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La réglementation
Le chef d’établissement a l’obligation de procéder à l’évalua-
tion des risques auxquels sont exposés les salariés et d’ef-
fectuer une mise à jour régulière de cette évaluation. En ce
qui concerne l’exposition au bruit, l’évaluation est réglemen-
tée pour deux grandeurs : le niveau de pression acoustique
de crête et le niveau d’exposition quotidienne au bruit.
Les niveaux obtenus pour ces deux grandeurs doivent
être comparés à deux valeurs limites déclenchant l’ac-
tion, la première dite valeur inférieure et demandant le
déclenchement d’une série d’actions de prévention et la
seconde dite valeur supérieure demandant le déclenche-
ment d’une autre série d’actions plus sévères.
Les niveaux obtenus doivent également être comparés à
des valeurs limites d’exposition ne devant en aucun cas
être dépassées. Ces valeurs limites d’exposition tiennent
compte de l’atténuation apportée par le port de protec-
teurs auditifs. Ce n’est pas le cas en centres d’appels télé-
phoniques et cette particularité de la réglementation ne
sera donc pas développée.
Pour le niveau de pression acoustique de crête, les valeurs
limites inférieures et supérieures déclenchant l’action sont
fixées respectivement à 135 et 137 dB(C). La valeur limite
est fixée à 140 dB(C). La puissance acoustique d’un casque
téléphonique est trop faible pour atteindre de tels niveaux car
tous les casques se conforment à la législation du Royaume
Uni qui impose de ne pas dépasser 118 dB (Department of
Trade and Industry Specification 85/013, 1989).
Pour l’exposition quotidienne au bruit, les valeurs limites
inférieures et supérieures déclenchant l’action sont fixées
respectivement à 80 et 85 dB(A). La valeur limite d’expo-
sition est fixée à 87 dB(A).
Méthodologie de mesure
La mesure de l’exposition quotidienne au bruit doit être
faite suivant la norme harmonisée NF S 31084
1
« Méthode
de mesurage des niveaux d’exposition au bruit en milieu
de travail ». Cette norme prescrit pour la mesure de la
pression acoustique l’utilisation de sonomètres ou d’ex-
posimètres. Bien entendu ces appareils ne sont pas utili-
sables pour des travailleurs au casque. La réglementation
n’ayant donc pas explicitement prévu la mesure sous un
casque, il faut définir une méthodologie originale en s’ap-
puyant sur d’autres normes.
Une méthode de mesure a été proposée en 2001 par l’INRS
[1]. Elle impliquait l’utilisation d’un simulateur d’oreille de
type B&K 4152 conforme aux caractéristiques de l’ITU-
T-P57 [2]. Cette recommandation ITU a été spécifique-
ment établie pour la mesure audiométrique et les domai-
nes associés, elle n’est donc pas prévue pour les mesures
sous un casque. Depuis, le LNE
2
a contesté cette métho-
dologie à partir d’une argumentation convaincante [3].
Et une nouvelle norme, l’ISO 11904-2 [4], s’appliquant
spécifiquement à ce type de mesure et à laquelle l’INRS
a d’ailleurs contribué, a été éditée en 2004. Elle prévoit
l’utilisation d’un mannequin à la place de l’oreille artificielle.
Le mannequin doit être conforme à l’ITU-T-P58 [5] et être
équipé d’une oreille élastomère de type 3.3 et d’un simu-
lateur d’oreille occluse.
1- Remplacée, en 2009, par l’ISO 9612:2009 (« Acoustique -- Détermination
de l’exposition au bruit en milieu de travail -- Méthode d’expertise ») qui
reprend l’essentiel de la norme française NF S 31084. Ceci ne sera effectif
réglementairement que lorsqu’un arrêté du 19/07/2006 sera lui-même remplacé
ou modifié (prévu début 2010).
2- Laboratoire National de métrologie et d’Essais.
Évaluation de l’exposition sonore des opérateurs
de centres d’appels téléphoniques
Nicolas Trompette
Laboratoire «Réduction du Bruit au Travail»
INRS
Rue du Morvan
CS 60027
54519 Vandœuvre les Nancy CEDEX
Tél. : 03 83 50 85 64
Fax : 03 83 50 20 93
E-mail : nicolas.trompette@inrs.fr
Résumé
Les opérateurs des centres d’appels sont au téléphone pendant 20% à 80% de leur
temps de travail. L’organisation des centres d’appels en plateau ouvert et le grand
nombre de conversations se déroulant au même moment induisent souvent un bruit
de fond élevé. Ce bruit de fond conduit-il à des réglages de postes téléphoniques
à niveau élevé et donc à un risque d’exposition au bruit des opérateurs ? Cette
question a été posée à l’INRS à de multiples reprises. La mesure de cette exposition
sonore est techniquement difficile car le bruit (les conversations) est délivré par le
casque directement dans le conduit auditif de l’opérateur. Cet article effectue d’abord
un bref rappel sur la réglementation puis propose une méthodologie de mesure et
enfin présente les résultats d’une campagne menée dans une vingtaine de centres
d’appels téléphoniques.
Cet article est tiré du numéro spécial d’ECHO-BRUIT consacré aux Centres d’appel
(n°126, septembre 2009). ECHO-BRUIT est le magazine de l’actualité
de l’environnement sonore publié par le Centre d’information et de documentation
sur le bruit.