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Echo Bruit
n° 122
09.2008
g
Dossier :
“Surveillance acoustique”
1
ère
partie
23
le magazine de l’environnement sonore
QUELQUES
TÉMOIGNAGES…
CONSTAS : l’outil de Contrôle
des Nuisances Sonores et des
Trajectoires de l’Aéroport Lyon
Saint-Exupéry
Frédéric LAUNAY,
médiateur, Aéroport de Lyon Saint-Exupéry
En 1998-1999, lors de l’annonce de la possibilité
technique — notamment au niveau foncier
— de réaliser un nouveau doublet de pistes
sur l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, un mouvement de
population important s’est fait jour avec notamment la
création d’associations de riverains.
En 1998, un médiateur, ancien contrôleur aérien comme
moi-même, a été recruté pour répondre aux réclamations
des riverains. Il ne disposait pas alors d’outils. Il récoltait
simplement les plaintes et les transmettait à la direction
générale de l’aviation civile. Les réponses n’étaient, dans ce
contexte, pas très efficaces. Les délais de réponse notamment
étaient assez longs et les explications pas toujours claires.
Depuis 2001, l’aéroport exploite un réseau de surveillance du
bruit et des trajectoires comprenant sept stations de mesure
de bruit, dont une station mobile. Depuis sa mise en service,
CONSTAS (Contrôle des nuisances sonores et des trajectoires
de l’Aéroport Lyon-Saint Exupéry) a permis d’améliorer pour
les riverains la gestion des plaintes par le médiateur, en la
rendant plus fiable, plus simple et plus rapide.
Le principe mis en place sur l’aéroport est un peu différent
de celui du monitoring d’une ville car pour comprendre
les bruits aéroportuaires nous avons besoin de données
supplémentaires (données radar, données météorologiques,
données de gestion aéroportuaires…).
Les données radar
qui sont fournies par la direction générale
de l’aviation civile permettent de connaître les trajectoires des
avions. Nous corrélons ensuite le bruit avec les trajectoires
ce qui permet de savoir quel est l’avion responsable de la
nuisance sonore mais aussi si le bruit en question n’a pas une
autre origine (scooter par exemple).
Nous avons également besoin des
données météorologiques
parce que l’altitude est calibrée par rapport à la pression
atmosphérique de 1 013 hectopascals.
Chaque nuit, nous recevons des
données de Météo France
et nous recalculons l’altitude de chaque avion par rapport au
niveau moyen des mers afin de pouvoir déterminer l’altitude
par rapport aux habitations des riverains.
Nous avons également à notre disposition les données de
l’aéroport qui nous permettent de connaître le propriétaire
de l’avion. On récupère donc ces
données de gestion
aéroportuaires
afin de relier chaque trajectoire à chaque avion.
Notre objectif : être de bons voisins
Il faut savoir qu’à Lyon, les riverains ne se plaignent pas
forcément du bruit. Ils ont tendance à davantage se plaindre
des survols, de la dispersion des trajectoires et de la gêne
« visuelle » plus que « sonore ». Notre système permet de
revoir en 3 Dimensions chaque trajectoire et l’évolution de
chaque avion. On peut survoler les communes riveraines, les
maisons. Ainsi, quand un riverain vient nous consulter, on
retrouve sa maison et l’avion qu’il a identifié comme gênant.
On estime qu’à partir du moment où l’on explique notre
activité, où l’on dialogue, cela permet une meilleure
acceptation de l’aéroport. L’activité aéroportuaire génère
en effet des nuisances, mais on travaille énormément à
les réduire par des arrêtés, des systèmes de navigation
spécifiques… La mission du médiateur de l’aéroport consiste
à recevoir les riverains et surtout à ne pas rompre le dialogue.
Dans ce contexte, pour l’aéroport de Lyon, le système de
surveillance est un outil indispensable qui permet de faire
comprendre et de faire accepter notre activité malgré les
nuisances. Nous disposons, à Lyon, de six stations de mesures
fixes (voir ci-contre) et une station mobile que nous déplaçons
à la demande des riverains.
Nous recevons naturellement des réclamations, mais notre
mission ne se réduit pas à répondre aux plaintes. Le système
Constat permet également de renseigner et de montrer les
contraintes dues à l’aéroport. Ainsi, l’an dernier, plus de 800
personnes qui envisageaient d’acheter un bien immobilier
dans la région sont venues nous consulter. Grâce au système
de monitoring, elles ont pu comprendre de façon claire et