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Echo Bruit
n° 120
03.2008
g
Santé
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le magazine de l’environnement sonore
relevés respectivement dans une discothèque New-Yorkaise
(Gunderson et al. 1997), et Anglaise (Bray et al. 2004). Notons
cependant que nos mesures ont été réalisées à des heures de
grandes affluences (entre une heure et 2 h 30 heures du matin)
et au centre de la piste. Si l’on considère que les haut-parleurs
se situaient en moyenne à une dizaine de mètres du centre
de la piste, on peut estimer que le niveau sonore à 1 mètre
des haut-parleurs était d’environ 119 dB (A). Les mesures
réalisées dans la cabine de mixage du DJ montrent des
niveaux équivalents Leq (A) moyen de 99,6 dB (A). Autrement
dit, les DJ sont moins exposés que les danseurs. Les mesures
acoustiques par bande d’octave de 31,5 à 16 000 Hz montrent
des niveaux sonores très élevés dans les basses fréquences
(Figure 1)
. Ici encore, les niveaux équivalents moyens mesurés
sur la piste étaient supérieurs à ceux mesurés en cabine (114,3
et 118,6 dB Z en cabine et sur la piste dans la bande centrée
sur le 125 Hz).
Les DJ testés étaient en majorité des jeunes hommes (26 ans
en moyenne) travaillant en discothèque depuis 6 ans à raison
de 3 nuits par semaine
(Tableau 1)
. Malgré leur jeune âge, 76 %
d’entre eux présentent des acouphènes, ce qui est en accord
avec l’étude Anglaise de Bray et al. (2004). Les acouphènes
étaient décrits comme des sifflements dans 64 % des cas,
comme des bourdonnements dans 27 %, 9 % des DJ ont des
acouphènes mixtes (les 2 types à la fois)
(Tableau 2 p. 50)
. Les
deux tiers des acouphènes ont une fréquence se situant entre 4
000 Hz et 8 000 Hz, le tiers restant étant des bourdonnements
entre 125 Hz et 500 Hz. La fréquence centrale des acouphènes
correspondait aux plages fréquentielles dans lesquelles
prédominent les pertes auditives
(Figure 2)
. En effet, les DJ,
théoriquement moins exposés que les danseurs, présentaient
des pertes auditives sur le 6 000 Hz, pertes classiquement
décrites chez les sujets exposés au bruit, mais également
sur les fréquences graves. Ces pertes sur les fréquences
graves constituent un phénomène nouveau, et résultent très
probablement des niveaux sonores excessivement élevés dans
les basses fréquences.
Figure 1. Niveaux équivalents moyens Leq (dB (Z)) par bande d’octave mesurés dans la
cabine de mixage du DJ. et sur la piste de danse.
Figure 2 : Audiogramme et acouphénométrie chez les DJ et les témoins. Notez les
pertes sur le 6 kHz et les fréquences graves. La fréquence des acouphènes est corrélée
avec les pertes auditives.