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Le monde acoustique des chauves-souris
La durée des cris diminue à mesure que le prédateur s’ap-
proche de sa proie. Ceci étant pour les espèces qui modu-
lent leurs cris en fréquences. Les Rhinolophes, qui émet-
tent en fréquence constante, détectent par effet Doppler,
mais cette façon de faire ne permet pas une localisation
précise. Les cris de ces espèces comportent une partie
en fréquence constante de 40 à 80 ms qui se termine par
une brève modulation de fréquence de 15 kHz. En appro-
che d’une cible, la fréquence constante s’abrège et seule la
phase finale intervient pour maintenir le contact sonar.
Capture ou atterrissage :
Un acte important fait suite aux
phases précédentes à savoir la capture d’une proie ou l’accro-
chage sur un support. Dans ces situations, le rythme d’émis-
sion atteint 200 cris par seconde. Les signaux sonar sont
de plus en plus brefs, leur fréquence diminue. La distance
diminuant leurs performances restent identiques.
Cris sociaux
Les chauves-souris utilisent aussi les possibilités acousti-
ques pour la communication. Dans ce contexte, une infor-
mation est émise par un animal à l’intention d’autres. Cette
relation se fait à l’intérieur d’une même espèce quand un
mâle cherche à séduire une partenaire. Le message acous-
tique doit porter une marque spécifique pour éviter une
erreur. En revanche, l’intonation d’un cri destiné à intimi-
der un prédateur peut être suffisamment explicite même
si on ne comprend pas les paroles.
Cris de pariade :
Quelques espèces européennes émet-
tent à la période de l’accouplement. La Noctule commune
mâle se place à l’entrée de son gîte et lance des cris longs
en fréquence constante. La structure fréquentielle des cris
d’appel est proche de celle des signaux sonar et se distingue
essentiellement par la durée. Les mâles de certaines espè-
ces de chauves-souris africaines se pendent aux branches
le long de forêts galeries et émettent leurs chants d’appel.
Les femelles vont et viennent devant ces chanteurs, les
meilleurs se taisent rapidement tandis que d’autres conti-
nuent d’appeler.
Relations mère-jeune :
Les cris des jeunes sont souvent
des appels de détresse destinés à la mère. Les jeunes Grands
Murins émettent des cris en fréquence constante. Après
quelques semaines, la structure se modifie progressivement
pour prendre celle des signaux sonar de l’adulte. Les jeunes
Grands Rhinolophes émettent aussi des cris en fréquences
constantes sur 20 kHz comportant des harmoniques sur 40,
60, 80, 100 et 120 kHz. Par la suite, seule la fréquence sur
80 kHz se maintient dans les signaux sonar.
Cris agonistiques :
En vol ce sont essentiellement des
cris sonar qui sont émis. Ces animaux sont individualistes.
Chacun ne chasse que pour lui-même. Un signal sonar a
une fonction bien définie. Cependant un tel cri est perçu par
d’autres chauves-souris qui ne peuvent pas l’exploiter en tant
que tel mais il est perçu comme indice acoustique. Nous
savons que les signaux sonar sont adaptés au comporte-
ment. Ainsi une chauve-souris est informée de ce que font
les autres, en particulier si des proies sont capturées. Des
captures nombreuses informent sur la richesse des ressour-
ces alimentaires. Dans ce type de situation, des cris de
possession du territoire de chasse sont émis.
Conclusion
Le monde acoustique des chauves-souris apparaît dans
une grande richesse. Dans l’état actuel de nos connais-
sances, qui évoluent chaque jour, on peut connaître le
comportement et la plupart des espèces sans que l’ob-
servateur perturbe l’observé. Comme il s’agit d’ultrason,
une technologie est nécessaire pour une transcription en
images sonores ou graphiques. Le résultat dépend de la
technologie utilisée qui doit être bien maîtrisée pour limi-
ter les erreurs d’interprétation.
Oreillard sp (Lagny) © Christian Maliverney