Page 33 - base

Version HTML de base

33
L’acoustique passive pourrait-elle être une alternative aux observations visuelles pour l’estimation des densités de populations ?
Pour étudier les populations de mammifères marins, les
méthodes d’investigation classiques sont basées sur les
observations visuelles (estimation de la distribution, la
démographie et la structure sociale de groupes spéci-
fiques, des routes et périodes migratoires, des habi-
tats privilégiés), mais on peut noter l’intérêt croissant de
l’acoustique passive depuis plusieurs dizaines d’années
pour l’étude de ces mammifères. Alors quelles sont les
méthodes pour observer les cétacés ?
Observations des cétacés
Ils existent 3 méthodes pour l’observation des cétacés
dans leur milieu naturel : les observations visuelles, celles
par télémétrie et celles par acoustique (Fig. 1).
L’approche classique basée sur les observations visuel-
les des cétacés permet de renseigner sur la présence, la
distribution et l’abondance des animaux selon leur habi-
tat préférentiel. Elles peuvent être effectuées depuis la
terre à partir de la côte, en mer ou par des systèmes de
surveillance aériens (avions, satellites). Les limites de cette
approche sont multiples et avant tout liées aux conditions
de visibilité (de jour uniquement avec une météo et un
état de mer nécessairement cléments) et à l’étendue de
la zone de prospection : les campagnes d’observation en
mer sont plus souvent côtières que pélagiques. De plus,
pour être efficaces, elles doivent être effectuées réguliè-
rement ce qui implique un coût important. Enfin, elles sont
clairement dépendantes du comportement des cétacés.
Or, la plupart des espèces passent globalement moins de
10% du temps en surface et certaines peuvent interagir
négativement avec la présence de bateau (cas de certai-
nes baleines à bec, par exemple).
Les observations peuvent également être faites à partir
des capteurs (température, pression, luminosité, Argos…)
posés sur le mammifère marin. Ces instruments permettent
de collecter des quantités importantes d’information sur
l’individu (comportement, déplacements, interactions avec
les autres s’il est en groupe) et son environnement. Les
limites de cette approche sont principalement le fait que
les informations sont obtenues sur peu d’individus (d’une
part, les résultats obtenus sont-ils statistiquement vala-
bles et d’autre part, ces individus sont-ils représentatifs ?)
et dépendent également des performances des matériels
utilisés, ainsi que l’accessibilité des mammifères.
Enfin, l’acoustique est également un autre moyen d’obser-
ver les mammifères marins. Par le fait qu’ils sont acous-
tiquement actifs (émission de signaux sonores en quasi-
permanence), il devient alors possible de les étudier
grâce à des dispositifs basés sur l’acoustique passive,
que ce soit pour des études instantanées (par exemple,
au cours d’une campagne de mesures en mer limitée
dans le temps) ou permanentes (via un réseau d’hydro-
phones autonomes ; [3] ; [4]). Les difficultés principales
de cette approche sont liées d’une part à la grande diver-
sité des sons émis par les différentes espèces et aussi
d’un individu à l’autre et d’autre part aux conditions d’en-
registrements (performance du matériel, fluctuations du
bruit marin, propagation acoustique complexe et dépen-
dante du milieu). Au sein d’une population, tous les céta-
cés ne vocalisent pas, et par conséquent, comme pour
les approches précédentes (visuelles ou télémétrie), seule
une partie de la population sera observée.
Fig. 1 : Méthodes d’observations des cétacés