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Echo Bruit
n° 120
03.2008
g
Santé
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le magazine de l’environnement sonore
Si la technologie a permis l’émergence de nombreux styles
musicaux, elle a aussi entrainé une augmentation considérable
du niveau sonore. L’écoute et les pratiques musicales à hauts
niveaux sonores sont devenues un véritable phénomène de
société. La multiplication des techniques d’amplification,
des lieux et des modes d’écoute à fort volume (concerts,
discothèques, rave parties, locaux de répétition, écoute du
baladeur, chaîne hi-fi, autoradio…) contribue à l’augmentation
de l’exposition quotidienne à de forts niveaux sonores, et
constitue un véritable danger pour l’audition.
Peu d’études portent sur les effets de la musique amplifiée
sur l’audition. Metternich et Brusis (1999) a fait une étude
rétrospective chez des patients ayant consulté après
exposition à de la musique amplifiée (concert, discothèques…).
Dans cette étude, 67 % des personnes avaient des pertes
auditives transitoires et 34 % des pertes permanentes, dont
17 % suite à une exposition en discothèque, 12 % suite à
une « surprise-party » et 4 % dues au port de baladeurs. Les
musiciens, professionnels ou non, se plaignent de troubles
auditifs. Axelsson et Lindgren (1981) rapportent que 13 % des
musiciens de rock ou musique pop présentent des pertes
auditives de plus de 20 dB HL sur les fréquences 3000-8000
Hz. L’étude de Schmuziger et al. (2006) montre que 26 % de
musiciens non-professionnels se plaignent d’hypersensibilité
aux sons forts et 17 % d’acouphènes.
La législation encadre très précisément les personnes
travaillant dans un environnement bruyant. Le décret 892 du 18
juillet 2006 stipule qu’un travailleur ne peut être exposé plus
de 8 heures par jour dans un environnement bruyant de plus
de 80 dB (A) sans protection auditive. Gunderson. et al., (1997)
ont mesuré le niveau sonore dans plusieurs discothèques New
Yorkaise et rapportent des niveaux moyens allant de 94,9 et
106 dB (A). De tels niveaux sont probablement délétères pour
l’audition des usagers de ces discothèques, mais aussi et
surtout, pour le personnel qui y travaille plusieurs nuits par
semaine. Parmi ce personnel, les Disc-Jockeys (DJ) sont une
population particulièrement exposée.
Lors de son Master d’Audiologie réalisé à l’Inserm de
Montpellier, Morgan Potier a mesuré le niveau sonore dans
6 discothèques de Montpellier et de ses alentours. Aidé de
Caroline Hoquet (Audioprothésiste), il a ensuite évalué les
risques auditifs (surdités et acouphènes) sur une population
de Disc-Jockeys. Afin d’augmenter le nombre de sujets testés,
le recrutement des DJ a été étendu au-delà de Montpellier, sur
Toulouse et Paris.
Les niveaux sonores mesurés sur la piste de danse des 6
discothèques testées étaient compris entre 93,8 et 103,2
dB (A), soit un niveau équivalent Leq (A) moyen de 101,4
dB (A). Ces niveaux sont inférieurs aux 106 et 108 dB (A)
La Musique Amplifiée
Un Fléau Pour l’Audition
Jean-Luc PUEL - Professeur à l’Université Montpellier1
Directeur de Recherche à l’Inserm (UMR 583) de Montpellier
Une étude réalisée à l’Université Montpellier 1 montre que 76 % des disk-
jokeys (DJ) travaillant en discothèque ont des acouphènes. La fréquence de
ces acouphènes correspondant aux pertes auditives. Un phénomène nouveau :
les pertes auditives portent sur les fréquences aigues, mais également sur les
fréquences graves…