du site, distance aux infrastructures de
transports et aux activités industrielles, perspectives-
vues, propreté du lieu, caractéristiques du mobilier
urbain…) ;
• L’accessibilité et la lisibilité (horaires d’ouverture,
continuité des cheminements à mode doux, panneaux
d’information, signalétique…) ;
• Les ressentis, usages et pratiques (type de visiteurs, type
de population locale, motivation des visites, attentes,
degrés de satisfactions…).
Ces familles de critères permettent d’apporter respectivement
des éléments de réponses à différentes questions (voir
schéma) essentielles pour octroyer l’attribut de calme à un
espace, tout en prenant la mesure ou en composant avec les
intentions et projets locaux d’aménagement, d’urbanisme et
d’environnement (réhabilitation de logements, requalification
d’espaces, offre de nouveaux équipements, mesures de
préservation environnementale…).
Ces critères ont été testés grâce à une expérimentation
réalisée in situ sur six cas d’études. Les résultats apportés
ont permis, par exemple, de confirmer le poids de la nature
comme dimension structurante du calme en ville, mais
aussi la nécessité de mettre ce thème sous conditions de
ressourcement et dépaysement possibles, à savoir :
• Une multiplicité d’activités (récréative, pédagogique,
repos, isolement…) et des conditions minimales pour les
pratiquer (aménagements adaptés, sécurité, propreté…) ;
Quatre familles de critères pour la qualification des zones calmes
Source : C.R.E.T.EI.L. - Lab’Urba - Institut d’Urbanisme de Paris, 2008