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Le liage de sons successifs par le système auditif
Le panneau (a) de la figure 4 montre les résultats obtenus
chez sept sujets pour des séquences assez lentes (durée
des stimuli : 300 ms; durée du silence inter-stimuli : 500
ms) avec I = 650 cents. On voit que chez chaque sujet,
quand
Δ
a varié de 50 à 250 cents, d’ a d’abord augmenté
puis diminué. Nous avons ajusté aux données moyennes,
représentées par des cercles dans le panneau (b) de la
figure 4, une fonction continue de la forme :
d’ = a
⋅ ∆
b
⋅
exp (
−
c
∆
),
(1)
où a, b et c constituaient trois paramètres. La courbe tracée
dans le panneau (b) est le meilleur ajustement trouvé. Cette
courbe atteint son maximum pour
Δ
= 117 cents.
Le panneau (c) de la figure 4 montre les résultats obtenus
chez quatre sujets pour des séquences nettement plus
rapides (durée des stimuli : 100 ms ; durée du silence
inter-stimuli : 100 ms) avec I = 1 000 cents. Une fonction
du type défini par l’équation (1) a de nouveau été ajustée
aux données moyennes, et le meilleur ajustement trouvé
est tracé dans le panneau (d). La courbe atteint son maxi-
mum pour
Δ
= 122 cents, ce qui ne diffère pas significa-
tivement du résultat précédent.
Dans d’autres conditions expérimentales, nous avons à
nouveau trouvé que la valeur optimale de
Δ
pour la tâche
up/down est environ 120 cents. Au total, l’ensemble des
données permet donc de penser que les FSD répondent
maximalement à des changements de fréquence d’en-
viron 120 cents (soit 0,1 octave), au moins dans des
séquences lentes ou modérément rapides. Ceci n’est
vrai, cependant, que si chaque sous-ensemble de FSD
ne répond pas (ou répond très peu) aux changements
de fréquence évoquant une réponse maximale de l’autre
sous-ensemble.
Fig. 4 : Résultats d’une recherche de Demany, Pressnitzer,
et Semal [9]. Voir le texte pour des commentaires.
Dans le panneau (a), les sept symboles non connectés
et encadrés par un rectangle représentent les
performances des sujets dans la tâche présent/absent.
La mémoire auditive exploitée par les FSD
Il paraît probable que les FSD se situent dans le cortex
auditif. En tout cas, leur emplacement n’est certainement
pas très périphérique. En effet, lorsque la tâche up/down
est effectuée avec un accord de sons purs présenté seule-
ment à l’oreille gauche et un son pur T présenté seule-
ment à l’oreille droite (vice-versa), les performances
sont à peine inférieures à celles qui sont trouvées quand
l’accord et T sont présentés à la même oreille [10, 11].
Par ailleurs, si T n’est plus un son pur mais est remplacé
par du bruit large-bande à chaque oreille, en manipulant
les relations de phase inter-aurales de façon à ce que le
stimulus évoque malgré tout, grâce au système binaural,
une sensation de hauteur tonale similaire à celle qui est
évoquée par un son pur, les FSD semblent encore capa-
bles d’intervenir : la tâche up/down se révèle à nouveau
plus facile que la tâche présent/absent [11].
Une autre raison de penser que les FSD sont corticaux
est qu’ils apparaissent capables de relier deux sons purs
séparés par plusieurs secondes, ce qui fait nécessaire-
ment intervenir une forme élaborée de mémoire. La figure 5
montre les performances de quatre sujets dans une tâche
up/down pour diverses durées du silence suivant l’accord
et précédant T (0.5, 1, 2, 4, et 8 s). Sont également repré-
sentées ici, pour les mêmes sujets et les mêmes accords,
les performances obtenues dans la tâche présent/absent
quand le silence dure 4 s (la seule durée testée pour la
tâche présent/absent, dans cette expérience). On voit que
les performances dans la tâche up/down ont décliné quand
la durée du silence augmentait, mais que cette tâche est
demeurée plus facile que la tâche présent/absent pour
un silence de 4 s.
Fig. 5 : Effet de la durée du silence séparant l’accord du son
T subséquent dans une tâche up/down [5]. Cet effet
a été mesuré chez quatre auditeurs. La performance
des mêmes auditeurs dans la tâche présent/absent
correspondante a également été mesurée.
La mémoire sensorielle auditive est multiforme [12]. C’est une
forme
implicite
de mémoire auditive que doivent exploiter
les FSD puisque cette mémoire se manifeste par la rétention
de stimuli pourtant non-perçus consciemment. La mémoire
en question doit cependant différer de la mémoire auditive
implicite qui se manifeste dans des effets perceptifs dits