Echo Bruit
g
Dossier :
“Surveillance acoustique”
2
ème
partie
32
le magazine de l’environnement sonore
n° 123-124
03.2009
Les bruits et les vibrations de chantier constituent un
problème complexe :
La première difficulté vient de la quantification des
mécanismes générateurs et émetteurs : les outillages utilisés
sont multiples (BRH, croqueuses, marteaux-piqueurs,
scies…), et surtout leurs utilisations sont variées.
Le deuxième problème que l’on rencontre vient de la
propagation du bruit et des vibrations entre émetteurs et
récepteurs. Il est nécessaire de faire une reconnaissance
des locaux intérieurs aux immeubles voisins, et parties
extérieures de ces mêmes immeubles…
La troisième complexité vient de la réponse acoustique des
récepteurs. Le couplage et la réponse des volumes excités
sont variables et dépendent de la nature des constructions.
Ainsi, il n’existe pas de méthode de calcul qui permette une
prévision fiable de ces problèmes.
Nous proposons une méthodologie chronologique en deux
temps : phase d’études et phase chantier
En phase d’études, on va quantifier le niveau de bruit résiduel
dans chacun des logements et sur le site. Lors de cette
première étape, nous rencontrons les riverains. On met en
place des critères objectifs réalisables qui seront contractuels
en accord avec les textes réglementaires. Rappelons que
le décret du 31 août 2006 (voir encadré) n’impose pas de
niveaux sonores à respecter en ce qui concerne les chantiers.
On détermine plutôt un droit au bruit pour l’entreprise qui
correspond à 10 ou 15 dB(A) d’émergence. Par exemple, si
l’on autorise 80 dB(A) sur les 7 heures de durée du chantier,
un BRH ne pourra être utilisé qu’un quart d’heure, une scie un
peu plus longuement… Libre à l’entreprise de s’organiser afin
de respecter la dose de bruit autorisée sur la journée.
En phase finale d’études, on définit un cahier des charges très
détaillé qui sera intégré dans le DCE (Dossier de Consultation
des Entreprises) et qui impose des valeurs limites souhaitées
(seuils) en terme de niveaux sonores et vibratoires ainsi que
des règles à suivre par l’entreprise avec des pénalités en
cas de non-observation des prescriptions. Dans le DCE, le
système de surveillance est également explicité.
Ainsi l’entreprise, lorsqu’elle signe son marché, sait qu’il
y aura des règles à respecter et un système de contrôle du
niveau sonore à mettre en place.
Quelques règles…
• Informer les riverains (mailing, réunions, visites de
chantiers, affichages…). Un planning réactualisé tous les 15
jours permet de signaler les opérations les plus bruyantes
et les niveaux sonores attendus par un code couleur (vert,
orange, rouge).
• Imposer des horaires de début et de fin de chantier, voire
des périodes durant lesquelles les travaux spécialement
bruyants ne pourront pas être réalisés (la nuit, le mercredi…).
• Mettre en place des procédés pour réduire les bruits
(écrans provisoires, choix judicieux de l’emplacement des
compresseurs et des groupes électrogènes, évacuation des
gravats par lifts et en aucun cas par systèmes traditionnels
de conduits…)
• Interdire l’utilisation des modes opératoires très bruyants
tels que les BRH qui seront remplacés par des croqueuses.
Au début du chantier, l’entreprise met en place le système de
surveillance automatique avec des balises réparties chez les
riverains. Elles sont reliées à un PC central situé sur le chantier
Contexte réglementaire
• Code de la Santé : Décret n° 2006-1 099 du 31 août 2006 relatif à
la lutte contre les bruits de voisinage
Art. R. 1 334-36. — Si le bruit… a pour origine un chantier de travaux
publics ou privés, ou des travaux intéressant les bâtiments et
leurs équipements soumis à une procédure de déclaration ou
d’autorisation, l’atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé
de l’homme est caractérisée par l’une des circonstances suivantes :
- 1° Le non-respect des conditions fixées par les autorités
compétentes en ce qui concerne soit la réalisation des travaux, soit
l’utilisation ou l’exploitation de matériels ou d’équipements ;
- 2° L’insuffisance de précautions appropriées pour limiter ce bruit ;
- 3° Un comportement anormalement bruyant.
Textes relatifs aux engins de chantier :
• Arrêtés du 11 avril 1972 relatif à l’insonorisation des engins de
chantier limitent le niveau sonore autorisé de certains de ces
matériels,
• Circulaire n° 72-116 du 4 juillet 1972 relative à la limitation du bruit
dans les chantiers,
• Décret n° 95-79 du 23 janvier 1995 fixant les prescriptions prévues
par l’article 2 de la loi n° 92-1 444 du • 31 décembre 1992 et relatives
aux objets bruyants et aux dispositifs d’insonorisation,
• Arrêtés du 12 mai 1997 relatif aux émissions sonores des engins
de chantier,
•Arrêté du 18 mars 2002 relatif aux émissions sonores dans
l’environnement des matériels destinés à être utilisés à l’extérieur
des bâtiments directive 2000/14/CE.
Textes réglementaires municipaux ou préfectoraux :
• le respect de niveaux sonores maximum en limite de chantier selon
des plages horaires précises.